UNIVERSITE
DE SFAX POUR LE SUD
Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion de Sfax
(F.S.E.G)
Commission d’Expertise Comptable
Mémoire en vue de l'obtention du
diplôme d'expertise comptable
Sujet :
Les métiers de l'expert-comptable dans le contexte des
nouvelles technologies de l’information et de la communication :
De l'étude d'impact à l'organisation de la réaction
Préparé par :
Sofiane
GARGOURI
Dirigé par :
M. Abderraouf YAICH
ANNEE UNIVERSITAIRE 2002 – 2003
Sommaire :
PARTIE PREMIERE : Impact des nouvelles
technologies sur les métiers de l'expert-comptable
CHAPITRE PREMIER : REMODELAGE DE L'OFFRE
CLASSIQUE
section 1 :
reengineering des missions d'expertise
§1. La montée en puissance des ERP
§2. Les possibilités offertes par
l'extranet
§3. Les promesses du modèle ASP
section 2 :
amélioration de l'efficience et de l'efficacité des prestations d'audit
§1. Les dossiers de travail
électroniques
section 3 :
migration des activités de conseil vers le web
§1. Les modèles de conseil en ligne
§2. Les procédures de télédéclaration
§3. L'externalisation des tâches
administratives
§4. Mise à disposition de bases
documentaires internes
§5. Formation continue et enseignement
sur le Web
CHAPITRE DEUXIEME : LES NOUVELLES
MISSIONS
section 1 : les
nouvelles missions d'expertise
sous-section 1
: développement de critères non financiers de mesure de performance
§1. Portée et utilité de ces critères
§2. Les principaux efforts de
recherche
§3. Les opportunités de services
professionnels
§2. La position des normes comptables
en vigueur
§3. Les opportunités de services
professionnels
section 2 : les
nouvelles missions d'opinion
sous-section 1
: la certification des opérations de commerce électronique : la mission
webtrust
§2. Les principes et critères WebTrust
§3. Conduite d’une mission WebTrust
sous-section 2
: la certification de la fiabilité des systèmes d'information : la mission
systrust
§2. Les principes et critères SysTrust
§3. Conduite d'une mission SysTrust
§4. Comparaison entre une mission
SysTrust et une mission WebTrust
sous-section 3
: le nouveau concept d'assurance permanente
§1. Définition et origines du concept
§2. Préalables à la mise en œuvre du
concept
section 3 : les
nouvelles missions de conseil
§1. Définition et champ d'application
§2. Conduite d'une mission de
Technology Consulting
§1. Définition et champ d'application
§2. Conduite d'une mission de
Technology Risk Management
PARTIE DEUXIEME : Une approche
professionnelle pour l'intégration des nouvelles technologies
CHAPITRE PREMIER : LES AXES STRATEGIQUES
section 1 :
surveiller et anticiper la demande du marché
§1. Importance de la satisfaction
client
§4. La perception de la relation
client
§5. Gestion de la Relation Client
§6. La prospection des clients
potentiels
§7. Mieux que prévoir la demande, l’influencer
section 2 :
actualiser les connaissances et les compétences
§1. La compétence : principal atout de
la profession
§2. La vraie portée de la
désintermédiation
§3. Quelles-sont les compétences de
base des experts-comptables ?
§5. L'importance de l'auto-formation
§6. Les nouveaux outils de gestion du
savoir
CHAPITRE DEUXIEME : MISE EN ŒUVRE
DE LA STRATEGIE
section 1 :
infrastructure et organisation du cabinet
§1. L’architecture du système
d'information et l’organisation du cabinet
§2. Les outils de groupware et de
workflow
§3. Les outils de communication :
la trilogie Internet, intranet et extranet
§5. La culture NTIC au sein du cabinet
§6. Les nouvelles façons de travailler
section 2 : les
nouveaux modèles d’affaires
§2. L'externalisation et la
sous-traitance
section 3 :
rôle des instances professionnelles
§3. Formaliser les missions et les
compétences
§4. Mettre en
place la formation
continue et la
certification des compétences spécialisées
§5. Identité et perception de la
profession
section 4 :
rôle de l’université
§2. Intégrer les
technologies de l'information
et de la
communication dans les examens
§3. Multiplier les passerelles vers le
diplôme d'expertise comptable
S’il est un phénomène
singulier qui marque cette transition du vingtième au vingt-et-unième siècle,
c’est incontestablement l'irruption des technologies de l’information et de la
communication. Celles-ci investissent rapidement tous les aspects de la vie
économique et sociale. Les téléphones portables, récepteurs satellite et
téléviseurs numériques, lecteurs DVD-Rom et modems deviennent des acteurs
incontournables de notre vie quotidienne. Internet est pour cette révolution
numérique un véritable catalyseur. Fédérant toutes les technologies et porté par un
ensemble de concepts idéologiques tels que la
mondialisation, la globalisation de l'économie et la société de l'information,
Internet connaît un essor fabuleux. De 100 millions en 1998, la population
mondiale connectée est passée à 580 millions à la fin 2002[1]. On
estime que la barre de 1 milliard de personnes connectées sera franchie avant
2005[2].
La profession comptable n'est pas en reste
par rapport à cette révolution. Les technologies de l’information et de la
communication constitueront, de l’avis de tous les chercheurs et les
praticiens, le principal vecteur de changement en comptabilité au cours de la
prochaine décennie. La nouvelle économie est celle de l’information. Pour une
profession dont la matière première et le produit fini sont justement de
l’information, les enjeux ne peuvent être qu’énormes.
L'impact des technologies de l’information
et de la communication sur la profession comptable peut être étudié par
référence à la triptyque de l'exercice professionnel : les clients, les métiers et les
ressources humaines.
Les clients :
Au sein d'une économie
mondiale recherchant plus que jamais l'efficience sous la pression de marchés
financiers de plus en plus exigeants et interdépendants, le commerce
électronique fait désormais figure de maillon indispensable. Neutralisant
quasiment tous les obstacles à la communication vendeur – acheteur (notamment
géographiques et temporels), Internet permet au premier de s'adresser à une
clientèle mondiale et au second de jouir de l'éventail de choix le plus large
possible. Alors qu'il permet au professionnel comptable de s'adresser à une
clientèle plus large, Internet donne naissance à une nouvelle génération de
clients plus avisés et donc plus exigeants.
Par ailleurs, la
focalisation sur les clients est l'un des principaux fondements des nouveaux
modes d'organisation et des modèles d'affaires innovants.
Les métiers :
L'explosion des technologies de
l’information et de la communication sonne la fin des monopoles ; et ce dans
deux mesures :
D'un coté, l'imbrication et l'ouverture des systèmes d'information font que la profession comptable n'a plus l'exclusivité sur certaines prestations notamment dans le domaine du conseil.
D'un autre coté, le gap concurrentiel entre
petits et grands cabinets s'érode sous l'effet des valeurs montantes de la
nouvelle économie (rapidité, réactivité, créativité, personnalisation, etc.).
La limitation des monopoles, relayée à
l'échelle de l'entreprise par la désintermédiation, met à mal les métiers les
moins qualifiés et pousse les professionnels à se spécialiser et à s'organiser
en noyaux de compétence et en réseaux de prestataires complémentaires. Le
remodelage des métiers classiques par la technologie opère un clivage entre les
professionnels et pousse ces derniers à prendre en main leur formation et à
rechercher en permanence de nouvelles compétences. Les nouvelles technologies
n'ont pas manqué de générer au profit de la profession comptable de nouvelles
opportunités de service.
Les ressources humaines :
Dans cette ère du savoir, les ressources
humaines sont encore plus importantes qu'elles ne l'ont jamais été. Le savoir
se renouvelle à un rythme tellement soutenu que des gaps sont très vite creusés
entre les nations et les hommes selon la capacité des uns et des autres à
suivre la cadence. La formation devient aujourd'hui un acte volontaire et
conscient. La valeur des hommes ne se limite plus aux diplômes. Elle est
davantage dans l'expérience et la capacité à se former[3]. Par
ailleurs, la transparence et l'ouverture des systèmes d'information exigent
du personnel des cabinets d'expertise comptable une grande maturité, de
l'autodiscipline, un fort sens de l'éthique et des responsabilités et créent un
biais technologique favorable aux personnes les plus qualifiées[4].
De ces trois éléments, les métiers est
l'élément auquel ce travail s'adresse en priorité. En effet, c'est l'élément
qui détermine l'identité de la profession et sa perception par les clients et
les ressources humaines. Il s'agit simplement du patrimoine de la profession.
Au regard de leur
métier de base, la mainmise des comptables sur l’enregistrement et la
présentation des transactions économiques est de plus en plus contestée. Les
ERP[5]
permettent de générer automatiquement plus que 90% des écritures comptables.
Les fournisseurs d’applications hébergées[6]
mettent les logiciels comptables et de bureautique à la portée de tous les
internautes. Par ailleurs, dans un environnement hautement informatisé où les
entreprises sont capables d’arrêter leurs comptes quatre fois par an voire
davantage dans des délais toujours plus courts[7],
le processus d’audit traditionnel souffre de problèmes d’efficience et de
pertinence. Enfin, dans un marché du conseil caractérisé par la diversité
grandissante des fournisseurs potentiels et l’importance accrue des compétences
en informatique, les experts-comptables sont plus que jamais exposés à la
concurrence.
D'un autre coté, la mise en place et l'intégration de
systèmes d'information et de communication, l'internationalisation des
entreprises et des transactions, le développement du commerce électronique, la
surabondance et le besoin de contrôle des flux d'information sur le Net ainsi
que les nouveaux besoins d'information (gouvernance, mesure de performance,
capital intellectuel, etc.) présentent des réserves extraordinaires de travail
pour les experts-comptables.
Paradoxalement,
l’étude des difficultés qui se posent à la profession comptable à l’aube de
cette nouvelle ère nous amène à évoquer d’importantes opportunités de
développement. C’est qu’un défi sans précédent se présente aujourd’hui à la profession
: Créer de nouveaux mécanismes et modèles de présentation de l’information
d’affaires[8]
et de nouveaux services de certification et de conseil à forte valeur ajoutée
pour répondre aux besoins des acteurs dans la nouvelle économie et défendre la
position privilégiée dont la profession jouissait auprès de
l’"ancienne" économie.
Quelle est l'ampleur
de ce défi ? Quel effet les technologies ont-elles sur les métiers de
l'expert-comptable ? Quels sont les services que celui-ci doit proposer aux
entrepreneurs de la nouvelle économie ? Doit-il se laisser porter par les
vagues successives de changement ou bien se décider à réagir ? Si une réaction
s'impose, comment l'organiser ? Comment la conduire ? Quelles sont les
difficultés qui pourraient surgir ?…
En essayant de répondre à ces questions, ce
travail poursuit principalement les objectifs ci-après :
§
Montrer l'importance de l'impact des
technologies de l'information et de la communication sur les métiers de
l'expert-comptable et mettre en relief le défi que représente pour la
profession la montée en puissance de ces technologies ;
§
Soutenir la nécessité d'une réaction de la
profession visant à maîtriser les nouvelles technologies et à saisir les
opportunités qu'elles offrent et engager la réflexion sur la consistance et
les modalités possibles de cette réaction.
Ainsi, la première
partie du mémoire sera consacrée à l'étude de l'impact des technologies sur les
métiers de l'expert-comptable. On s'intéressera dans un premier chapitre à la
manière dont les missions traditionnelles sont remodelées par les tendances
technologiques. Le deuxième chapitre traitera des nouvelles missions
développées pour répondre aux besoins d'un environnement économique fortement
imprégné par les technologies de l'information et de la communication.
La deuxième partie consistera en une
réflexion sur l'attitude que la profession devrait adopter face à l'irruption
des nouvelles technologies. Dans un premier temps, cette attitude sera abordée
sous un angle stratégique. Deux axes stratégiques seront alors développés
concernant respectivement les clients et les compétences. Ensuite, nous
proposerons des repères pour le développement en pratique de ces axes.
La réflexion sera enrichie par trois
entretiens avec un universitaire et deux praticiens dont le Président du
Conseil de l'Ordre des Experts-Comptables de Tunisie. Ces entretiens figurent
en annexes à ce mémoire (annexes 1 à 3).
Enfin, en raison de
l'importance des progrès que la Tunisie doit encore faire dans le domaine des technologies
et de l'étroitesse du marché tunisien des systèmes d'information et de
communication, il faut préciser que la valeur de ce travail est avant tout
prospective.
La première partie
de ce travail est consacrée à l'étude de l'impact des technologies de
l'information et de la communication sur les métiers de l'expert-comptable. Ces
derniers seront à cet effet subdivisés en trois familles :
§
les missions d'expertise : tenue et
assistance comptables et généralement toutes les prestations visant la mesure
et le reporting des événements concernant l'entreprise
§
les missions d'opinion : celles qui
requièrent un avis professionnel et dans lesquelles l'expert-comptable joue un
rôle de garant entre émetteurs et utilisateurs de l'information
§
les missions de conseil : l'ensemble des
prestations portant assistance du client dans l'un des divers domaines de la
gestion
Cette étude sera abordée sous les deux
angles suivants :
1)
La manière dont les missions
traditionnelles sont remodelées par les tendances technologiques. Cette étude
fera l'objet d'un premier chapitre.
2)
Les nouvelles missions développées pour
répondre aux besoins d'un environnement économique de plus en plus dominé par
des technologies performantes. Ces missions seront présentées dans un deuxième
chapitre.
Le premier effet des technologies de
l'information et de la communication est la modification de la manière dont les
missions traditionnelles sont offertes et conduites. Les missions
traditionnelles recouvrent celles qui font appel aux compétences les plus
élémentaires des experts-comptables : tenue et assistance comptables, audit des
états financiers et conseil en fiscalité et en management. Dans ce chapitre,
nous essayerons de présenter les nouvelles technologies appliquées à ces
missions. Nous aborderons dans un premier temps le reengineering des missions
d'expertise (Section 1), ensuite l'amélioration de l'efficience et de
l'efficacité des prestations d'audit (Section 2) et enfin la migration des
activités de conseil vers le Web (Section 3).
La
poursuite des nouvelles sources d'avantage concurrentiel que sont la rapidité,
la réactivité et la personnalisation nécessite le passage d'une structure
pyramidale rigide à une organisation souple en réseaux (multiples liaisons
transversales et informelles) et donc la reconfiguration des connexions entre
les activités pour court-circuiter les étapes superflues. C'est la
désintermédiation qui peut être définie comme « un processus de suppression des
tâches sans valeur ajoutée (par exemple les tâches à coût non justifié pour le client
interne ou externe) dans les processus de l'entreprise »1.
L'imputation et la
saisie comptables sont l'exemple type de ces tâches répétitives inutiles pour
les process d'affaires. Alors que faut-il en faire ? Trois tendances se
dégagent :
-
Confier ces tâches à
l'informatique. A partir des événements de gestion, les ERP génèrent
automatiquement les ventilations comptables en fonction des règles prédéfinies
par les utilisateurs.
-
Externaliser ces
tâches. Les nouveaux modes et techniques de communication permettent
d'externaliser à moindre risque et à moindre coût l'imputation et/ ou la saisie
comptables.
-
On peut garder ces
tâches au sein de l'entreprise en réduisant au strict minimum le coût et la
perte de temps y relatifs. Cette solution intermédiaire ne permet pas d'écarter
l'imputation et la saisie comptables aussi franchement que les deux premières.
L'étude sera donc limitée au concept le plus innovant et le plus prometteur :
l'ASP.
Dans les paragraphes
suivants, nous explorerons ces tendances en mettant l'accent sur leur impact
sur les missions de tenue et d'assistance comptables. Nous aborderons
respectivement la montée en puissance des ERP (§1), les possibilités offertes
par l'extranet (§2) et les promesses du modèle ASP (§3).
L'abréviation ERP désigne Enterprise
Resource Planning. L'équivalent en français de cette expression est
"progiciel de gestion intégré". Selon le "Petit glossaire de
l'échange électronique de données" de Claude CHIARAMONTI[9] : «
les ERP constituent une famille de programmes qui intègrent, en un ensemble
cohérent, différentes fonctions de gestion informatisée d'une entreprise :
gestion des ressources humaines, gestion financière, commerciale, gestion des
achats, des ventes, gestion comptable, etc. » Comme leur nom l'indique, les ERP
visent la mise en œuvre d'une intégration transversale de l'information au sein
de l'entreprise. En effet, « ils sont construits autour d'une base de données
(ou plusieurs bases de données étroitement liées) de telle façon que toutes les
données concernant l'entreprise soient accessibles et exploitables par les
différents modules composant le progiciel »[10]. Souvent, la mise en place d'un ERP est perçue comme
le prolongement naturel d'une approche BPR.
Au nombre des modules
composant un ERP figure bien évidemment un module comptable qui extrait de la
base les données qui le concernent et les interprète pour générer les
imputations comptables. Profitant des évolutions successives et rapides connues
par les logiciels comptables (saisie semi-automatique, maquettes de saisie pré
paramétrées, etc.), les ERP permettent aujourd'hui de générer automatiquement
près de 100% des écritures comptables des entreprises qui les choisissent.
L'avènement des ERP repousse le rôle de
l'expert-comptable vers les extrémités de la chaîne de traitement de
l'information :
En
amont : Profitant de ses larges connaissances en
comptabilité et en gestion, l'expert-comptable "apprend" à l'ERP les
règles de contrôle interne et d'imputation comptable applicables à un événement
donné. C'est ce qu'on appelle le paramétrage : un préalable qui conditionne
dans une grande mesure la fiabilité du système et surtout l'intégrité des
traitements. Les interventions de paramétrage sont sollicitées tant par les
sociétés de service informatique qui développent les progiciels que par leurs
clients qui ont besoin d'adaptations pour tenir compte de leurs spécificités.
