L’évolution des Technologies de

l’Information et de la Communication :

Impact sur l’audit financier

 

 Par : Mohamed Lassâad BORGI

Expert comptable membre de l'OECT

 

 

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Les technologies de l’information et de la communication peuvent être définies comme « étant l’ensemble des technologies informatiques et de télécommunication permettant le traitement et l’échange d’informations et la communication construite autour de l’ordinateur et du téléphone »[1].

Ces technologies touchent de plus en plus les entreprises en Tunisie. En effet, ces dernières sont devenues de plus en plus informatisées et beaucoup d’entre elles ont mis ou sont en cours de mettre en place des progiciels de gestion intégrée, dénommés aussi E.R.P (Enterprise Resource Planning) dont à titre d’exemple : SAP, JDEdwards, Oracle, etc.

Par ailleurs, la nouvelle technologie de l’Internet va certainement devenir, dans un proche avenir, l’une des préoccupations majeures de nos entreprises tunisiennes et ce, compte tenu des phénomènes de globalisation et de libéralisation ainsi que de l’émergence de la nouvelle économie.

Cette évolution de l’informatique, aussi bien au niveau du hardware que du software, et sa pénétration dans tous les domaines de l’entreprise est, sans doute, spectaculaire.

En effet, les systèmes informatiques actuels permettent de plus en plus :

  • une mise à jour et un partage des données en temps réel,

  • une intégration des systèmes d’information financiers et opérationnels (ERP : Entreprise Resource Planning),

  • des échanges économiques intéractifs de l’entreprise, non seulement avec les clients, mais aussi avec les fournisseurs (E-commerce, E-business, etc.)

Toutefois, cette évolution a augmenté considérablement la dépendance des entreprises envers leurs systèmes informatiques et a affecté leurs systèmes comptables et de contrôle interne. Nous en citons, essentiellement, la dématérialisation tendant à devenir totale (zéro papier) de la transaction et par suite, de la preuve (Absence de documents d’entrée, absence de systèmes de références visibles, absence de documents de sortie visibles).

Parallèlement, ce développement de l'informatique augmente, dans des proportions importantes, la vulnérabilité du système d'information et engendre pour l'entreprise de nouveaux risques qu'elle est appelée à maîtriser. Ces risques touchent aussi bien la fonction informatique que les traitements automatisés.

Face à ce nouveau contexte, les auditeurs financiers ne peuvent plus ignorer le phénomène de l’informatisation des entreprises devenue de plus en plus complexe. S’ils ont estimé, au départ, qu'il fallait traiter l'informatique à part, ils sont convaincus, aujourd'hui, que l'informatique devrait être intégrée dans leur démarche professionnelle et dans chacune de leurs préoccupations.

Ainsi, l’approche d’audit, que nous avions l’habitude d’adopter dans nos entreprises tunisiennes, devrait répondre à ce nouveau contexte et aux risques nouveau-nés.

Cette mise à niveau de l’approche d’audit est une préoccupation majeure et d’actualité des organismes professionnels dans le monde et des cabinets internationaux. C’est ainsi que les organismes professionnels n'ont pas manqué d'apporter et de mettre à jour les lignes directrices et le minimum de diligences dans le cadre d’un audit dans un milieu informatisé et que les cabinets internationaux ont développé des méthodologies appropriées et ont fait de gros investissements pour adapter les approches d’audit à un environnement devenu de plus en plus complexe.

Parallèlement, la législation, la jurisprudence et la doctrine à l’échelle internationale se sont enrichies de  règles nouvelles destinées à réglementer et à contrôler certains aspects des systèmes informatisés.

Par ailleurs, ce nouveau contexte implique, de la part de l’auditeur, un minimum de connaissances en matière informatique. Ceci n'écarte pas, bien sûr, la possibilité du recours à des spécialistes en cas de besoin.

Ainsi, la question qui se pose est de savoir comment ces nouveaux aspects informatiques sont pris en compte dans la démarche de l’audit financier ? Et quelles sont les évolutions nécessaires des pratiques en la matière en Tunisie ?

Pour  répondre à cette problématique, ce mémoire sera structuré en deux parties :

·      La première partie sera consacrée à l’étude de l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur le système comptable et les contrôles internes de l’entreprise ainsi que sur l’audit financier. Elle traitera aussi les principales réactions des législations et des organismes professionnels en la matière.

L’objectif de cette partie est de mettre en exergue les enjeux informatiques complexes et de montrer l’importance que revêt désormais l’audit informatique dans le processus de l’audit financier.

·      La deuxième partie sera consacrée à la détermination du besoin de recours à l’audit informatique dans une mission d’audit financier, à l’étude des rôles qui lui sont dévolus et à une présentation de la démarche correspondante à suivre. Seront aussi traitées, les principales évolutions prévisibles des pratiques en la matière en Tunisie.

L’objectif de cette partie est de présenter la manière avec laquelle s’intègre l’audit informatique dans les différentes étapes de l’audit financier et d’anticiper le développement futur de l’audit informatique en support à l’audit financier.

Aussi, faut il indiquer que le présent mémoire ne traite pas les aspects suivants :

  • Description détaillée des impacts de chaque nouvelle technologie sur le système comptable et les contrôles internes : uniquement les domaines touchés sont traités. Des exemples ont été  fournis à titre indicatif.

  • Description détaillée des contrôles à mettre en place par l’entreprise pour couvrir les nouveaux risques engendrés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

  • Description détaillée des tests à entreprendre par l’auditeur pour la validation des contrôles clefs associés aux contrôles généraux informatiques et aux contrôles d’application.

  • Conception des techniques d’audit assistées par ordinateur et description de la démarche de leur utilisation.

  • Les problèmes comptables qui peuvent surgir de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (exemples : l’impact de l’environnement informatique sur la continuité d’exploitation, la comptabilisation des revenus, l’estimation des provisions pour dépréciation clients pour les ventes via le Web, la comptabilisation du coût de développement des applications, la comptabilisation du coût des recherches et des développements touchant par exemple l’Internet, etc.).

 

 


[1] Abderraouf YAICH, « La profession comptable et les nouvelles technologies de l’information et de la communication », La Revue Comptable et Financière RCF N°53, Troisième trimestre 2001, Page 17.