Etant donné leur caractère non récurrent et les compétences non exclusivement
comptables qu'elles mettent en œuvre, nous classerons ces interventions parmi
les missions de conseil (Technology Consulting[11]).
En aval : La fiabilité et
la rapidité du traitement quotidien des données répétitives n'empêche pas les
entreprises de faire appel à l'expérience et au jugement professionnel de
l'expert-comptable lors du processus d'arrêté des états financiers. Les
missions d'assistance et de supervision comptables ne sont pas autant affectées
par le contexte actuel que celles de simple tenue.
La mise en place d'un ERP par le client
implique des changements importants au niveau de la mission d'assistance
comptable. D'abord, l'interconnexion de la base de données comptable avec les
bases de gestion facilite énormément la justification et la régularisation des
comptes clients, fournisseurs et personnel. Ensuite, la tendance à la
dématérialisation des documents et à l'intégration des systèmes d'information
bancaires et administratifs à ceux de l'entreprise facilite la justification et
la régularisation des comptes banque et placements d'un coté et des comptes
Etat et organismes publics d'un autre coté.
En revanche, la
mission d'assistance comptable dans un environnement ERP ne saurait se limiter
aux seuls aspects comptables et devrait s'étendre aux aspects liés :
en particulier à la fiabilité du système d'information
et notamment l'efficacité des contrôles informatisés.
en général au système de contrôle interne y compris les
contrôles non informatisés et l'environnement de contrôle étant donné
l'impact immédiat des faiblesses de contrôle interne sur la comptabilité.
Grâce à un accès facilité au système
d'information (bases de données intégrées incluant les données de gestion,
utilisation éventuelle de solutions de communication), l'expert-comptable
devrait être en mesure d'effectuer des interventions plus fréquentes et plus
ciblées.
L'universalité des protocoles et la
généralisation des infrastructures de communication d'un coté et
l'interopérabilité des systèmes d'information d'un autre coté créent une
multitude de possibilités de communication qui pourraient aider
l'expert-comptable à maintenir son offre de tenue et d'assistance comptables.
Nous pensons ici aux réseaux privés étendus de type extranet.
La disponibilité d’une
offre extranet de la part de l'expert-comptable encouragerait plusieurs
entreprises réticentes à externaliser leurs fonctions comptables. L’essentiel
des réticences se fonde sur la perte du contrôle des informations de gestion et
une liaison extranet contribuerait à dissiper ces craintes. D’une part, il est
plus facile de n’externaliser que quelques aspects de la fonction comptable
(justification, établissement des états financiers, etc.) ou carrément quelques
modules comptables (comptabilité fournisseurs, immobilisations, etc.). D’autre
part, le système d’information peut partiellement rester dans l’entreprise ou
celui du cabinet peut être consulté à partir de l’entreprise autant de fois que
nécessaire. Cet accès mutuel aux données comptables peut comporter ou non des
possibilités de modification, de transfert, etc. Mais en tout état de cause, il
ouvre la voie à de nombreuses possibilités.
Grâce à l'extranet, l'expert-comptable
exploite l’information à la source, sans avoir à se
déplacer. D’ailleurs, il récupère une information partielle qui est
généralement à un stade avancé compte tenu d’un volume de travail plus
important effectué par le client. Les collaborateurs pourront ainsi optimiser
les temps passés sur les missions d’expertise soit en les minimisant (le temps
libre dégagé pourra alors être fructifié dans des missions à plus forte valeur
ajoutée) soit en les consacrant à l’établissement de livrables personnalisés
(tableaux de bord, situations intermédiaires, etc.). L’utilisation de
l’extranet aura permis de dégager un surplus de productivité qui peut servir
tant à la fidélisation des clients actuels qu’à la recherche de nouveaux
clients.
Le fait de
"récupérer" des données procède de la technique "Pull"
(tirer) qui consiste à réclamer des données à un autre programme ou à un autre
ordinateur[12]. Le contraire de
"Pull" est "Push" (pousser), technique par laquelle les
données sont envoyées sans avoir été réclamées. L’application "Push"
probablement la plus ancienne et la plus utilisée est le courrier électronique.
Les termes "Pull" et
"Push" désignent des techniques de communication plutôt que des
technologies informatiques complexes. S'ils sont souvent utilisés pour décrire
les données envoyées par Internet, ils peuvent également l'être dans un
contexte intra ou extranet. Il appartient à l'expert-comptable d'améliorer et
d'enrichir la communication avec ses clients par une utilisation optimale de
toutes les configurations possibles.
Dans ce cadre, à coté
de la technique "Pull" qui gouverne l'accès aux sites Web et aux
extranets du cabinet et du client, l'expert-comptable peut proposer à ses
clients certaines applications de la technique "Push". Une
application simple de cette technique pourrait consister en l'envoi mensuel et
systématique de balances comptables ou de modèles de reporting :
-
par le cabinet au client pour utilisation
interne et/ ou envoi à la société mère si la comptabilité est tenue par
l'expert-comptable ;
-
par le client au cabinet pour vérification
et/ ou compilation si la comptabilité est saisie par le client.
Enfin, il faut souligner que si les
missions d’expertise constituent la première utilisation de l’extranet, il n’en
demeure pas moins vrai que ce dernier peut également servir :
-
les missions d’opinion. Par exemple :
accès en temps réel aux états comptables et aux justificatifs extra-comptables
disponibles sur le réseau privé du client,
-
les missions de conseil. Par exemple :
réponse à des consultations urgentes et/ ou confidentielles de certains clients
sélectionnés.
ASP (Application
Service Provider) est un acronyme anglo-saxon textuellement traduit par
"Fournisseur d’Application Hébergée" (FAH). Il correspond à un modèle
de fourniture de service original où le client loue le droit d’usage du
logiciel du fournisseur et n'est de ce fait plus propriétaire de l’application,
mais uniquement des données. Ce modèle est différent des solutions
d’externalisation ou d’infogérance, où le client achète une licence pour être
propriétaire du logiciel informatique. Véritable révolution du mode de
distribution des applications, l’ASP supprime la frontière entre logiciels et
services, et transforme l’informatique d’entreprise en un outil loué et
externalisé.
Le logiciel
comptable exploité en ASP par l'expert-comptable ou par son client n'est la
propriété ni de l'un ni de l'autre ; ce qui, à l'évidence, procure plus de
souplesse grâce à la haute disponibilité des serveurs Web et des
infrastructures Internet.
Le recours à un ASP
permet à la PME de concrétiser le potentiel de compétitivité face aux plus
grandes que lui apporte la nouvelle économie. En effet, ce modèle permet à la
PME d'accéder à une information fiable en temps réel sans avoir à engager les
coûts exorbitants (infrastructure, ressources humaines et maintenance) d'un
outil informatique adapté aux exigences de la nouvelle économie. Aujourd'hui,
les ERP les plus puissants et les plus connus sont proposés à toutes les
entreprises (généralement, des versions PME sont développées) en mode ASP. De plus,
le mode ASP réduit considérablement les coûts cachés par rapport à un logiciel
acquis puisque le fournisseur est rémunéré par des frais d'accès variables
selon le temps d'utilisation.
Pour
l'expert-comptable dont le client utilise un logiciel en mode ASP, les
avantages sont également multiples :
-
Grande souplesse dans la collaboration avec
le client. De nombreuses possibilités sont envisageables grâce à l'absence des
contraintes de temps et d'espace.
-
Accès en temps réel à la comptabilité pour
des besoins variés : déclarations fiscales, revue des écritures passées par le
client, analyses financières, etc.
-
Les interfaces offertes par les ASP
permettent même aux non-initiés de tenir une comptabilité sans difficulté.
Grâce à la simplicité et à la convivialité de ces interfaces, le temps perdu
inutilement dans la correction d'erreurs de manipulation des logiciels se
trouve limité au strict minimum. Etc.
Afin de bénéficier
de ces avantages, l'expert-comptable est clairement appelé à jouer un rôle de
prescripteur du mode ASP. Pour ce faire, il doit lui-même maîtriser le concept
grâce notamment à une conscience des difficultés juridiques et techniques que
celui-ci pose. A ce jour, en effet, le concept d'ASP demeure associé à
plusieurs secteurs de risque. Selon le document "Enjeux, problématique et
risques ASP"[13], ces
secteurs de risque se rapportent notamment à la propriété et à l'intégrité des
données, à la disponibilité et à la pérennité du service ainsi qu'à la sécurité
et à la confidentialité.
Les logiciels comptables
ne constituent pas la seule application du modèle ASP. Au delà du logiciel de
comptabilité, l'expert-comptable peut prescrire une variété d'outils de gestion
: Gestion de la Relation Client, Gestion de la Chaîne d'Approvisionnement,
Outils de planning et d'analyse financiers, Bases de données fiscales, etc.
L'expert-comptable pourrait lui-même jouer le rôle d'ASP en permettant à ses
clients d'utiliser quelques applications ou logiciels internes au cabinet.
Face aux exigences
grandissantes des investisseurs, des dirigeants et de l'ensemble des décideurs,
l'entreprise est astreinte à produire une information toujours plus actuelle et
plus fiable. A l'évidence, l'auditeur ne peut pas échapper à cette pression. Il
ne peut pas se permettre de retarder la publication des informations
financières auditées car sa réputation de professionnel compétent et efficace
risquerait d'en pâtir.
Dans ce contexte,
l'auditeur se doit d'adapter ses méthodes de travail afin de tenir des délais
compétitifs. Il doit comprendre les systèmes d'information des clients et
mettre en œuvre des outils performants afin d'exécuter ses diligences plus
rapidement et plus efficacement. En l'occurrence, il doit assimiler et
maîtriser les techniques d'audit assisté par ordinateur (CAATs : Computer
Assisted Audit Techniques). Dans les deux paragraphes suivants, nous étudierons
respectivement les dossiers de travail électroniques (§1) et les logiciels d'audit
(§2).
Le
dossier de travail électronique est, comme son nom l'indique, l'équivalent
électronique du dossier de travail manuel. Il s'agit donc d'un ensemble de
fichiers informatiques matérialisant les diligences effectuées par l'auditeur
au cours de sa mission : collecte d'informations, contrôles automatisés
réalisés par l'ordinateur, mémorandums de suivi, comptes rendus, notes de
synthèse, etc. La structure, les procédures de mise à jour et de centralisation
et la responsabilité du dossier de travail électronique sont arrêtées dans le
cadre d'un modèle spécifique à chaque cabinet. C'est ainsi que la plupart des
modèles performants de dossiers de travail électroniques sont développés par et
pour les réseaux internationaux de cabinets d'audit. Par exemple, on peut citer
AWS (Auditor's Workstation) développé pour les membres du réseau Ernst & Young.
L'objectif premier
du dossier de travail électronique est de satisfaire de manière plus efficiente
aux normes professionnelles grâce à une amélioration de la productivité des
collaborateurs. D’un coté, la conception d'un modèle informatisé de dossier de
travail rendrait obligatoire le respect par les collaborateurs des procédures
propres au cabinet. D’un autre coté, le dossier de travail électronique offre
au réviseur un environnement de travail convivial, des feuilles de calcul
automatisées et parfois des guides d'entretien.
La retranscription des dossiers de travail
de l'auditeur sous forme électronique amènerait les adaptations et
améliorations suivantes :
A
– Au niveau du dossier permanent
Les données
recueillies sont exploitées à trois niveaux :
§
La base de données clients : Elle comprend
toutes les informations utiles sur le client : renseignements généraux, informations
sociales, fiscales, juridiques,..etc. Elle est utilisée par toutes les
applications informatiques du cabinet y compris le logiciel d'audit.
§
Les feuilles de travail permanentes : Il s'agit des
feuilles servant à la collecte des informations conservées d'année en année
(fiches de suivi des assemblées générales des actionnaires, feuilles de
description et de suivi des contrats liant l'entreprise à des tiers, etc.). Les
renseignements contenus dans ces feuilles sont ensuite repris automatiquement dans
le dossier annuel en vue notamment du contrôle de l'évaluation des charges
constatées d'avance ou des charges à payer.
§
Les logiciels associés : Des modules
d'aide à la révision des comptes font généralement partie intégrante du dossier
permanent électronique. On peut citer à titre d'exemples les modules gestion
des immobilisations, suivi des contrats de crédit-bail, suivi des emprunts à
moyen et long termes,..etc. Ces modules annexes sont le plus souvent liés au
dossier annuel afin d'être utilisés dans le contrôle des comptes.
B
– Au niveau du dossier annuel
Comme son alter ego
en papier, le dossier annuel (ou dossier de l'exercice) électronique sert à
matérialiser toutes les diligences accomplies par l'auditeur et son équipe tout
au long du processus de révision des comptes. Pour un examen précis des apports
de l'informatique, nous analyserons successivement le dossier général (ou
dossier de synthèse) et le dossier de contrôle
Ce dossier permet à
l'auditeur de suivre le déroulement de la mission avant l'émission de son
rapport. Les apports de l'informatique sont illustrés par les deux exemples
suivants :
§
Au niveau de la
note de synthèse, le superviseur a la possibilité d'ajouter ses
commentaires et remarques en cours de route sans attendre la réunion avec le
réviseur chargé du dossier. Par ailleurs, la note de synthèse est
automatiquement alimentée par les points en suspens, commentaires et
conclusions concernant chaque groupe de comptes.
§
Au niveau du
planning d'intervention, la version électronique présente
l'avantage d'être modifiable en cours de route et transposable d'un exercice
sur l'autre. Mais l'informatisation de ce document ne donne son plein résultat
que lorsque le système d'information permet de consolider tous les plannings à
l'échelle du cabinet et de confronter planification et réalisation.
L'utilisation d'un outil de Workflow devrait favoriser ces fonctionnalités.
C'est la partie du
dossier qui retire le plus d'intérêt de l'informatisation du fait du nombre
important de calculs, de contrôles et d'informations nécessaires à ces travaux.
Vu le nombre important d'applications possibles, nous prendrons les deux
exemples suivants :
§
Les feuilles récapitulatives : Ces feuilles
recensent les soldes des comptes composant un poste des états financiers avec
comparaison de ces soldes avec ceux de l'exercice précédent et ceux avant
audit. L'apport de l'informatique est ici incontestable. En effet, le solde des
comptes évolue au fur et à mesure de l'audit et l'utilisateur a la possibilité
d'en consulter le détail à chaque instant.
§
Les programmes de travail : Ils définissent
tous les contrôles à effectuer au cours du processus de contrôle des comptes.
L'informatisation des programmes de travail permet une adaptation automatique à
la mission concernée. Par exemple, si l'entreprise en question ne possède pas
de valeurs mobilières, il est inutile de proposer au réviseur les contrôles
liés à ce poste. L'utilisateur, en disposant des seuls contrôles utiles est ainsi
plus efficace. Il serait également possible de créer ou modifier des programmes
de travail standard pour les adapter aux exigences du cabinet ou pour concevoir
de nouvelles bibliothèques spécifiques à certaines branches d'activité.
Souvent, les dossiers
de travail électroniques sont intégrés aux logiciels d'audit (assisté par
ordinateur). Dans ce contexte, ces dossiers sont bâtis de manière semblable et
utilisent des outils similaires. Ils tirent également de nombreux avantages des
possibilités offertes par Windows et Office de Microsoft. Les éditeurs de
logiciels d’audit offrent avec leurs logiciels des dossiers de travail standard
que chaque auditeur peut personnaliser selon ses besoins. Enfin, certains
éditeurs proposent des modules complémentaires de dossier d'audit pour
certaines missions spéciales (diligences spécifiques) ou pour certains secteurs
d'activité.
Le recours à un
logiciel d'audit permet d'alléger une partie importante de l'intervention de
l'auditeur ; celle relative à la conception de la stratégie d'audit et des
programmes de travail.
L'idée des logiciels
d'audit est née de deux constatations contradictoires. D'un coté, il est
nécessaire de concevoir des programmes de travail spécifiques et adaptés à
chaque mission. D'un autre coté, ces programmes dépendent d'environnements
souvent similaires et ne peuvent – pour la plupart – échapper à une liste de
tests standard.
Dans ce cadre, il
est nécessaire que l'auditeur définisse la configuration dans laquelle le
programme doit être exécuté ainsi que les fichiers concernés. Moyennant la
saisie d'informations relatives à ses besoins (risque d'audit par exemple), à
l'environnement de contrôle et à son évaluation du contrôle interne, l'auditeur
extrait des bases de données contenues dans le logiciel un programme de travail
adapté à sa mission.
Par ailleurs, les logiciels d’audit sont destinés à faciliter la sélection d’échantillons, les calculs, compilations et autres traitements informatiques complexes requis lors des différentes interventions et notamment pour les procédures d’examen analytique. Ainsi, la plupart des logiciels d'audit intègrent les fonctionnalités suivantes
-
extraction d'enregistrements selon un ou
plusieurs critères ;
-
tri et indexation d'un fichier selon un ou
plusieurs critères ;
-
détection de bris de séquence ou de clés en
double ;
-
échantillonnage systématique ou aléatoire,
par attributs et par unités monétaires ;
-
synthèse des résultats des requêtes :
rapports, diagrammes, etc.
-
création de répertoires, sauvegarde et
restauration de fichiers, etc.
Le logiciel devrait
être capable de reconnaître les codifications informatiques les plus usuelles.
Il serait en effet intéressant de pouvoir exporter les résultats de certaines
requêtes vers un tableur.
Parmi les logiciels
d'audit les plus connus, on peut citer ACL et IDEA.
Grâce à Internet,
l'offre conseil des cabinets d'expertise comptable bénéficie d'un "champ
de couverture" autrement plus étendu qu'auparavant.
Par le passé, cette
offre n'avait que très peu de chance de provoquer une demande de la part du
client si celui-ci n'était pas en présence d'un besoin urgent tel qu'une
défaillance organisationnelle grave. Aujourd'hui, les techniques suggestives de
publication des sites Web (outils multimédia, animations, liens) et les
nouveaux modes de communication (notamment la technique "Push"[15])
rendent cette offre effective. Si cela est valable pour l'expert-comptable, il
l'est également pour son client capable désormais de traiter les problèmes à la
source et d'éviter la gestion des urgences.
La variété des
modes de communication existant sur Internet génère autant de possibilités pour
l'expert-comptable de faire du conseil. Ainsi, plusieurs modèles de conseil en
ligne présentant plus ou moins de similitude avec les modèles d'affaires
traditionnels sont en train de prendre forme[16].
Après avoir décrit ces modèles (§1), nous
procéderons à un exposé des opportunités de faire du conseil via le Web :
procédures de télédéclaration (§2), externalisation des tâches administratives
(§3), mise à disposition de bases documentaires internes (§4) et formation
continue et enseignement sur le Web (§5).
A la faveur des
diverses possibilités de publication et de communication offertes par le Web,
les modèles d'affaires en ligne ne cessent de se proliférer. Nous étudierons
ci-après les principaux modèles de conseil en ligne :
1.1.
Les sites marchands
Ces sites proposent un
échange B to B ou B to C entre un vendeur et plusieurs acheteurs moyennant des
prix clairement affichés. A première vue, ce modèle peut sembler très peu
adapté à des services professionnels. Son utilisation peut néanmoins s'avérer
bénéfique s'il est combiné à une structure physique de support chargée des
aspects personnalisation, assistance administrative et suivi. D'un autre coté,
la clientèle cible doit être clairement identifiée et ne doit différer de la
clientèle traditionnelle que par le supplément d'audience apporté par le Web.
Enfin, ce modèle n'est valable que pour certains produits de conseil assez
standard : livres, revues, études, recueils, bases de données, etc.
1.2.
Les e-marketplaces
Un site de type e-marketplace agit comme un
intermédiaire entre des fournisseurs sélectionnés (en l'occurrence des
experts-comptables ou des cabinets de conseil) et leurs clients potentiels. Il
permet à ceux-ci de formuler des consultations ou de poser des questions
relatives aux sujets qui les intéressent, fait correspondre la demande et
l’offre et propose un support : réponses proposées, profil ou CV du consultant,
offre de prix, délais de réponse, etc. Les revenus de ces sites se composent de
commissions prélevées sur le chiffre d'affaires qu'ils permettent de réaliser
et/ ou de revenus publicitaires.
1.3.
Les sites expert
Ces sites proposent une information de
sources très fiables et des connaissances pointues et de très bonne qualité.
Ces données sont offertes via des forums de discussion professionnels, des
workshops ou des conférences en ligne. Payants ou gratuits, ces services
permettent de vendre des prestations de conseil hautement personnalisées par
téléphone, par courrier ou par Internet. Par exemple, un client peut demander
un entretien confidentiel avec un expert de son choix dans le domaine qu'il
précise. Les services proposés par les sites de type expert sont rémunérés par
des frais d'abonnement (fixes) et/ ou des redevances variables (metered usage),
généralement à la minute.
1.4.
Les portails spécialisés
Ces sites visent une audience ciblée (ou
communauté), créent de nouveaux moyens de communication, agrègent du contenu
(accès gratuit ou payant) et offrent une large palette de services aux clients
potentiels. Les portails spécialisés aspirent à remplacer les portails
généralistes (tels que Yahoo ou Voilà) en tant que page d'accueil de la
population cible sur Internet. En effet, les sites de cette catégorie traitent
quasiment de tous les aspects liés à l'exercice professionnel grâce à des
outils tels que les forums de discussion, les newsletters, les opportunités de
recherche, les bases de données partagées. L'accès à ces ressources peut être
gratuit ou payant. Les éventuels déficits occasionnés par ces services peuvent
être comblés soit par des revenus publicitaires soit par des frais
d'abonnement.
1.5.
Autres modèles
Sur Internet, de nouveaux "Business
Models" sont imaginés chaque jour. Certains principes directeurs sont
toutefois communs à tout modèle développé sur le Net[17] :
-
Ne pas vendre un service, mais une expérience
client : valeur ajoutée, satisfaction, utilité, etc.
-
Rassembler les acteurs et les transactions
sur un même réseau : Business Integration.
-
Tirer parti des changements qui
interviennent dans son environnement économique de manière continue et surtout
plus rapidement que les autres acteurs : l'entreprise réactive.
Enfin, il faut noter
que le portail spécialisé demeure le modèle de conseil en ligne le plus
répandu. Constituant le modèle le plus global, il peut intégrer d'autres
modèles : sites marchands, experts, de type e-marketplace, etc. L'exemple de profiscal.com, un
portail spécialisé en fiscalité destiné au marché tunisien, est édifiant à ce
sujet. Outre les newsletters, les forums et les bases de données partagées qui
sont des outils par excellence du portail, ce site propose des bases de données
à abonnement, des consultations personnalisées, des prestations d'encadrement
académique ou professionnel ainsi que la possibilité de commander en ligne des
ouvrages traitant des diverses branches de la fiscalité.
La dématérialisation des déclarations
fiscales permet la mise en place de procédures de télédéclaration basées sur
les standards de l'EDI ou même sur des formats moins propriétaires issus des
technologies Internet. En Tunisie, la loi des Finances pour la gestion 2001 a
prévu dans son article 57 que le contribuable peut souscrire et déposer ses
déclarations fiscales, acquitter l’impôt et les pénalités y afférentes et
échanger les données et documents utilisés pour l’établissement de l’impôt ou
destinés à l’administration fiscale ou aux services du recouvrement de l’impôt par
des moyens électroniques fiables. Depuis avril 2002, le centre informatique
du Ministère des Finances mène la phase expérimentale pilote du site de
télédéclaration e-tasrih[18] qui
offre à un échantillon représentatif de contribuables les services suivants :
-
Prise en charge des éléments de la
déclaration ;
-
Liquidation automatique assistée des impôts
et taxes ;
-
Règlement des montants dus par
télé-paiement (ordres de prélèvement) ;
-
Edition de formulaires ;
-
Suivi par le contribuable adhérent des
paiements effectués.
Tous ces services sont accessibles dans un
environnement sécurisé. Ainsi, pour assurer l’intégrité, la confidentialité et
la non répudiation des données, le site utilise un système de cryptage basé sur
l'acquisition de certificats électroniques. Au cours de la phase expérimentale,
ces certificats sont à acquérir auprès de l'ANCE (Agence Nationale de
Certification Electronique).
Les procédures de télédéclaration sont
destinées à faciliter l'accomplissement par les contribuables de leurs
obligations fiscales. Leur succès passe par une implication accrue de
professionnels capables de mobiliser un grand nombre de contribuables : avocats,
conseils fiscaux, bureaux d’encadrement et d’assistance fiscaux[19], et
surtout les comptables agréés et les experts-comptables. Ces professionnels
devraient être en mesure de faire bénéficier leurs clients de la rapidité et de
la souplesse des procédures de télédéclaration.
En France, l'Ordre des
Experts-Comptables a lancé jedeclare.com, un portail déclaratif destiné à «
apporter aux cabinets un service attendu en leur permettant d'intégrer la
télétransmission, sans investissement, à un coût d'exploitation modeste et dans
une ergonomie facilitée. »[20]
La transmission des déclarations est faite dans un environnement entièrement
sécurisé. Cette offre est complétée par la mise à la disposition des adhérents
d'un service de suivi des messages (un message peut regrouper plusieurs
télédéclarations) et des télédéclarations. Il est du ressort de la profession
comptable tunisienne d'exprimer, au nom de ses clients, une forte demande de
simplification des relations avec l'administration. Ainsi faisant, elle
conforte sa place de choix dans l'économie et son image de marque auprès des
contribuables.
L'accentuation de la dématérialisation des
déclarations est un enjeu stratégique pour les experts-comptables. D'un coté,
les cabinets ne pourront plus se soustraire à un système global normalisé
permettant de véhiculer les données sans rupture de la chaîne numérique. D'un
autre coté, en assumant son rôle dans la relation de ses clients avec
l'administration, l'expert-comptable préserve sa position concurrentielle et se
donne le moyen d'accroître sa productivité dans les missions traditionnelles et
celles d'externalisation des tâches administratives.
Dans la nouvelle
économie, chaque entreprise cherche à repousser hors de ses limites les petites
tâches répétitives sans valeur ajoutée. Cette situation offre de larges
possibilités de service aux prestataires qui sauront se doter des moyens
techniques et humains adéquats dont les cabinets d'expertise comptable.
En effet, ceux-ci
pourront proposer une multitude de services d'externalisation de tâches
administratives surtout s'ils sont en mesure de communiquer avec leurs clients
via des connexions privées et sécurisées de type extranet. Les configurations
possibles sont décuplées par l'utilisation d'applications en mode ASP. Parmi
les tâches administratives qui pourraient être externalisées, on peut citer la
préparation des déclarations fiscales et sociales, l'ordonnancement de la paie,
le suivi des présences, la gestion de trésorerie, le suivi des conditions de
banque, etc.
Sur son site Web ou via des liaisons
sécurisées de type extranet, le cabinet d'expertise comptable peut mettre à la
disposition des internautes et des clients ses bases documentaires internes.
Grâce à des outils nouveaux tels que les browsers et les fichiers .pdf, les
informations mises en ligne peuvent être hétérogènes et non structurées :
textes sous diverses formes, présentations et vidéos, images, etc. Toutefois,
l'accessibilité et la pertinence du service proposé passent par l'organisation
des données en catégories ou sous-répertoires et surtout par la mise en œuvre
de moteurs de recherche. Comparables respectivement à la table des matières et
à l'index d'un livre, ces outils permettent de faire des recherches rapides et
ciblées ; d'où une augmentation certaine de la valeur ajoutée perçue par les
utilisateurs.
En fonction du
modèle d'affaires choisi, le service peut être gratuit ou payant. Dans ce dernier
cas, la rémunération peut être fixe (frais d'abonnement) ou variable. A titre
d'exemple, le site profiscal.com propose à la fois :
- des
bases accessibles gratuitement : notes communes (jusqu'au 31
décembre 2002), texte des principaux codes de la fiscalité tunisienne, cours et
papiers de recherche en fiscalité à l'usage des étudiants de l'enseignement
supérieur, etc.
- des
bases accessibles par abonnement : prises de position
administratives jusqu'au 31 décembre 2002 ; et depuis cette date toute la base DB-Profiscal
(y compris les notes communes).
Dans une société de l'information où
l'apprentissage tout au long de la vie est de rigueur, les experts-comptables
ont un rôle très important à jouer. A travers leurs sites, ils peuvent en effet
offrir des prestations variées de formation professionnelle et académique. Ces
sites pourrait viser en premier lieu la préparation aux examens de comptabilité
(notamment la Révision et l'Expertise Comptables pour le cas de la Tunisie). Un
important travail d'élaboration des contenus pédagogiques est toutefois
nécessaire. A cet effet, le partenariat avec des maisons d'édition et des
sociétés de service informatique pourrait être d'un apport considérable. Des
appels à contribution peuvent également être lancés auprès des professeurs et
des étudiants.
Dans le domaine de l'enseignement et de la
formation, les contenus et les médias sont très variés et peuvent donner lieu à
un très grand nombre de combinaisons. Pour ce qui est des contenus, il peut
s'agir de cours, d'exercices, de corrigés, d'annales d'examens, d'études de
cas, de tests d'évaluation, de supports de formation, de bibliothèque etc.
Concernant les médias, ils différent selon que l'action de formation est délivrée
en mode synchrone ou asynchrone, selon qu'elle est interactive ou non, standard
ou personnalisée, collective ou privée, etc. Parmi les médias les plus utilisés
en matière d'enseignement et de formation sur le Web, on peut citer : le texte
sous ses divers formats, les images, les clips vidéo, les présentations animées
ou Webcasts, les FAQ, les téléconférences, les salles de classe virtuelles,
etc. Par exemple, ce dernier mode de livraison de contenu est le plus élaboré ;
il est synchrone, interactif, personnalisé et hautement convivial. Il permet de
rompre l'isolement, un des écueils de la formation à distance, et de retrouver
les avantages d'une dynamique de groupe.
Sur un plan pratique et en Tunisie, les
sites profiscal.com et procomptable.com proposent entre autres :
- en
accès gratuit : des cours, des exercices (énoncés et corrigés), des
mémoires et des papiers de recherche pour tous les niveaux de l'enseignement
supérieur ;
- en
accès payant : des prestations d'encadrement pédagogique et de
formation en ligne ou combinée (préparation en ligne aux séminaires
présentiels).
Sur le plan international, les grands
cabinets de conseil concentrent actuellement leur offre e-Learning autour de la formation aux ERP comme service accessoire
à leur offre d'intégrateurs de projets ERP. Ce choix fait suite au
développement de l'offre ASP par les principaux éditeurs de ce secteur. Par
ailleurs, ces cabinets offrent aux entreprises des services globaux de conseil
en matières de formation et de gestion du capital humain et intellectuel. Parmi
ces services, l'élaboration de stratégies e-Learning et de formation à
distance, l'élaboration de contenus et la mise en place d'outils collaboratifs
et de groupware occupent une place de choix.
Le premier chapitre a
décrit la manière dont la profession utilise ou peut utiliser les tendances
technologiques dans ses missions classiques. Au delà de cette attitude
consommatrice, la profession s'efforce également de produire. Ce deuxième chapitre
sera consacré aux efforts visant la création de nouveaux services.
Par nouveaux services,
nous désignons ceux qui mettent en œuvre des compétences nouvelles.
Ce chapitre traitera
respectivement les nouvelles missions d'expertise (Section 1), d'opinion
(Section 2) et de conseil (Section 3).
Au delà des
bouleversements que connaît le processus d'élaboration des états financiers, la
pertinence même de ces états et des principes comptables qui les sous-tendent
est aujourd'hui mise en cause. Les modifications apportées par la nouvelle
économie aux modèles et process d'affaires sont à l'origine de cette mise en
cause. Nous rapportons ci-après quelques exemples de ces modifications énumérés
par Alles, Kogan, et Vasarhelyi dans l'article "Accounting in 2015"
(The CPA Journal. Novembre 2000) :
-
Plusieurs entreprises se limitent à la
fonction recherche et développement et sous-traitent production et
distribution.
-
La détention de stocks par l'entreprise
n'est pas nécessaire si sa fonction gestion des approvisionnements est
performante.
-
Le capital
intellectuel est une source fondamentale de la valeur boursière d'une firme.
Cette source est ignorée ou négligée par les méthodes d'évaluation
traditionnelles.
Les axes d'amélioration
des états financiers actuels portent essentiellement sur le développement de
critères non financiers de mesure de performance (Sous-section 1) et de
critères de gestion et de mesure du capital intellectuel et des autres actifs
immatériels
(Sous-section 2).
Dans cette
sous-section, nous discuterons respectivement de la portée et de l'utilité de
ces critères (§1), des principaux efforts de recherche qu'ils suscitent (§2) et
des opportunités de services professionnels offertes par ces critères (§3).
La période
d'euphorie boursière de la fin des années 1990 et les sévères corrections à la
baisse qui lui ont succédé ont révélé entre autres problèmes un manque au
niveau des informations disponibles sur la performance d'ensemble des sociétés
cotées. Même appuyés de notes annexes, les états financiers traditionnels ne
suffisent plus à expliquer la valeur attribuée par le marché à une société
donnée. En effet, les investisseurs ont pris conscience que des facteurs clés
de succès (ou d'échec) qui ne sauraient répondre à la définition d'un actif (ou
d'un passif) entrent dans la composition de la valeur boursière.
A titre d'exemple,
l'information sur la satisfaction et le moral des employés – un facteur qui
conditionne la performance de toute entreprise – a souvent influencé les cours
boursiers. Dans un monde parfait, une telle information ferait partie du
reporting d'affaires (Business Reporting) donné en dehors des états financiers
; vraisemblablement dans le rapport annuel. Mais au delà du simple débat sur la
disponibilité et la fréquence de l'information, quelle pourrait être la
meilleure mesure de la satisfaction des employés ? Comment cette information
pourra-t-elle être collectée et actualisée ? etc. L'ensemble de ces questions
et celles qui pourraient en découler forme le débat récent sur les mesures non
financières de la performance organisationnelle.
Les états financiers peuvent
en effet être avantageusement complétés par la publication volontaire
d’informations supplémentaires et notamment celles à caractère non financier.
Le cadre conceptuel de la comptabilité, notamment dans son paragraphe 83,
encourage de tels efforts de publication qui créeraient un cadre permettant une
évaluation plus complète de la performance d’ensemble et des perspectives
d’avenir de l’entreprise. Outre les informations financières et non financières
à valeur prospective (comptes prévisionnels et autres), le cadre conceptuel
insiste sur les informations ayant trait à la gestion des ressources humaines,
à la gestion environnementale et aux choix technologiques.
Il est clair qu'un
tel enrichissement de l'information sur la marche des affaires sociales
profitera non seulement aux investisseurs, mais aussi et avant tout aux
dirigeants de l'entreprise. Leur capacité à prendre à temps les décisions
cruciales augmentera du fait de la disponibilité d'informations qualitatives
sur les facteurs clés de succès qui sous-tendent les chiffres figurant dans les
états financiers et qui permettent, mieux que ceux-ci, d'anticiper l'évolution
future des performances de l'entreprise.
En effet, la faiblesse de leur valeur prospective constitue l’un des
principaux griefs adressés aux états financiers actuels.
Plusieurs travaux de recherche portant sur
le thème de la mesure de performance ont été conduits par des organisations
comptables nord-américaines et internationales. Mais les travaux les plus
importants à nos yeux sont ceux parrainés par le FASB et l'ICCA.
Dans le cadre d'un projet désigné
"Business Reporting Research Project", le FASB a publié trois
rapports portant respectivement sur 1) la diffusion électronique d'informations
relevant du Business Reporting, 2) l'amélioration du business Reporting :
comment encourager les divulgations volontaires et 3) la comparaison des
exigences d'information SEC et GAAP. Parmi ces rapports, le second, publié en
janvier 2001 souligne l'insuffisance du modèle de reporting actuel et les
possibilités de l'étendre notamment aux indicateurs non financiers.
Le FASB a également publié en avril 2001 un
rapport spécial intitulé "Business and financial reporting, challenges
from the new economy". Ce rapport a tenté de cerner l'impact de la
nouvelle économie sur le modèle de reporting traditionnel en considérant trois
axes de recherche : 1) l'information prospective concernant notamment les
cash-flows futurs, 2) la mesure et la présentation d'informations non
financières caractérisant les facteurs clés de succès et 3) la prise en compte
et l'évaluation des actifs incorporels dans le bilan.
Par ailleurs, l'ICCA a lancé, depuis 1996,
l'Initiative liée aux Mesures de la Performance au Canada (IMPC). Ce projet
résulte d'une recommandation du rapport final sur la vision de la profession
appelant à un leadership des comptables agréés dans le domaine de la mesure de
la performance organisationnelle. Selon son directeur, Jim Goodfellow, cette initiative a pour
objectif d'aider les comptables agréés à étendre leurs services au delà du
reporting financier pour s'adresser à un éventail plus large de besoins liés à
la mesure et le reporting sur la performance. Dans la page Web de présentation
de l'IMPC[21],
son directeur appelle les comptables agréés et leurs clients à participer au
développement d'instruments et de bonnes pratiques (best practices) s'adressant
à chaque domaine "nouveau" de reporting.
Aujourd'hui, l'IMPC se veut un centre pour
la promotion d'approches globales de mesure de performance dans les secteurs
privé et public.
Enfin, à coté de ces travaux purement
académiques, d'autres initiatives se sont distinguées en traitant le problème
de la mesure de performance sous un angle professionnel. Nous nous
intéresserons ci-après aux travaux menés par l'AICPA et l'ICCA d'un coté et par
PricewaterhouseCoopers d'un autre coté.
Nous entrons dans
une ère où l'information devient abondante et accessible, à tel point
qu'identifier l'information pertinente est un rôle primordial pour lequel la
profession a un savoir-faire qu'elle doit exercer mais dans des domaines plus
larges que les données financières traditionnelles. En effet, l'information
financière, même adaptée à la gestion, n'est plus suffisante pour traduire la
performance et la valeur d'une entreprise. D'autres informations sont
nécessaires et devraient faire partie du reporting élargi de l'entreprise. Par
exemple :
-
la qualité des ressources humaines,
-
le bien-être des employés,
-
la gestion du capital savoir de
l'entreprise,
-
le potentiel de la recherche et
développement et la capacité d'innovation,
-
la qualité de la production,
-
la qualité du portefeuille clients,
-
la satisfaction des clients,
-
la qualité des partenariats avec les
fournisseurs et les clients,
-
la création de valeur pour les
actionnaires,
-
des données relatives à l'environnement,
etc.
Le comptable sait
mesurer. A lui d'adapter ses instruments pour mesurer des informations non
financières et élaborer des reportings et tableaux de bord élargis et
correspondant à l'attente des décideurs ; gestionnaires et investisseurs.
Dans ce cadre,
l'AICPA et l'ICCA ont développé conjointement un nouveau service appelé
"Performance View". Selon le site de l'ICCA, ce service est un
processus d'identification des facteurs clés de succès donnant lieu à des
mesures que l'on peut suivre au fil du temps afin d'évaluer les progrès
accomplis en vue de l'atteinte d'objectifs spécifiques liés à la vision de l'entité.
Sur un plan
méthodologique, le praticien devra d'abord évaluer si le système de mesure de
performance d'une entité s'appuie sur des indicateurs pertinents et fiables
pour déterminer dans quelle mesure l’entité atteint ses objectifs et/ ou
comment sa performance se compare à celle de ses concurrents. Une fois les
mesures pertinentes déterminées, le praticien devra proposer à son client une
procédure de suivi et d'actualisation de chaque mesure de performance. Dans ce
cadre, l'AICPA et l'ICCA proposent à leurs membres un logiciel nommé CPA/CA
Views destiné à leur faciliter la communication, la présentation et le suivi
des mesures de performance.
Par ailleurs, la
firme internationale PricewaterhouseCoopers s'est intéressée à la mesure de
performance dans le cadre de la proposition d'un nouveau modèle de reporting :
ValueReporting. Selon ses concepteurs, ce modèle est destiné à colmater le gap
constaté entre les pratiques actuelles en matière de reporting et les besoins
des marchés financiers. Ce gap serait responsable d'une situation préoccupante
caractérisée par la prééminence des échos et des communiqués de presse, le
raccourcissement des horizons d'investissement et la volatilité croissante des
cours. PricewaterhouseCoopers soutient que l'adoption du modèle de reporting
élargi ValueReporting permettra entre autres avantages :
-
de promouvoir la crédibilité de la
direction,
-
de stimuler les investissements à moyen et
long termes,
-
de susciter un plus grand intérêt de la
part des analystes financiers,
-
de relancer les cours des actions.
Le modèle de
reporting proposé s'articule autour de quatre axes :
-
le marché ;
-
la stratégie ;
-
la gestion tactique ou la mise en œuvre de
la stratégie (c'est dans cette partie que les états financiers seraient
présentés) ;
-
la plate-forme de valeur (Value Platform) :
La plate-forme de
valeur devrait renseigner sur les éléments qui sous-tendent la valeur et la
performance future de l'entreprise ; à savoir les facteurs clés de succès. Les
exemples donnés par les concepteurs de ValueReporting sont : les ressources
humaines, les clients, les marques et la réputation.
Dans cette
sous-section, nous discuterons respectivement du contexte et de la
problématique de ces critères (§1), de la position des normes comptables en
vigueur (§2) et des opportunités de services professionnels offertes par ces
critères (§3).
Le capital intellectuel est tout aussi
essentiel pour la nouvelle économie axée sur le savoir que ne l'étaient les
ressources financières et les biens corporels pour l'économie
"traditionnelle" axée sur la fabrication. Au niveau de l'entreprise,
l'innovation a pris la place de la production massive en tant que première
source d'avantage concurrentiel. Face à l'insoutenable concurrence mondiale
induite par la déréglementation et le développement des technologies de
l'information et de la communication, l'entreprise du 21ème siècle
doit innover pour survivre. Mais le développement de l'innovation au sein de
l'entreprise requiert un investissement considérable dans l'immatériel :
recherche et développement, stratégies de communication, formation, etc.
Or, à l'inverse des ressources matérielles,
les biens incorporels ne sont généralement pas pris en compte dans le bilan. On
leur attribue la différence entre les valeurs boursière et comptable de
l'entreprise. Par son manque de précision, cette approche favorise la volatilité
des cours boursiers. Mais, peut-on être sûr que la valeur obtenue par
capitalisation des biens incorporels sera plus précise que les mesures
actuelles de la valeur de l'entreprise ? La réponse est loin d'être évidente
surtout que la difficulté inhérente à la mesure des éléments incorporels est
parmi les causes principales de leur non prise en compte à l'actif du bilan.
Doit-on capitaliser les éléments
incorporels créés au sein de l'entreprise ? Au delà du problème purement
comptable, comment informer le marché sur le patrimoine intellectuel et la
capacité d'innovation de la firme ? Quels sont les meilleurs indicateurs de ce
patrimoine et de cette capacité ? Comment mesurer et rendre compte de ces
indicateurs ?…Autant de questions auxquelles une littérature abondante essaie
aujourd'hui d'apporter des réponses.
L'importance accrue des biens incorporels
est l'une des principales caractéristiques de la nouvelle économie. Pourtant,
et à quelques exceptions près, les normes comptables en vigueur s'accordent
pour ne prendre en compte les immobilisations incorporelles que lorsqu'elles
sont acquises auprès de tiers. La norme comptable tunisienne relative aux
immobilisations incorporelles NCT 06 prévoit concernant les éléments développés
en interne la prise en compte à l'actif du bilan uniquement pour les logiciels
et les dépenses de recherche et développement aboutissant au dépôt d'un brevet,
d'une marque ou d'un droit similaire protégé par la réglementation en vigueur.
Le rapport publié par le FASB en avril 2001
intitulé "Business and Financial Reporting, Challenges from the New
Economy" consacre son 4ème chapitre à l'étude des obstacles
d'ordre conceptuel et pratique à la mesure et la prise en compte des immobilisations
incorporelles créées au sein de l'entreprise. Ce chapitre focalise sur trois
normes traitant les immobilisations incorporelles : la FASB 2 traitant les
dépenses de recherche et développement, la FASB 86 traitant les dépenses de
développement de logiciels et l'IAS 38 Immobilisations incorporelles. Procédant
à une analyse critique de ces normes par rapport aux cadres conceptuels du FASB
et de l'IASB (ex IASC), les auteurs du rapport tirent les principales
conclusions ci-après :
Aucun fondement conceptuel dans la
définition d'un actif ne justifie l'application de règles de prise en compte
différentes aux biens incorporels acquis à l'extérieur de l'entreprise et aux
mêmes biens créés au sein de l'entreprise (à condition que ces derniers
obéissent au critère de la mesure fiable).
Le contrôle par l'entreprise est une
caractéristique primordiale de tout actif. Ce critère ne permet pas à certains
éléments incorporels de satisfaire la définition d'un actif ; par exemple la
satisfaction des clients. En revanche, il ne s'oppose pas à la prise en compte
d'autres éléments tels que les listes des clients. De même, le critère de
contrôle n'élimine pas l'effet que certains éléments non reconnus (la
satisfaction des clients) peuvent avoir sur la valeur d'autres éléments
respectant la définition d'un actif (portefeuille clients).
Deux types de décalage freinent toutes les
tentatives visant la prise en compte des biens incorporels créés dans les états
financiers :
Le
décalage temporel : les dépenses et les efforts visant la
création d'un actif incorporel interviennent souvent longtemps avant que sa
capacité à générer des avantages économiques futurs ne soit démontrée.
La
non corrélation : plusieurs théoriciens soutiennent que la corrélation
entre les coûts encourus et la valeur des avantages futurs qu'ils disent
évidente pour les biens corporels n'existe pas pour les éléments incorporels.
Mais reconnaître cette non corrélation
risque de nous mener à l'impasse. D'un coté, ce décalage rend impertinente
toute mesure basée sur le coût. D'un autre coté, les mesures autres que celles
se basant sur le coût sont peu fiables. Faut-il alors abandonner toute
tentative de prise en compte des biens incorporels créés au sein de
l'entreprise ?
Dans le cadre des
efforts de la profession visant à « refaçonner la comptabilité en fonction de
l'ère du savoir et du nouveau millénaire »[22],
chaque praticien pourra enrichir le reporting de ses clients par des
indicateurs du capital savoir de l'entreprise, du potentiel de la recherche et
développement, de la capacité d'innovation, etc.
L’évaluation du capital intellectuel peut
se faire à l'aide de divers indices :
valeur ajoutée par employé,
valeur ajoutée par rapport à la masse salariale,
formation, certification et bilan de compétence,
réputation des employés de l'entreprise auprès des
chasseurs de têtes,
nombre de brevets et coût de leur maintenance,
chiffre d'affaires par rapport aux dépenses de
recherche et de développement,..etc.
Les indicateurs listés ci-dessus ne sont
que des exemples. Certaines entreprises qui ont élaboré une gestion du capital
intellectuel classent les indicateurs en cinq catégories :
·
la perspective
financière (exemple : valeur ajoutée par employé) ;
·
la perspective client
(exemple : part de marché) ;
·
la perspective
processus (exemple : performance qualité) ;
·
la perspective
renouvellement et développement de la capacité d'innovation (exemple : dépenses
de formation par employé) ;
·
la perspective
humaine (exemple : rotation du personnel).
Dans ce cadre, l'ICCA s'attache depuis
quelques années à mettre sur pied un service intitulé "capital
intellectuel" qui consisterait à évaluer le capital intellectuel d'une
entité au regard de critères convenus ; et à fournir une assurance sur
l'évaluation. Le développement des "critères convenus" est coordonné
avec l'IMPC (initiative liée aux mesures de la performance au Canada).
Par ailleurs,
l'intervention de l'expert-comptable peut porter sur la conception et la mise
en place d'un processus de création et de capitalisation des connaissances ou
sur la certification de l'efficacité d'un tel processus déjà en place.
Enfin, nous tenons
à signaler que, plus que la présentation de nouveaux services professionnels,
ce qui nous a intéressés dans cette section était l'explication des fondements
des thèses nouvelles en matière d'expertise prônant un reporting élargi de
l'entreprise. En effet, les quelques services recensés dans ce domaine étant en
cours de développement, ils ne se démarquent que partiellement des travaux
académiques.
Les observateurs de l'univers Internet
s'accordent pour lui reconnaître certaines zones de risque : protection de la
vie privée, transparence des pratiques commerciales, intégrité des opérations,
disponibilité, authenticité d'origine, non-répudiation (reconnaissance par le
destinataire des messages électroniques qui lui sont adressés), etc. Ces
observateurs s'accordent aussi pour dire que le monde Internet doit s'autoréguler
naturellement et non pas être soumis à des règles préétablies. Ce processus
d'autorégulation peut être illustré par l'apparition d'une classe
d'intermédiaires ou arbitres entre les parties prenantes à une transaction, une
discussion ou toute autre forme d'échange d'informations : modérateurs de
groupes de discussion, organismes de certification électronique, etc.
L'expert-comptable devrait aussi faire partie de cette classe surtout avec la
généralisation des pratiques de publication financière (et d'affaires) sur le
Web.
Par ailleurs, la transparence et
l'interdépendance croissantes des systèmes d'information donne à la fiabilité
des systèmes d'entreprise une importance accrue. Cette fiabilité est recherchée
en tant que telle (mission spécifique de certification) ou dans le cadre d'un
processus d'assurance continue. En effet, les systèmes d'information de plus en
plus performants et intégrés assurant l'essentiel des fonctions de contrôle
font évoluer les attentes en matière de fréquence et de rapidité de l'audit
vers un nouveau modèle d'audit continu ou de rapport en ligne.
Pour répondre à ces attentes,
l'expert-comptable devrait développer entre autres des connaissances et des
aptitudes dans les contrôles informatisés, la sécurité informatique et les
Techniques d'Audit Assisté par Ordinateur (CAATs) afin d'être en mesure
d'offrir des services de pointe tels que WebTrust (Sous-section 1), SysTrust
(Sous-section 2) ou l'assurance permanente (Sous-section 3).
Dans cette
sous-section, nous procéderons d'abord à une présentation du service (§1) ainsi
que des "principes et critères" (§2) WebTrust. Ensuite, nous
tenterons de décrire la conduite d'une mission WebTrust (§3). Enfin, nous
discuterons des limites et variantes de ce service (§4).
Le terme
"nouvelle économie" est souvent utilisé pour désigner la croissance
tirée par les nouvelles technologies. Nous pouvons en déduire simplement que le
commerce électronique est à la nouvelle économie ce que le commerce est à
l'économie en général. On répertorie sous le terme commerce électronique tous
genres de pratiques et opérations commerciales effectuées par l'entremise des
ordinateurs et des réseaux de télécommunications.
Jusqu’à tout récemment, la définition du commerce électronique était
focalisée sur l’échange de données informatisé (EDI), le principal moyen pour
deux entreprises liées par un contrat d’effectuer des opérations commerciales électroniques.
Cette définition s’est toutefois élargie pour englober les opérations
effectuées par Internet (plus précisément, sur le Web), même entre des entités
qui ne se connaissaient pas auparavant. Le recours à une infrastructure fondée
sur un réseau public comme Internet peut réduire les coûts et uniformiser les
règles de jeu pour les PME et les grandes entreprises. De la sorte, quelle que
soit leur envergure, les entreprises peuvent avoir accès à une clientèle plus
vaste.
Le commerce
électronique présente une formidable réserve d'affaires, surtout pour les PME.
Toutefois, plusieurs facteurs jouent en défaveur de son développement avec, à
leur tête, le manque de confiance du public. Selon une étude menée en 1998 par
YANKELOVICH Partners, les consommateurs sont très inquiets de la mesure dans
laquelle leurs renseignements personnels sont protégés dans le cadre d'un achat
en ligne. En effet,
-
91% d'entre eux ne veulent pas communiquer
d’informations sur leurs revenus.
-
85% ne veulent pas communiquer leur numéro
de carte de crédit.
-
74% ne veulent pas communiquer leur numéro
de téléphone.
-
67% ne veulent pas communiquer leur
adresse.
Dans ce domaine, les
craintes du public – déjà en nette augmentation avec la montée en puissance du
cyber-crime – ne semblent pas relever de la phobie. En effet, selon une étude
récente du groupe GARTNER-ZDNet, seules 27% des attaques sont signalées par les
sociétés ou organismes visés. Ce silence confirme que la confiance du public
dans les transactions en ligne est tellement fragile que le moindre incident
suffit à l'ébranler.
En réaction à ces craintes, et en vue d'accroître
la confiance des consommateurs à l’égard du commerce électronique, l'AICPA et
l'ICCA ont mis au point un nouveau service professionnel de certification des
opérations de commerce électronique appelé WebTrust.
Les praticiens ayant reçu une certification leur permettant
la prestation du service WebTrust de
l'ICCA, de l'AICPA ou d’autres organismes nationaux autorisés sont en mesure
d’offrir des services de certification afin d’évaluer et de contrôler dans
quelle mesure un site Web donné respecte les principes et les critères
WebTrust.
Les principes WebTrust correspondent aux
grands secteurs de risque associés au commerce électronique. Alors que la
version 2.0 n’a porté que sur 3 principes, la version 3.0 des principes et
critères WebTrust prévoît 7 principes. Ci-après, les 4 premiers principes
listés sont ceux développés définitivement. Le 5ème (confidentialité)
est au stade de l'exposé sondage alors que les 2 derniers (non répudiation et
énonciations personnalisées) sont en cours de développement.
1. Protection de la vie privée. L'entreprise assure que les informations personnelles
collectées dans le cadre d'opérations de commerce électronique sont protégées
conformément à ses politiques publiées en matière de protection de la vie
privée. Ce principe implique notamment l’information des consommateurs sur
l’utilisation qui sera faite des informations collectées.
2. Sécurité. L'entreprise
assure que l'accès au système et aux données du commerce électronique est
limité au personnel autorisé conformément à ses politiques publiées en matière
de sécurité. Ce principe inclut notamment l’existence d’un plan testé de reprise
en cas de sinistre.
3. Transparence des pratiques commerciales et intégrité des
transactions. L’entreprise
traite ses transactions de commerce électronique intégralement et avec
précision conformément à ses pratiques commerciales divulguées. Ce principe
implique notamment l’information des consommateurs sur la présentation des
produits, les délais de livraison et les conditions de paiement ainsi que la
procédure d’annulation des commandes.
4. Disponibilité. L’entreprise assure que les systèmes et données de
commerce électronique sont disponibles comme elle l’indique. Ce principe inclut
l’adoption de règles dûment documentées et testées concernant la disponibilité
des composantes matérielles et logicielles du système ainsi que la conformité
de ces règles aux différentes obligations légales, réglementaires et
contractuelles.
5. Confidentialité. L’entreprise assure que l’accès aux informations
obtenues dans le cadre d'opérations de commerce électronique et qualifiées de
confidentielles est réservé aux personnes autorisées conformément à ses
pratiques publiées en matière de confidentialité. Ce principe requiert de
laisser aux clients la possibilité de se rétracter.
6. Non répudiation. L’entreprise garantit que
l’authentification et l’intégrité des messages et autres transactions
électroniques reçus sont prouvables aux parties intéressées conformément à ses
pratiques publiées de non répudiation. Selon ce principe, le système doit
garder des traces de toutes les étapes de la transaction de commerce électronique
et être en mesure de déterminer les responsabilités à chaque étape.
7. Enonciations personnalisées. Les énonciations spécifiques
visibles sur le site Web de l’entreprise (par exemple le nombre d’entrées au
site pendant un laps de temps) sont conformes aux standards professionnels et
pertinents eu égard à son activité de commerce électronique. Ce principe inclut
l’existence de contrôles efficaces assurant la fiabilité des informations
spécifiques fournies par le site.
Un certain nombre de critères ont été élaborés pour chaque principe WebTrust afin de fournir des indications plus précises. Pour être en
conformité avec les critères WebTrust,
l’entité doit être en mesure de démontrer, sur une certaine période (au moins
deux mois) :
1)
qu’elle a effectué ses opérations conformément aux
pratiques de commerce électronique indiquées ;
2)
que ses contrôles ont fonctionné efficacement ;
3)
qu’elle avait en place un environnement de contrôle
propice à la communication d’informations fiables sur ses pratiques commerciales
et à l’application de contrôles efficaces ;
4)
qu’elle avait en
place des procédures de surveillance permettant d’assurer que les pratiques
commerciales indiquées sont toujours suivies et que ses contrôles continuent
d’être efficaces en conformité avec les critères WebTrust.
Pour le praticien,
l’objectif d’une mission WebTrust est en général de délivrer un rapport
indiquant si la direction a exercé des contrôles efficaces à l’égard des
principes WebTrust. Le praticien établit si des contrôles sont en place à
l’égard des systèmes et données de commerce électronique et effectue des tests
visant à déterminer si ces contrôles ont été efficaces tout au long de la
période couverte par le rapport de certification.
La direction doit remettre au praticien une
déclaration ou assertion précisant que l’entité a exercé, tout au long de la
période couverte par le rapport, des contrôles efficaces de nature à procurer
une assurance raisonnable que les principes WebTrust étaient respectés en
conformité avec les critères de l’AICPA et de l’ICCA. Le praticien doit émettre
une opinion sur la sincérité de cette assertion. Pour y parvenir, il lui faut
mettre en œuvre une stratégie d'audit basée sur ses compétences en audit des
états financiers et ses connaissances en systèmes d'information. Des
compétences assez avancées en audit des systèmes d'information sont également
nécessaires. Elles requièrent dans la plupart des cas une formation
supplémentaire.
Le rapport du praticien est important pour
la direction, car il contribue à donner plus de crédibilité à l’assertion de
celle-ci et il permet à l’entité de se démarquer des autres fournisseurs de
services. En effet, l’obtention d’un rapport sans réserve permet à l’entreprise
d’afficher sur son site Web le sceau de certification WebTrust qui devrait
symboliser pour les internautes une garantie délivrée par un tiers de
confiance.
Avec un nombre de sites certifiés de par le
monde à peine supérieur à la vingtaine[24], le
service WebTrust tarde à décoller depuis son lancement en septembre 1997.
Plusieurs facteurs semblent être à l’origine de ce retard.
D’abord, le coût du service tant pour le
client que pour le praticien est assez élevé. Pour le client, le coût d’une
certification WebTrust serait comparable à celui des missions de conseil à
forte valeur ajoutée. L’investissement nécessaire à l’obtention du label
WebTrust représenterait 6% du coût global de lancement d’un site[25].
Quant au praticien désirant offrir le service WebTrust, il doit engager des
coûts relatifs à sa formation, aux redevances de licence et à la mise à jour du
sceau WebTrust.
Ensuite, les concepteurs du programme
WebTrust pourraient avoir placé la barre trop haut dans la mesure où les
exigences de ce programme semblent s’écarter considérablement de la réalité du
monde Internet. Au mois d'avril 2001, aucun site français n'a obtenu la
certification WebTrust. Pourtant, l’association WebTrust France (regroupant
l’OEC et la CNCC) s’était fixé comme objectif une centaine de sites certifiés à
la fin de l’année 2000.
Enfin, plusieurs services similaires
existent sur le marché et concurrencent WebTrust notamment sur le terrain de la
protection de la vie privée. Parmi ces services, on peut citer à titre
d’exemples :
-
TRUSTe : c’est le
label le plus populaire aux Etats-Unis. Au mois de mars 2000, il comptait 1300
sites certifiés parmi lesquels figuraient ceux de AOL, AMAZON, Microsoft, E
Bay, Yahoo, Altavista,.. etc. Aujourd’hui, on reproche à TRUSTe le peu de
sérieux avec lequel il traite les réclamations des consommateurs.
-
BBB
OnLine (Privacy Seal) : ce label a été lancé par le Better
Business Bureau, organisme de protection des consommateurs nord-américains
(Etats-Unis et Canada) créé en 1912. Cet organisme exclut pour le moment tout
développement à une échelle mondiale.
-
BetterWeb : ce service
offert par PriceWaterhouseCoopers vise à garantir aux consommateurs un bon
niveau d’information émanant des sites Web concernant les conditions de vente,
la protection de la vie privée, la sécurité et les possibilités de recours des
consommateurs.
Il faut enfin préciser que contrairement à
WebTrust qui se base sur un audit effectif des procédures et contrôles en
vigueur "derrière l’écran", plusieurs services concurrents se
contentent de déclarations sur l'honneur faites par les directions des
entreprises. C'est le cas de TRUSTe auquel on reproche de n'avoir jamais retiré
le label à un client malgré un volume important de réclamations.
Dans cette
sous-section, nous procéderons d'abord à une présentation du service (§1) ainsi
que des "principes et critères" (§2) SysTrust. Ensuite, nous
tenterons de décrire la conduite d'une mission SysTrust (§3). Enfin, nous
procéderons à une comparaison entre une mission SysTrust et une mission
WebTrust (§4).
Le développement
rapide des technologies permet aux entreprises d'avoir accès à des systèmes
d'information toujours plus puissants à coût constant voire moindre. Désormais,
ces systèmes dépassent largement la simple tenue de compte pour investir tous
les process de gestion y compris la communication avec les clients et les
partenaires commerciaux (B to C et B to B).
Dans leur quête de
nouveaux marchés, d'un meilleur service à la clientèle et d'une meilleure
productivité, les entreprises cherchent à l'extérieur de leurs frontières
conventionnelles et s'appuient sur les systèmes d'information d'autres entités dans
le cadre d'opérations de sous-traitance, de partenariats ou d'autres types
d'opérations conjointes.
Mais le choix d'un partenaire dont les
systèmes ne sont pas fiables peut avoir des incidences déplorables sur ses
propres process. « Comme le maillon
faible d’une chaîne, un système non fiable peut avoir des conséquences sur
toute une série d’événements touchant l’entreprise, ses clients, ses
fournisseurs et ses partenaires commerciaux »[27]. La
dépendance grandissante des entreprises à l’égard des technologies de
l’information fait que les systèmes peu sûrs sont de moins en moins tolérés.
En conséquence, l’AICPA et l'ICCA ont mis
au point un nouveau service professionnel de certification de la fiabilité des
systèmes d'information. Ce service appelé "SysTrust" vise à accroître
la confiance de la direction, des clients et des partenaires commerciaux à
l’égard des systèmes sur lesquels repose une entreprise ou une activité
particulière.
Pour comprendre l'objet de la mission, nous
commençons par définir les systèmes sur lesquels elle porte. Un système est
généralement défini comme un ensemble d'éléments structurés en vue d’atteindre
un objectif précis. Les systèmes d'information reposent sur les cinq éléments
suivants pour traiter et transformer les données :
Infrastructure – Les composantes
physiques et matérielles d’un système, comprenant les installations, les
ordinateurs centraux, les serveurs, les réseaux et les composantes connexes.
Logiciels – Les programmes et le logiciel d’exploitation d’un
système, comprenant les systèmes d’exploitation, les utilitaires et les
logiciels d’applications commerciales, comme les ERP et les modules financiers.
Personnes – Le personnel exploitant et utilisant un système,
comprenant le personnel des technologies de l’information (comme les
programmeurs et les opérateurs), ainsi que les utilisateurs et la direction.
Procédures – Les procédures automatisées et manuelles utilisées pour
l’exploitation d’un système, comprenant les procédures informatisées (comme les
procédures de sauvegarde et de maintenance), et les procédures exécutées par
les utilisateurs, telles que celles relatives à la saisie de données.
Données – Les données utilisées et prises en charge par un
système, comprenant les flux de transactions, les fichiers, les bases de
données et les tables.
Un système peut être très simple et
consister, par exemple, en une seule application de traitement de la paie sur
un ordinateur personnel ayant un seul utilisateur. Par contre, il peut être
d’une grande complexité, notamment dans le cas d’un système bancaire
multi-application et multi-ordinateur, auquel peuvent accéder un nombre quasi
illimité d’utilisateurs internes ou externes.
Les principes et
critères SysTrust ont été élaborés par un groupe de travail mixte AICPA-ICCA
sur la fiabilité des systèmes. Les recherches menées sur plus de deux ans par
ce groupe de travail indiquent que les systèmes non fiables présentent certains
ou l'ensemble des symptômes suivants : défaillances et pannes fréquentes qui
empêchent les utilisateurs internes et externes d'accéder à des services
essentiels, incapacité d'empêcher les accès non autorisés au système ; ce qui
le rend vulnérable aux virus, au piratage et à la perte de données
confidentielles, atteinte à l'intégrité des données, notamment l'apparition de
données corrompues, incomplètes et fictives ; et de graves problèmes de
maintenance qui produisent des effets secondaires négatifs et involontaires.
À partir de ces indicateurs, le Groupe de travail a défini la fiabilité au
moyen de 4 principes et de 58 critères qu'il est possible de respecter par la
mise en place de fonctions de contrôle essentielles. En d'autres termes, le
rapport de certification est l'expression d'une opinion à l'égard des contrôles
de la fiabilité d'un système. Pour qu'une opinion sans réserve soit émise à
l'égard d'un système, celui-ci doit satisfaire à tous les principes et critères SysTrust.
Un système est considéré comme fiable s'il
respecte les principes ci-après :
1.
Disponibilité. le système est disponible aux fins
d’exploitation et d’utilisation aux heures établies dans les énoncés ou les
ententes sur le niveau de service.
2.
Sécurité. le système est protégé contre tout accès
physique ou logique non autorisé.
3. Intégrité. le traitement
effectué par le système est complet, exact, rapide et autorisé[28].
4.
Maintenabilité. le système peut, au besoin, être mis à jour
d’une façon qui n’en compromet pas la disponibilité, la sécurité et
l’intégrité.
Les critères SysTrust permettent aux
praticiens d'évaluer la mesure dans laquelle les principes ci-dessus sont
respectés. Ces critères portent sur les éléments suivants :
1.
La définition et la documentation des objectifs de performance, des
politiques et des normes de l’entité relatives aux performances attendues du
système et à l'engagement de l’entité quant au niveau de service à offrir, et la communication de ces objectifs,
politiques et normes au personnel concerné. Les objectifs de
performance, les politiques et les normes reflètent la sensibilisation de la
direction et son engagement à l’égard d’un niveau de performance et de contrôle
au sein de l’entité.
2.
Les procédures mises en œuvre par l’entité pour toutes les composantes du
système dans le but d’atteindre ses objectifs de performance, conformément à
ses politiques et à ses normes.
3.
Les activités de surveillance du système et de l’environnement permettant à
l’entité d’identifier toute dégradation potentielle de la fiabilité du système
et de prendre les mesures appropriées pour assurer la conformité aux objectifs,
aux politiques et aux normes.
Pour qu’un système
soit considéré comme fiable, tous les critères SysTrust doivent être respectés
pour le ou les principes faisant l’objet de la vérification[29].
Dans le cadre d’une analyse visant à déterminer si une dérogation à un critère
particulier est importante ou non, on doit prendre en considération les
utilisateurs éventuels de l’information et les types de décisions attendues
d’eux en fonction des informations fournies par le système.
Le service SysTrust
comprend :
-
une
description et une délimitation du système ;
-
une
assertion de la direction précisant les contrôles qu'elle a exercés pour
assurer la fiabilité du système ;
-
un rapport
de certification produit par le professionnel fondé sur les principes et
critères SysTrust.
Au cours d'une
mission SysTrust, le praticien recueille les éléments probants permettant de
savoir si les contrôles ont été suffisamment efficaces au cours de la période
couverte par la vérification pour que le système satisfasse aux critères se
rattachant aux principes faisant l’objet du rapport. Si le praticien juge que
tel est le cas, il sera en mesure de délivrer un rapport sans réserve.
L’efficacité d’un contrôle est fonction de
la pertinence de sa conception, de la façon dont il est appliqué, de la rigueur
avec laquelle il est appliqué et des personnes qui en assurent l’application.
La fiabilité d’un système est ainsi basée sur l’ensemble des contrôles mis en
place par l’entité. Ces contrôles s’inscrivent dans le cadre des critères ; ces
derniers permettant d’évaluer si les principes ont été respectés. Nous
présentons en annexe à ce mémoire (annexe n° 4) un tableau détaillant les
critères SysTrust en une sélection de sous-critères constituant un cadre de
contrôles-type permettant d'assurer le respect des 4 principes SysTrust.
Les compétences
requises pour la prestation du service SysTrust sont semblables à celles
permettant la prestation du service WebTrust : compétences générales d'auditeur
(notamment la planification), connaissances et compétences et informatique et
en audit des systèmes d'information. Toutefois, si les compétences en
technologies Internet et en réseaux de communication sont souhaitables pour la
conduite des missions WebTrust, les missions SysTrust seraient mieux accomplies
par des professionnels compétents en audit des sécurités informatiques.
La promotion de ces deux services pourrait
nécessiter de préciser leurs similitudes et différences pour que les acheteurs
et les utilisateurs éventuels puissent en apprécier l’applicabilité respective
ainsi que la capacité à répondre aux besoins des clients éventuels en matière de
certification.
Les noms mêmes de ces services laissent
entendre qu’il y a un lien entre eux. En effet, la structure et même le contenu
des services WebTrust et SysTrust comportent un certain nombre de
ressemblances. Outre la similitude au niveau des compétences requises
(paragraphe précédent), on note que les deux services sont basés sur les normes
de certification existantes et établissent des principes qui déterminent le
niveau d’assurance que fournissent les normes de certification et les procédés spécifiés.
De plus, tant les principes et les critères WebTrust que les principes et les
critères SysTrust ne servent pas exclusivement à des fins de rapport externe ;
ils sont également destinés à servir de cadre pour la conception et la mise en
application des systèmes.
S'agissant des
divergences, les missions WebTrust concernent les seuls systèmes à accès
Internet, tandis que les missions SysTrust visent tous les types de systèmes.
En outre, alors que les services WebTrust portent principalement sur les contrôles
exercés sur les opérations exécutées par Internet, les services SysTrust
s’attachent à la fiabilité d'ensemble des systèmes. Enfin, le service WebTrust
est un programme assorti d’un sceau. Ce n'est pas le cas du service SysTrust.
Dans cette
sous-section, nous procéderons à une définition du concept (§1) et à une
discussion des préalables à sa mise en œuvre en pratique (§2).
L’outil informatique ayant
investi tous les processus composant l’activité de l’entreprise, les chemins de
révision conventionnels et tangibles commencent à disparaître. Les auditeurs
sont désormais confrontés au challenge de connaître et assimiler suffisamment
l’environnement informatique du client et son système d’information en vue de
planifier les procédures d’audit appropriées. Au fur et à mesure que les
systèmes gagnent en complexité, le processus d’audit exigera une plus grande
connaissance de ces systèmes.
Les changements que la
technologie apporte au fonctionnement des entreprises obligent les auditeurs à
adapter leurs méthodes et outils de travail. Grâce à une maîtrise accrue des
technologies de l'information et de la communication et à une utilisation
massive des outils modernes d'audit informatique, l'expert-comptable devrait
être en mesure d'effectuer un audit en temps réel. L’auditeur n’est plus appelé
à élaborer des rapports périodiques mais plutôt à fournir une assurance écrite
sur les comptes arrêtés à n’importe quel moment et dans un bref délai à la
demande des utilisateurs de l’information financière. Cette manière de procéder
donne à la continuité de la mission de l’auditeur sa vraie dimension. On parle
désormais de "rapport en ligne" ou "online reporting".
Selon le site de
l'ICCA : « La vérification continue vise l'expression d'une assurance à
l'égard d'éléments considérés, immédiatement ou peu de temps après la
survenance des événements liés à ces éléments considérés ». Ainsi,
l'assurance permanente ne porterait pas uniquement sur les états financiers
annuels et intermédiaires. Elle pourrait également porter sur tout genre
d'information d'affaires publiée en continu par l'entité auditée (informations
concernant l'environnement, la qualité du produit, la satisfaction du
personnel, etc.).
Le nouveau modèle
d'assurance permanente est destiné à appuyer fortement le management
stratégique et le gouvernement d'entreprise. Il se propose de traduire la
stratégie d'entreprise en une série d'indicateurs financiers et non financiers
qu'il se chargera de surveiller en permanence. Il transformerait le processus
d'audit traditionnel en un audit par les exceptions. Le timing, l'étendue, la
méthodologie et les conclusions de l'audit en seront changés.
L'activité du client
à auditer serait en effet découpée en process selon des modèles mettant
l'accent sur les flux d'informations, les mesures de performance et les
facteurs clés de succès. Utilisant massivement l'intelligence artificielle, ces
modèles incluraient des procédures d'auto diagnostic et des scénarios
correspondants d'actions correctives. Grâce à cette structure de reporting
continu, un centre de contrôle relevant du cabinet d'audit surveillerait en
permanence la bonne marche de l'entreprise. L'auditeur interviendrait
uniquement lorsque le management est incapable de maîtriser une situation
donnée pour laquelle les scénarios automatiques d'actions correctives ne
fonctionnent pas ou sont inexistants.
Evoquée dès 1996 dans les rapports du
groupe de travail pan canadien sur la vision de la profession et du groupe de
travail de l'ICCA sur les services de certification, l'assurance permanente est
aujourd'hui encore un concept abstrait. Sa mise en œuvre en pratique nécessite
un certain nombre de préalables ; dont notamment :
-
Le développement et l'implémentation de
nouveaux services de pointe et surtout SysTrust (ou fiabilité des systèmes)[31].
Selon le document "SysTrust : Principes et critères de fiabilité des
systèmes" : « La fiabilité des systèmes constitue une pierre d'assises
fondamentale à l'égard de l'objectif de la profession de fournir une assurance
continue ».
-
La généralisation de l'utilisation des
techniques d'audit assisté par ordinateur ainsi que des logiciels d'audit.
-
La multiplication des recherches sur le
thème dans le milieu universitaire, des expérimentations par les praticiens et
des directives de la part des normalisateurs.
Les questions les
plus importantes à examiner sont les suivantes : Quelles seront les
répercussions du modèle d'assurance permanente décrit ci-haut sur
l'indépendance des auditeurs externes ? Quel sera l’impact de
l’intégration d'outils d’audit informatisés au système de l’entité sur
l’objectivité de l’auditeur ? En élargissant la portée de son opinion et
en s’intéressant de près au management stratégique et au gouvernement
d'entreprise, l’expert-comptable ne renonce-t-il pas à l’avantage concurrentiel
que lui procurait son statut d’auditeur externe ? A-t-il vraiment le
choix s’il veut préserver sa crédibilité dans un environnement d’affaires
de plus en plus dominé par les technologies de l’information et de la
communication ?
La
limitation du champ d'action des grands cabinets d'audit due à l'impératif
d'indépendance constitue une aubaine pour plusieurs intervenants dans domaine
du conseil. Par ailleurs, l'informatisation poussée de la gestion accroît
l'importance des compétences en technologies et confère un avantage
concurrentiel certain aux ingénieurs informaticiens et aux professionnels des
technologies de l'information. Ces derniers, ainsi que d'autres profils plus
pointus (conseils en commerce électronique ou spécialistes des cyberprocess)
concurrencent fortement les experts-comptables dans le domaine du conseil à
forte valeur ajoutée.
Cette situation est
d'autant plus grave qu'elle pourrait, par un effet boomerang, mener ces
concurrents sur les terrains de l'expertise et de l'audit. La technicité
requise pour l'assurance permanente est un exemple édifiant à ce sujet.
Ce n'est donc pas
parce que l'expertise et l'audit sont les champs d'action naturels des
experts-comptables que ceux-ci doivent abandonner un secteur conseil investi
par les technologies de pointe. Au contraire, il leur faut faire l'effort de
comprendre et de maîtriser ces technologies afin de préserver un tant soit peu
la position avancée qu'ils ont pu occuper dans le domaine du conseil. Une
approche intéressante pourrait consister à coupler les nouvelles compétences
acquises en technologie avec d'autres compétences fortement demandées par le
marché telles que le Risk Management.
Dans cette section, nous nous intéresserons
d'abord aux missions d'accompagnement des entreprises lors de la mise en place
de systèmes d'information et de communication (Sous-section 1 : Technology
Consulting). Ensuite, nous aborderons les missions d'identification, évaluation
et gestion des risques liés aux technologies de l'information et de la
communication (Sous-section 2 : Technology Risk Management).
Cette sous-section traitera respectivement
la définition et le champ d'application (§1) et la conduite d'une mission de
Technology Consulting (§2).
Le système
d'information est un système structuré de collecte, traitement, sauvegarde et
restitution de l'information. Par solutions en systèmes d'information, nous
visons l'offre logicielle concernant la comptabilité, la finance et la gestion
et notamment les ERP[32].
Le système de communication est un système d'échange (envoi et réception) de
données sous diverses formes. Les solutions de communication que nous visons
ici sont les solutions modernes basées sur les technologies Internet.
Un système
d'information performant permet de répondre aux besoins des utilisateurs grâce
à une forte disponibilité de l'information, reflète l’organisation du travail
dans l’entreprise et améliore la gestion des activités par une structuration
des fonctions et une automatisation des tâches. Lorsque l'une ou plusieurs de
ces caractéristiques vient à manquer, le système ne peut plus jouer le rôle
primordial qu'il est appelé à remplir dans la gestion de l'entreprise.
L'expert-comptable
peut alors être sollicité en vue de pallier aux insuffisances constatées par la
proposition d'améliorations du système existant ou d'un nouveau système
d'information. L'informatisation du système d'information est l'un des domaines
d'intervention les plus prometteurs de l'expert-comptable. Ce dernier a la
charge d'assister son client dans le recensement de ses besoins en information,
dans le choix de l'éditeur et/ ou du logiciel approprié et dans la mise en
place du logiciel choisi et son intégration au système d'information.
La position
privilégiée de l'expert-comptable peut également lui valoir d'être consulté
lors de l'adoption de solutions de communication ou lors de l'intégration de
celles-ci avec le système d'information. Il lui est alors demandé d'assister
son client dans la mise en place de solutions de communication de type
intranet, extranet ou Internet[33].
En fonction de ses compétences, de la disponibilité et des compétences du client et de la perception des grands projets d'entreprise par la direction, l'expert-comptable peut opter pour l'un des trois modes suivants de conduite de la mission :
D'après un document interne AMC Ernst & Young
Le mode "faire avec" est très peu
utilisé à cause de sa lourdeur. Le mode "faire" requiert un niveau de
compétence en informatique très élevé ; et de ce fait il n'est accessible qu'à
un nombre limité de professionnels. Le mode "faire faire" est le plus
utilisé. Il consiste à accompagner le client tout au long du processus de mise
en place du système d'information.
Le conseil en
matière de systèmes d'information et de communication est un créneau à la fois
nouveau et assez peu délimité. De ce fait, il fait appel à un large éventail de
compétences. Bien entendu, nous nous limiterons dans ce travail aux compétences
nouvelles requises par ce type de mission : celles relatives aux technologies
de l'information et de la communication. L'IEG
(International Education Guideline) 11 de l'IFAC (Education Committee)
intitulée "Information Technology for Professional Accountant",
classe ces compétences en fonction du rôle joué par l'expert-comptable :
utilisateur, développeur, manager ou vérificateur. A coté de ces rôles
génériques, la norme prévoît la possibilité de créer des variantes basées sur
les compétences prévues par le document ou d'autres compétences acquises sur le
terrain. Dans ce cadre, elle énumère les compétences requises d'un conseil en
stratégie des technologies de l'information (IT Strategy).
Ces compétences sont détaillées par l'annexe 7 de l'IEG 11 et par la
grille de compétences en technologies de l'information[34].
Elles sont réparties sur six domaines significatifs dont le domaine "Développement, acquisition et mise en œuvre de
systèmes, et gestion des projets liés". Nous essayons ci-après d'énumérer
les compétences les plus importantes requises de l'expert-comptable par phase
d'un projet de mise en place d'un système d'information :
1. Les préalables :
-
Cerner les besoins fonctionnels d’ordre général.
-
Vérifier l'existence des compétences
techniques (internes ou sous-traitées), d'un budget d'investissement approuvé
et suffisant, de ressources humaines disponibles et impliquées, de procédures
efficaces de contrôle interne, etc.
-
Orienter une recherche préliminaire de
solutions et en évaluer les résultats.
2. Lancement du
projet : Evaluation préliminaire du processus de gestion de projet :
-
Comprendre les outils et techniques de gestion de projets.
-
Evaluer la démarche projet, le choix des structures, la répartition des
rôles, les objectifs de chacun, le cadre de reporting, etc.
3. Définition des besoins et sélection de
la solution :
-
Evaluer la définition des besoins de l’entreprise.
-
Evaluer le processus de comparaison des produits et de sélection des
fournisseurs.
-
Evaluer la négociation et la rédaction du contrat.
-
Si le développement en interne est choisi, évaluer les méthodologies de
cycle de développement des systèmes (Systems Development Life Cycle) ainsi que
les outils et techniques associés : comprendre les outils et techniques de
modélisation des systèmes, évaluer la définition du concept général, les
caractéristiques du système cible et l'adéquation de l'investissement, donner
des conseils sur l’approche optimale de développement, etc.
4. Mise en œuvre de la solution :
-
Evaluer le plan de mise en œuvre des
systèmes
-
Evaluer les avantages du projet, les
ressources utilisées (financières et humaines), le caractère approprié de
l’acquisition, l’élaboration et le déploiement, et les possibilités
d’amélioration
-
Evaluer l’approche des essais de réception
-
Evaluer l’approche de conversion des
données
-
Evaluer la continuité et l'efficacité des
procédures de gestion du projet
-
Evaluer les contrôles exercés sur le projet
Dans une mission de Technology Consulting,
l'expert-comptable doit être particulièrement conscient de ses limites en
matière de technologie, notamment face aux ingénieurs et aux informaticiens. Il
doit se cantonner à accompagner l'entreprise en l'aidant à maîtriser le coût du
projet, à mieux en définir les objectifs, à en gérer efficacement les
différentes phases, etc. En faisant appel à un expert-comptable, les dirigeants
s'attendent souvent à ce que celui-ci fasse le lien entre les gestionnaires
qu'ils sont et les techniciens (informaticiens, ingénieurs, etc.) auxquels ils
font recours.
Cette sous-section traitera respectivement
la définition et le champ d'application (§1) et la conduite d'une mission de
Technology Risk Management (§2).
Dans une économie où les consommateurs et
les investisseurs sont de plus en plus exigeants et où les changements se
succèdent à un rythme effréné, les entreprises ne peuvent plus se contenter des
démarches stratégiques traditionnelles. Elles sont obligées de prendre toujours
plus de risques ; et ce quels que soient les objectifs qu'elles poursuivent. Le
risk management (Gestion des risques) est aujourd'hui une discipline qui prône
une prise de risque consciente, "calculée" et maîtrisée.
Les entreprises qui
réussissent dans la nouvelle économie sont celles qui prennent des risques
calculés en vue d'atteindre leurs objectifs. Grâce à une confrontation
permanente entre les opportunités et les menaces, elles prennent toujours les
bonnes décisions et s'adaptent aux aléas et imprévus. Les définitions du risque
à connotation uniquement négative (danger, perte, etc.) font partie du passé :
le fait pour une entreprise de ne pas saisir une opportunité peut être source
d'un désavantage concurrentiel irréversible.
Le technology risk management s'intéresse
plus particulièrement aux risques liés à l'utilisation des technologies de
l'information et de la communication. Par exemple :
-
les risques liés à la mise en place d'une
nouvelle solution (échecs, litiges, dépassements budgétaires importants, etc.)
;
-
la non adoption d'un plan de secours
(Disaster Recovery Plan) ;
-
les risques liés à l'intégrité et la
sécurité du système d'information ;
-
les risques liés à la protection des
renseignements privés des clients ;
-
la non adoption par une entreprise d'une
solution technologique largement utilisée par ses concurrents ;
-
la non adoption par une entreprise d'une
solution technologique largement utilisée par ses fournisseurs ou ses clients,
etc.
Selon un document intitulé "Technology
Risk Management Guidelines for Financial Institutions" émis en novembre
2002 par l'Autorité Monétaire de Singapour, les risques liés aux technologies
de l'information et de la communication incluent toute éventualité
d'utilisation malveillante, violation, échec ou perte due à l'utilisation de
matériel informatique, de logiciels, de systèmes informatiques ou de réseaux de
communication. Ces risques sont, selon le même document, liés aux :
-
failles (logiques) du système,
-
erreurs de traitement ou de manipulation,
-
défauts de programmation des logiciels
(bugs),
-
défaillances matérielles,
-
échecs système,
-
capacités (de sauvegarde, de traitement,
etc.) inadéquates ou inadaptées,
-
vulnérabilité des réseaux,
-
faiblesses des contrôles informatiques,
-
problèmes de sécurité,
-
accès illicites ou frauduleux, actes de
piratage,
-
possibilités de récupération (données,
programmes, environnement) insuffisantes.
Chaque
expérience dans le domaine du risk management est unique en soi. Les approches
différent en effet selon la taille de l'entreprise, son secteur d'activité, sa
stratégie, sa culture, les choix de la direction, la compétence de l'exécutif,
etc. Cependant, certaines étapes ont émergé et font partie des bonnes pratiques
actuelles en matière de risk management[35]
:
Cerner le contexte |
Identifier les risques |
Analyser et quantifier chaque risque |
Concevoir des stratégies pour gérer chaque risque |
Mettre en place et intégrer un processus de gestion des risques |
Mesurer, surveiller et rendre compte |
-
Identifier les actifs informationnels de
l'entreprise ;
-
Classer ces actifs par ordre d'importance ;
-
Identifier, analyser, quantifier et
atténuer les risques liés aux technologies de l'information et de la
communication ;
-
Mettre en place une politique adéquate en
matière de sécurité ainsi que des mesures appropriées destinées à assurer
l'intégrité et de la fiabilité des actifs informationnels de l'entreprise ;
-
Protéger les actifs informationnels contre
toute menace interne ou externe ;
-
Développer et maintenir une veille
permettant de détecter et de contrecarrer toute attaque ou activité malveillante
ou suspecte visant ses systèmes d'information ou ses réseaux de
communication.
La mission de
technology risk management permet à l'expert-comptable de proposer une
multitude de services plus ou moins techniques tels que :
-
Inventaire et structuration des actifs
informationnels de l'entreprise : collecte des données, diagnostic de
l'organisation, identification des fonctions puis des Business Process,
hiérarchisation des données, etc.
-
Cartographie des risques liés aux
technologies : comprendre l'architecture du système d'information et les
possibilités de communication qu'il permet, assimiler les besoins des
différents utilisateurs, diagnostic des principales fonctions du système :
sauvegarde, restitution, traitement et calculs, gestion des profils d'accès,
etc.
-
Analyse et quantification d'un ou de
plusieurs risques : déterminer les vulnérabilités, les menaces et les
probabilités d'occurrence de chaque risque.
-
Conception et mise en place d'un plan de
sécurité :
-
Evaluer les vulnérabilités, les menaces et
les conséquences de la concrétisation d'un risque lié aux technologies de
l'information et de la communication.
-
Analyse coût-avantage : coût des mesures de
sécurité contre le coût des conséquences d'une occurrence.
-
Déterminer les contrôles et les mesures de
sécurité permettant de protéger les actifs informationnels de l'entreprise.
-
Mettre à jour l'évaluation des
vulnérabilités notamment par des jeux d'essais (tentatives d'accès).
- Conception et mise en place d'un plan de continuité : prévoir des scénarios d'attaques ou d'incidents ainsi que les répliques correspondantes (plan de secours).
Après avoir pris
conscience de l'impact des nouvelles technologies sur les métiers de
l'expert-comptable, il faut engager la réflexion sur l'attitude à adopter face
à l'irruption de ces technologies. C'est l'objet de cette deuxième partie.
D'abord, la
profession doit-elle réagir stratégiquement à l'irruption des nouvelles
technologies ou miser sur l'autorégulation du marché et de l'économie ?
A notre avis, cette dernière option est à exclure. De très nombreux auteurs ne
cessent de souligner l'importance du risque inhérent aux stratégies
attentistes. Par exemple, dans un article paru en décembre 1999 dans
L'Expansion Management Review, Robert BRANCHE[36]
tente d'identifier les grandes lignes stratégiques permettant de réussir sur
Internet. « Le phénomène Internet est parti pour durer, mais les stratégies
d'attente sont risquées…» affirme-t-il en préambule à cet article fort
intéressant qu'il a intitulé "Les pionniers resteront les premiers".
Par ailleurs, évoquant le besoin de changement induit par la nouvelle économie,
la présentation de "Portrait de la Nouvelle Economie"[37]
confirme que « La question n'est plus de savoir si on doit y aller, mais de
savoir comment y aller, à quel moment et avec quels moyens.» Toujours à ce
propos et à l'intérieur du même ouvrage, les auteurs soutiennent que
l'hésitation n'est plus de mise, qu'il faut s'engager résolument et citent
Philip EVANS : « Une stratégie attentiste est généralement mauvaise. Mieux
vaut échouer cinq fois de suite pour avoir essayé trop tôt que d'échouer une
seule fois pour avoir essayé trop tard. »
Quant à une stratégie d'intégration
professionnelle des nouvelles technologies, ce n'est pas le terme de
"réaction" qui nous semble le plus adapté. A notre avis, les
changements que ces technologies imposent sont tellement rapides et
imprévisibles qu'il sera de toute façon impossible d'en suivre le rythme. Ce
qu'il faudrait faire, en revanche, c'est agir de manière proactive, tenter la
difficile conciliation entre ses projets d'avenir et les contingences de son
environnement actuel. Pour ce faire, il faudra anticiper les changements et
formuler des visions, des énoncés de la position que la profession souhaite
occuper à l'avenir dans son champ de concurrence[38].
Cette approche est
à la base des démarches de formulation de visions futures des professions
comptables entreprises aux Etats-Unis et au Canada. Après avoir décrit le
contexte dans lequel évolue la profession (changements rapides et profonds,
érosion de la position privilégiée des comptables agréés, apathie de la
profession), le rapport définitif du Groupe de travail pancanadien sur la
vision de la profession décrit ainsi la démarche retenue : « Il est vain de continuer à débattre des raisons
qui nous ont amenés à la situation où nous nous trouvons. Nous devons tirer un
enseignement de notre expérience sans nous appesantir sur le passé. La question
essentielle est la suivante : « et maintenant, qu'allons-nous faire ? » Cette
question en amène d'autres : « quelle est la mission des comptables agréés du
Canada ? », « quelle est notre vision collective du rôle que nous jouerons à
l'avenir ? », « comment prévoyons-nous réaliser cette vision ? »…».
La stratégie
d'intégration professionnelle des nouvelles technologies que nous proposons
dans ce travail procède d'une approche semblable. Mais pourquoi une telle approche
serait elle applicable à l'intégration des technologies par la profession
comptable ?
Les changements de l'environnement de la
profession, devenus rapides et profonds, justifient en grande partie les
démarches de vision auxquelles nous nous référons. Or, les technologies
comptent parmi les facteurs qui ont le plus favorisé ces changements. Le
rapport canadien et le rapport de l'AICPA (The CPA Vision Project ; 2011 and
beyond) s'accordent pour classer les technologies de l'information et de la communication
à la tête des forces agissant sur la profession comptable. Selon le rapport
canadien, le besoin de changement qu'il exprime résulte de la nécessité de
résoudre l'écart entre, d'une part, la réalité du marché, et d'autre part, la
façon dont la profession a réagi à cette réalité. L'analyse de cet écart a
permis de dégager huit points majeurs de déphasage dont les technologies de
l'information et de la communication.
Dans cette partie,
nous commencerons par développer les axes stratégiques de réaction (Chapitre
Premier). Ensuite, nous essayerons de discuter de la mise en œuvre de la
stratégie proposée (Chapitre Deuxième).
La stratégie
d'intégration par la profession des nouvelles technologies doit s'articuler
autour de deux axes majeurs : les clients et les compétences.
D'abord, les clients actuels et potentiels forment le
marché sans lequel la profession n'aurait pas de raison d'exister. Dans la
nouvelle économie, la réactivité forme la principale source d'avantage
concurrentiel. La promptitude à répondre à la demande du marché est aujourd'hui
plus déterminante que la taille ou l'importance des ressources économiques. Par
ailleurs, le nouveau mode d'organisation dit "en réseau" se fonde sur
la satisfaction des clients externes et internes. Si elle veut tirer parti des
avantages de la nouvelle économie, la profession comptable doit se tourner
résolument vers ses clients et son marché.
Ensuite, les compétences de la
profession forment l'essentiel de son patrimoine et l'élément qui la distingue
de ses concurrents. De toute évidence, l'intégration des nouvelles technologies
requiert l'acquisition de connaissances et de compétences dans le domaine de
l'informatique, des systèmes d'information et des outils de communication.
Toutefois, devant les changements rapides que connaissent ces technologies et
leur impact important sur l'environnement de la profession, celle-ci doit
soumettre ses connaissances et compétences dans ce domaine à une mise à jour
continue et systématique.
Dans
ce chapitre, nous présenterons successivement les deux axes stratégiques
suivants :
Surveiller et
anticiper la demande du marché (Section 1) ;
Actualiser les
connaissances et les compétences (Section 2).
Cet
axe stratégique vise d'un coté à mieux satisfaire la demande actuelle[39]
et d'un autre coté à prévoir et anticiper l'évolution de la demande[40].
Les experts-comptables
doivent être conscients de l'importance de la satisfaction client (§1) et
adopter une attitude proactive (§2). Face à des clients mieux informés, plus
compétents, donc plus exigeants (§3), ils doivent changer leur perception de la
relation client (§4) et gérer spécifiquement cette relation (§5). Enfin, ils doivent
prospecter les clients potentiels (§6) pour essayer de prévoir l'évolution de
la demande et, pourquoi pas, l'influencer (§7).
A l'instar de tous les marchés, la demande
de services d'expertise comptable est mobilisée par deux vecteurs :
-
la clientèle, appelée à
consommer ces services ;
-
et les besoins de cette clientèle qui la poussent à
formuler la demande.
Ainsi, la demande
actuelle correspond aux besoins actuels de la clientèle actuelle. Le champ des
opportunités inexploitées est donc beaucoup plus vaste que celui des affaires
en cours. Mais comment faire pour concrétiser la demande potentielle ?
A notre avis,
chaque praticien devra trouver sa propre réponse à cette question, car celle-ci
dépend dans une large mesure d'éléments subjectifs : aptitudes, forces et
faiblesses, capacités de communication, convictions, choix, etc. Il n'en est
pas moins vrai que la focalisation sur la clientèle actuelle reste le moyen le
plus sûr et le plus éprouvé de développer ses activités. D'un coté, des règles
déontologiques généralement reconnues (indépendance, interdiction du recours à
la publicité) limitent les activités de recherche et d'approche de prospects.
D'un autre coté, le "bouche à oreille" (recommandation à d'autres
clients) et la vente d'autres services aux clients actuels sont des démarches
qui n'ont cessé de prouver leur efficacité.
Néanmoins, pouvoir vendre à l'aide de ses
clients actuels suppose que ceux-ci soient entièrement satisfaits de la qualité
du service qui leur est rendu. Il apparaît donc clairement que le développement
des activités du cabinet passe par la satisfaction de la clientèle actuelle.
Ceci ne veut pas dire qu'il faut abandonner les efforts de prospection, mais
bien que ces efforts resteront vains tant que les clients actuels ne sont pas
entièrement satisfaits. Dans cette configuration, la satisfaction client semble
faire office de pont entre la demande actuelle et la demande potentielle. Ceci
illustre l'importance grandissante accordée à l'expérience client et à la
valeur perçue par le client dans les nouveaux modèles d'affaires. Ces derniers
placent le client, et à plus forte raison le client actuel, au centre de leurs
préoccupations.
Ce qu'il faut noter
ici, c'est que la qualité du service d'un point de vue strictement
professionnel ne suffit plus aujourd'hui à générer de la satisfaction client.
Dans une économie où la concurrence est de plus en plus acharnée et les
attentes des clients de plus en plus complexes, la satisfaction du client passe
aussi par la présentation formelle de la prestation, la qualité des relations
personnelles avec le client, la personnalisation du service, etc. Autant de
variables que l'on ne peut maîtriser que moyennant une focalisation accrue du
cabinet et de son système d'information sur la clientèle.
Pour être reconnus
comme leaders des professionnels de l'information, les experts-comptables
doivent se concentrer sur un objectif ultime : aider les chefs d'entreprises à
prendre des décisions mieux éclairées, plus rapidement. Pour ce faire, ils
doivent appuyer le management stratégique et le gouvernement d'entreprise,
imaginer et mettre en place des solutions nouvelles en matière de prise de
décision, faire adopter le risk management et la mesure de performance, etc.
Ils doivent sans cesse mettre à contribution leur créativité et leur sens de
l'innovation pour maximiser la valeur des informations dont les décideurs ont
besoin.
Toutefois, plusieurs raisons poussent les
experts-comptables à appliquer ces solutions nouvelles en premier dans leurs
cabinets. L'objectivité et l'honnêteté intellectuelle les empêchent de proposer
aux entrepreneurs des solutions que eux-mêmes ne maîtrisent pas. Il y va de
leur crédibilité et de leur réputation de professionnels sérieux. En même
temps, cette approche leur permet de minimiser le risque de faire subir au
client actuel ou potentiel un échec qui peut être lourd de conséquences. Par
ailleurs, cette attitude contribue à créer autour du cabinet un noyau de
compétence alimenté efficacement et durablement par des clients qui se prennent
en charge et prennent la peine d'innover en matière d'information financière et
de gestion.
Il appartient donc
à chaque professionnel de rationaliser la gestion de son cabinet auquel il
faudra appliquer autant que possible les méthodes de management suggérées aux
clients. Par exemple, chacun doit se fixer des objectifs et arrêter une
stratégie permettant de les atteindre. Chacun doit réviser périodiquement sa
stratégie et prendre les mesures tactiques nécessaires à sa concrétisation. Par
ailleurs, chacun doit tenir compte de ses forces et faiblesses ainsi que des
opportunités et menaces de son environnement afin de définir sa position
concurrentielle actuelle et celle qu'il souhaite occuper à l'avenir.
En optimisant la
gestion de l'information au sein du cabinet (fluidité, célérité, partage,
enrichissement, etc.), le professionnel sera à l'affût des moindres changements
de l'environnement où il opère. Grâce à son expérience et sa perspicacité, il
pourra même anticiper sur ces changements pour se donner la possibilité de les
assimiler et de les intégrer à temps. De cette manière, il sera capable
d'identifier les nouveaux besoins de ses clients avant même qu'ils n'y aient pensé.
En adoptant cette
attitude proactive, le praticien fait d'une pierre deux coups :
Il apporte à son client une valeur ajoutée certaine en
l'aidant à maîtriser les changements qui affectent son entreprise,
Il maîtrise lui-même sa gestion interne.
Finalement, en
aidant les décideurs à prévoir les changements de leur environnement, la
profession comptable confirme son leadership et maîtrise sa direction.
L'irruption des
technologies de l'information et de la communication est en train de provoquer
un changement fondamental dans la dynamique du marché. Celui-ci devient un
forum dans lequel les clients jouent un rôle actif[41]. Le
client fait désormais partie de "l'entreprise étendue".
Au sein de la
profession comptable, de plus en plus de clients interviennent, non seulement dans la fixation des conditions
techniques et financières des offres, mais également dans le déroulement des
missions. Cette participation du client est notamment observée dans les missions
de type assistance ou conseil. Ainsi, de plus en plus de professionnels font
appel aux compétences du client au sein de groupes de travail mixtes afin
d'assurer le déroulement efficace de certaines missions de conseil.
Grâce aux nouveaux
outils de collaboration, le transfert de compétences devient à double sens : du
professionnel vers le client et du client vers le professionnel. Mais
attention : si les professionnels peuvent considérer le client comme une source
de compétence, ils doivent aussi considérer une réalité : ce client est en
train de devenir un concurrent[42]. Du
moins, il devient autrement plus exigeant qu'auparavant.
Les professionnels
de la comptabilité doivent être conscients que le dialogue avec les clients se
joue d'égal à égal. Ils n'ont plus le monopole de l'accès à l'information.
Mieux informés, les clients posent des questions plus pertinentes et plus
pointues ; donc plus difficiles. Du coup, les praticiens sont obligés de se
surpasser, de déployer des efforts parfois violents de mise à niveau. D'un autre
coté, le niveau du dialogue est rehaussé, les échanges sont plus riches et plus
valorisants.
Dans ces conditions,
il devient critique de bien comprendre le but et le sens que le dialogue peut
avoir du point de vue du client. Désormais, il faudra apprendre à interpréter
correctement ce que l'on apprend des clients de façon à pousser plus loin le
dialogue et à en soutenir l'intérêt.
Comme nous l'avons souligné ci-dessus, la
qualité du service d'un point de vue strictement professionnel ne suffit plus à
gagner la satisfaction totale du client. La personnalisation du service et la
qualité de la communication avec le professionnel pèsent lourd dans
l'appréciation d'un client courtisé par une légion de vendeurs. La
personnalisation du service est fonction de la mesure dans laquelle le client
est placé au centre du système d'information du cabinet. Un cabinet dont la
gestion n'est pas ou pas assez tournée vers les clients ne pourra pas prétendre
offrir des services personnalisés. Par ailleurs, une communication de qualité
requiert également des qualités humaines, parfois innées.
Cependant, aussi
bien la réorientation du système d'information du cabinet que les qualités
humaines ne donneront les résultats escomptés que si elles s'inscrivent dans
une nouvelle attitude vis-à-vis du client. Celui-ci ne doit plus être perçu
comme une source de revenu, mais bien comme un allié et un accompagnateur pour
le développement du cabinet. Il faut bannir toute relation tendue ou conflictuelle
avec le client et encourager le dialogue et la compréhension mutuelle. Au lieu
de chercher obstinément à lui vendre un produit, il faut plutôt chercher à
aider le client dans la gestion et le développement de son entreprise.
L'expert-comptable gagnerait à faire régner entre lui et ses clients un climat
d'entraide et de solidarité. Ainsi faisant, il met ses clients en confiance et
conforte son image de professionnel éminent, discret et honnête.
Il faut ici noter
que du point de vue du client, la personnalisation du service passe souvent par
la personnalisation de la relation le liant à son expert-comptable. Il ne faut
pas sous-estimer ce facteur psychologique. Aussi ne faut-il pas donner pour
perdu le temps passé avec un client à discuter de ses affaires personnelles, de
ses plans et de ses aspirations. Certains experts-comptables commencent à
rassembler dans la base de données du cabinet des renseignements personnels sur
les clients comme l'âge des enfants, l'école qu'ils fréquentent, etc. De cette
façon, lorsqu'un client téléphone, le professionnel peut appeler à l'écran ce
type d'information et demander courtoisement des nouvelles de la famille du
client.
Enfin, il faut bien
connaître le domaine d'activité du client, savoir se mettre à sa place. Il est
également important de passer une partie du temps consacré au client dans les
locaux de ce dernier. Connaître les personnes qui se cachent derrière
l'entreprise permet de bâtir un rapport de loyauté.
Les technologies de
l'information et de la communication peuvent être d'un grand apport aux
entreprises en général, et aux cabinets d'expertise comptable en particulier
dans leurs efforts visant à mettre les clients au centre de leurs
préoccupations. C'est dans ce cadre que l'on assiste à la montée en puissance
de plusieurs outils de gestion de la relation client, Customer Relationship
Management (CRM) en anglais. Ces outils portent en réalité le nom d'une
nouvelle notion en gestion.
Selon Bob ANGEL[43] : «
La gestion de la relation client (CRM) porte essentiellement sur la façon de
servir – et de conserver – ses bons clients. Cette technique recouvre tout
autant le fait d'accueillir chaleureusement et simplement le client ou celui de
faire appel à un système de technologies de l'information ultra-perfectionné
pour suivre ses préférences et ses habitudes, et lui offrir une expérience plus
personnalisée. Elle ne devrait pas être utilisée pour accroître les ventes sur
un marché de masse, mais bien pour favoriser la fidélité et la confiance
des clients. »
Mais au delà de la
fidélité et de la confiance, les systèmes CRM ambitionnent d'instituer un
contact permanent avec le client, destiné notamment à sonder ses besoins. En tant qu'outil, le CRM ne se suffit pas à
lui-même. Il constitue en revanche une partie importante de la refonte du
système d'information pour le focaliser sur les clients et devrait être
complété par des outils visant à assurer une forte réactivité auprès des clients. Selon les moyens et les
objectifs du cabinet, la mise en place réfléchie, prudente et graduelle des
outils intranet, extranet, Internet et Knowledge Management devrait compléter
avantageusement le CRM[44].
Enfin, il faut souligner que le CRM relève avant tout de la politique
générale et de la culture d'entreprise. La technologie doit suivre et non
l'inverse. Un collaborateur maladroit peut anéantir les effets positifs du CRM
si ses paroles ou ses actes donnent à penser que l'organisation ne comprend pas
ses clients ou ne leur accorde aucune importance. De même, le CRM pourrait
paradoxalement occasionner la frustration des clients si l'organisation n'est
pas assez réactive.
Au delà du développement des relations qu'ils ont avec leurs clients
actuels, les experts-comptables doivent s'efforcer d'établir de nouvelles
relations avec des clients potentiels. Le but de cette approche est d'éveiller
le client à ses propres besoins et aux services que l'on offre. Le praticien
doit saisir les besoins du client et les formuler en fonction des services
qu'il peut lui offrir. Il s'agit en fait d'adapter les services du cabinet aux
besoins des clients. C'est là que réside toute la subtilité de l'approche.
« Les ventes sont, pour toute entreprise, aussi
importantes que le produit ou le service. C’est l’application disciplinée de
stratégies de vente reconnues qui permet aux entreprises de croître. »[45]
Si ces stratégies s'appliquent parfaitement aux cabinets d'expertise comptable,
les professionnels hésitent souvent à rechercher activement de nouvelles
opportunités d'affaires. Cette réticence est due en grande partie à la
déontologie professionnelle qui proscrit le démarchage et la publicité
individuelle.
Certes, l'appartenance à une profession réglementée présente plusieurs
avantages qu'il convient de préserver : protection des titres professionnels,
crédibilité, exclusivité du droit d'exercice, etc. Néanmoins, le cabinet
d'expertise comptable reste une entreprise économique à but lucratif au sein de
laquelle la fonction vente doit être assurée. Grâce à son expérience et son
professionnalisme, l'expert-comptable doit concilier ses objectifs de chiffre
d'affaires et de rentabilité avec les contraintes d'ordre déontologique et
réglementaire.
La participation à des activités sociales ou à des manifestations
économiques peut constituer pour le praticien une occasion propice de s'exercer
dans le rôle de vendeur. Le praticien peut lui-même organiser des événements
destinés à faire connaître son offre de service des gens d'affaires :
déjeuners-débat, rencontres périodiques, etc. Par ailleurs, l'organisation et/
ou l'animation de séminaires peut accroître la notoriété et la visibilité du
professionnel. Il en est de même de l'enseignement.
Mais la nouveauté des dernières années en matière de prospection est la
mise en place de sites Web et/ ou d'extranets. De plus en plus de cabinets se
munissent de sites Web pour se faire connaître. Ces sites prennent souvent la
forme de portails professionnels. En réservant certaines ressources internes
aux clients actuels, certains cabinets attisent la curiosité des internautes
qui les contactent et finissent par devenir clients.
L'utilisation de la toile mondiale à des fins de prospection appelle de
notre part quelques remarques :
D'abord, dans
plusieurs pays dont la Tunisie, la position des normes déontologiques vis-à-vis
des sites Web des cabinets n'est pas tranchée et la question suscite toujours
un débat animé. En France par exemple, la Charte déontologique prévoît que les
experts-comptables peuvent librement créer des sites Web et communiquer leur
adresse e-Mail, l'accès à l'information en ligne supposant un acte volontaire
de la part du demandeur. En contrepartie, la communication doit rester
discrète, de bon goût, vérifiable, et s'abstenir de tout caractère laudatif,
promotionnel, comparatif. Elle doit répondre aux besoins des utilisateurs.
Selon ces besoins, la charte subdivise les sites en 3 niveaux d'accès :
§
Niveau 1 : accessible librement par tous les utilisateurs ;
§
Niveau 2 : accessible par un code d'accès commun à tous les utilisateurs qui
le demandent ;
§
Niveau 3 : accessible seulement par un mot de passe spécifique à chaque
utilisateur.
Ensuite, la réussite de ce type de stratégie est tributaire du respect
des règles du jeu Internet, et notamment la gratuité. C'est pourquoi l'accès
libre, temporaire ou permanent, à tout ou partie des ressources proposées est
souvent mis en avant. Enfin, en l'absence d'un mécanisme de suivi et de mesure
de l'efficacité, l'utilisation des sites électroniques reste une stratégie
passive dépourvue de tout élan proactif.
Les experts-comptables doivent prévoir l'évolution des besoins de leurs
clients, mais ils doivent surtout être capables de l'influencer en déterminant
les nouveaux besoins avant même que les clients en aient conscience. Mais
n'est-il pas prétentieux de vouloir créer la demande à l'ère du client-roi ?
Notre avis est qu'au contraire, cette approche est la plus rationnelle
et pragmatique qui soit. En effet, toutes les offres ne sont pas capables de
provoquer une demande. Les seules offres qui pourraient y parvenir sont celles
qui résultent d'une bonne anticipation des besoins des clients. Or, cette
anticipation n'est possible que moyennant une communication efficace avec
toutes les composantes du marché ainsi qu'une écoute client continue et de
qualité. Finalement, on ne crée pas une demande du néant, mais on essaie
d'anticiper les besoins futurs du marché, de les reformuler et de les
canaliser.
La volonté de provoquer la demande est donc la forme la plus aboutie de
focalisation sur la clientèle. Elle peut être exercée à plusieurs niveaux :
expert-comptable à titre individuel, groupements ou réseaux de professionnels,
instances professionnelles internationales, nationales, régionales,
partenariats avec d'autres corps professionnels, etc.
Cet axe stratégique vise d'un coté à promouvoir la crédibilité de la
profession dans le domaine des technologies de l'information et de la
communication[46]
et d'un autre coté à favoriser la prise en charge par chaque professionnel de
sa propre formation[47].
Les
experts-comptables doivent partir d'une conscience de l'importance de leur compétence
professionnelle (§1) et de la vraie portée de la désintermédiation (§2) pour
reconsidérer leurs compétences de base (§3) et évaluer leur degré de
crédibilité dans le domaine des technologies de l'information et de la
communication (§4). Cette crédibilité passe nécessairement par la compétence
qui doit désormais se baser sur l'auto-formation (§5) et les nouveaux outils de
gestion du savoir (§6).
Selon l'IEG 11 de l'IFAC, la compétence désigne la capacité à exécuter
des tâches professionnelles à un niveau défini par des normes professionnelles.
La capacité suppose la combinaison de connaissances théoriques pertinentes et
d'aptitudes pratiques diverses.
Sans connaissances et
compétences, toute tentative de focalisation sur la clientèle restera vaine. La
compétence constitue le fondement de toute réussite future de la profession,
car c'est avant tout cette compétence qui la distingue de ses concurrents.
Outre la volonté de se démarquer, cette attitude témoigne d'un engagement à
suivre l'évolution du marché et à continuer à satisfaire une demande toujours
plus complexe et plus hétérogène.
La compétence de la
profession a toujours été et doit rester son principal atout. Tout
professionnel sérieux et responsable doit continuellement parfaire sa formation
et enrichir son curriculum. Toutefois, aucun individu ne peut se prévaloir
d'une compétence universelle. Un seul individu, quelles que soient ses
capacités intellectuelles, ne peut sérieusement prétendre maîtriser des
disciplines aussi différentes que le droit et la finance ou l'organisation et
la fiscalité. Partant de ce constat, on a commencé à reconnaître la
spécialisation, qui est même devenue un garant de la crédibilité de la
profession.
En se mettant à la
spécialisation, l'expert-comptable fait preuve d'une honnêteté intellectuelle
qui ne peut qu'accroître la confiance de ses clients. Si ces derniers le
consultent sur un problème pointu dans lequel il n'est pas très compétent, il
pourra faire appel à un collègue ou à un partenaire. Désormais, les clients
feront appel à la compétence collective de toute la profession ; et à ce titre,
ils devront faire confiance à la profession dans son ensemble.
En résumé, le
maintien de normes élevées de compétence doit être au cœur de toute stratégie
de développement de la profession. Afin d'atteindre cet objectif, les
responsables de la profession et les professionnels sont face à deux dosages
délicats :
entre connaissances théoriques et aptitudes pratiques d'une
part ;
entre polyvalence et spécialisation d'autre part.
Ces dosages
déterminent dans une large mesure les grandes options stratégiques en matière
de formation des experts-comptables, qu'il s'agisse de la formation initiale ou
continue.
L'expert-comptable
qui, autrefois, était la principale source d'une information essentielle à la
prise de décisions, n'est plus aujourd'hui que l'un des maillons d'un système
de diffusion de l'information de plus en plus complexe et déstructuré. Face à
la réalité de la prépondérance des technologies de l'information et de la
communication, chaque praticien doit se repositionner sur la chaîne de
traitement de l'information. Partant de sa conscience qu'il n'est plus le seul
à détenir la totalité de l'information de gestion, il doit développer ses
compétences en dehors du domaine de la simple tenue de livres comptables. En
fonction de la demande et de ses capacités d'apprentissage, il pourra
redéployer ses compétences vers les domaines de l'assistance comptable, de
l'élaboration des tableaux de bord, du conseil en management, etc. Mais le
domaine de la certification reste celui privilégié par les instances de la
profession pour en assurer la pérennité.
Au lieu
d'être perçue comme une menace, la désintermédiation pourrait être considérée
comme une opportunité à saisir. Dans ce cadre, il faut noter que le domaine de
la certification est bien servi par les technologies de l'information et de la
communication. La complexification et l'intégration croissante des systèmes
d'information, la surabondance et le besoin de contrôle des flux d'information
sur le Net, l'internationalisation des entreprises et des transactions et le
développement du commerce électronique présentent des réserves extraordinaires
de travail pour les auditeurs tant légaux que contractuels.
Les
experts-comptables ne peuvent sérieusement prétendre faire évoluer leur
curriculum sans partir d'une profonde compréhension des compétences de base de
la profession, c'est-à-dire les principaux domaines où les experts-comptables
sont appelés à développer des connaissances et des aptitudes.
Dans le contexte
actuel caractérisé par des changements rapides et profonds de l'environnement,
les compétences de base sont pour la profession un point de repère
indispensable. Cette approche promeut considérablement l'enracinement et
l'esprit d'appartenance des professionnels et permet d'éviter les mésaventures liées
à l'exercice dans des domaines de compétence étrangers à la profession. Par
ailleurs, si les attentes du marché deviennent volatiles pour ce qui est des
connaissances et des aptitudes, elles restent constantes lorsqu'il s'agit des
valeurs caractéristiques de la profession : intégrité, objectivité, excellence,
etc. Finalement, l'expert-comptable est un professionnel de l'information qui,
partant de ses valeurs et de ses compétences de base, doit sans cesse enrichir
son curriculum et en faire bénéficier le public.
Mais quelles sont ces compétences de base ? Il est évident que la
comptabilité, la fiscalité, la finance et le droit des affaires constituent les
domaines de compétence habituels des experts-comptables. Il est également vrai
que les professionnels sont de plus en plus sollicités sur le terrain des
critères non financiers de mesure de la performance organisationnelle. Enfin,
selon l'IEG 11 de l'IFAC, les technologies de l'information constituent l'une
des compétences de base des professionnels de la comptabilité.
Selon le rapport définitif du Groupe de Travail
pancanadien sur la vision de la profession (datant de 1996), « notre avenir dans le secteur des
technologies de l'information dépend de la façon dont nous nous adapterons et
réagirons aux technologies qui émergent, et de la mesure dans laquelle les CA
parviendront à s'affirmer comme maillons indispensables dans le cadre des
nouvelles méthodes de création, de communication, d'analyse et de décision en
matière d'information sur la performance des organisations, rôle rendu possible
grâce aux progrès des technologies de l'information et des communications. »
Pourtant, dans son rapport définitif émis en janvier 1998, le Groupe de
Travail de l'ICCA sur les Services de Certification (GTSC) a notamment observé
que la profession comptable manquait de crédibilité dans le domaine des
technologies de l'information. Selon le GTSC, d'autres prestataires de services
sont considérés comme étant plus compétents que les experts-comptables dans ce
domaine et qu'ils sont les fournisseurs de choix de ce domaine.
Dans ce contexte, le développement de connaissances et compétences en
matière de technologie revêt une importance capitale pour la profession. En
témoigne l'IEG 11 de l'IFAC qui, en sept ans d'existence, a été révisée deux
fois et a changé d'intitulé une fois. Publiée en décembre 1995 sous le titre
"Information Technology In The Accounting Curriculum", cette norme a
été révisée en juin 1998 puis en décembre 2002. A l'occasion de cette deuxième
révision, l'intitulé de la norme devient : "Information Technology for
Professional Accountant" ; une modification qui veut souligner l'importance
de l'aspect pratique de l'apprentissage, des rôles et des missions de
l'expert-comptable et de l'approche empirique de normalisation.
L'objectif de l'IEG 11 est d'assister les organisations membres (de
l'IFAC) dans la préparation des professionnels de la comptabilité à exercer
dans un environnement informatisé. Pour les auteurs de la norme, les
professionnels de la comptabilité doivent faire preuve de compétence dans
l'utilisation des technologies de l'information et des systèmes d'information.
Si les instances professionnelles ont un rôle important à jouer dans la
promotion de la crédibilité en matière de technologies de la profession dans
son ensemble, la crédibilité de chaque professionnel à titre individuel dépend
de ses efforts personnels et des initiatives qu'il prend. Dans ce contexte, les
compétences d'utilisateur des nouvelles technologies sont très importantes pour
la crédibilité du professionnel. L'IEG 11 classe les compétences d'utilisateur
parmi les compétences de base en ce sens qu'elles contribuent au développement
de compétences plus pointues[48].
Par exemple, on imagine mal un expert-comptable qui n'a pas de compte E-mail
assurer une mission d'accompagnement à la mise en place d'un ERP.
Dans le domaine des nouvelles technologies comme dans tous les autres
domaines de compétence, il incombe désormais à chaque professionnel de prendre
en charge sa propre formation. Là encore, la communication (la forme) est
presque aussi importante que l'(in)formation (le fond).
L'histoire des dix à quinze dernières années
nous l'enseigne : personne ne peut prévoir les connaissances, ni les
compétences dont aura besoin l'expert-comptable en l'an 2010. Dans un
environnement où le savoir se renouvelle à un rythme effréné, les
professionnels de la comptabilité gagneraient à prendre en main leur propre
formation. Ceci est d'autant plus urgent que les attentes du marché à l'égard
de la profession ne cessent d'évoluer.
Sur le plan de la sémantique, comptable veut dire responsable. Pour
mériter son nom, la première chose dont tout comptable doit se soucier est sa
propre formation. Chaque praticien doit se prendre en charge en assurant
lui-même sa formation. S'il est vrai que ce raisonnement s'applique plus
facilement à la formation continue, la culture d'indépendance et d'autonomie
devrait également être inculquée aux postulants au diplôme d'expert-comptable
dès le début de leur formation universitaire. Selon M. Abderraouf YAICH[49], « l’enseignant doit abandonner le rôle de l’unique véhicule des
savoirs vers un rôle de facilitateur d’apprentissage semblable à celui d’un
coach qui aide ses joueurs à faire jaillir le meilleur d’eux mêmes. »
Dans une société
gouvernée par l'information, apprendre n'est plus suffisant car cette action
est figée : elle permet d'acquérir des connaissances à une date donnée. «
Désormais importe moins l'accumulation des connaissances que le développement
des facultés d'apprentissage. Il s'agit moins d'apprendre que d'apprendre à
apprendre. »[50] Ce raisonnement vaut
tant pour les étudiants en expertise comptable que pour les experts-comptables,
appelés pour plusieurs à "réapprendre à apprendre".
Les technologies de l'information et de la
communication, et surtout Internet, facilitent la prise en charge par chacun de
sa propre formation. Grâce aux technologies, l'apprentissage, qui relevait
autrefois d'une démarche passive et réceptive, devient une recherche active et
passionnée de savoir. Par exemple, l'accès distant, souvent gratuit, à des
ressources documentaires constitue une aubaine pour plusieurs étudiants et
professionnels.
En passant de l'ère industrielle à l'ère de l'information, nous passons
également d'une entreprise dont la valeur est fondée sur l'accumulation du
capital financier à une entreprise dont la valeur est fondée sur l'accumulation
collective de matière grise, de capital savoir. Partant de ce constat, toute
entreprise se doit de préserver et de développer son capital savoir autant que
son capital financier. Cela vaut à plus forte raison pour les professionnels de
l'information que sont les experts-comptables.
Dans un rapport intitulé Gérer les
connaissances ; Défis, enjeux et conduite de projet, le CIGREF (Club Informatique des GRandes Entreprises Françaises)
définit la gestion des connaissances[51]
comme « Un ensemble de modes d’organisation et de technologies visant à créer,
collecter, organiser, stocker, diffuser, utiliser et transférer la connaissance
dans l’entreprise. Connaissance matérialisée par des documents internes et
externes, mais aussi sous forme de capital intellectuel et d’expérience détenus
par les collaborateurs ou les experts d’un domaine. »
Il faut ici préciser que toutes les entreprises font de la gestion des
connaissances sans s'en rendre compte. L’enjeu et la difficulté sont d’en
prendre conscience et de systématiser les pratiques existantes afin de les
optimiser. Il s'agit en définitive de mieux gérer la connaissance. Le schéma
suivant tente d'analyser les objectifs de la gestion des connaissances :
Source : CIGREF. Gérer les connaissances ; Défis, enjeux et conduite de
projet. Octobre 2000.
Au sein du cabinet d'expertise comptable, l'objectif est de « créer une
boucle fluide et permanente d'information de manière à :
gagner en qualité et en
quantité d'information utile,
gagner du temps partout
(tâches administratives et de production),
détecter et développer de
nouvelles missions,
mesurer et développer la
satisfaction clientèle,
mieux piloter son cabinet et
sa stratégie de développement. »[52]
Pour ce faire, il faut notamment utiliser une panoplie de logiciels au
fonctionnement articulé et complémentaire :
-
Datamart (collecter l'information).
-
Datamining (analyser et exploiter l'information).
-
Datawarehouse (stocker et enrichir l'information).
-
Business
Intelligence (décider).
Certes, ces outils peuvent être utilisés pour capitaliser la documentation technique du cabinet. Toutefois, il importe de souligner qu'ils ont été développés pour servir la focalisation sur les clients et que ce n'est que dans ce contexte qu'ils donnent les résultats escomptés.
Il est vrai que la mise en œuvre des deux axes
stratégiques développés dans le premier chapitre requiert une forte implication
des praticiens à titre individuel et des instances collectives de la
profession. Toutefois, cette implication restera sans effet si elle n'est pas
sous-tendue par un véritable changement de mentalités et d'attitudes dans le
sens d'une adaptation à la société de l'information et à la nouvelle économie.
D'un coté, il faudra adhérer à une culture NTIC, se former et s'imposer en
premier ce qui paraît constituer la demande future des clients : nouvelles
solutions d'information et de communication, méthodologies de gestion de
projets, démarches qualité, etc. D'un autre coté, il faudra pouvoir recourir
avec souplesse et assurance à de nouveaux modèles d'affaires (business models)
afin de créer un réseau de compétence qui, seul, pourra préserver l'efficacité
économique des cabinets et la crédibilité des professionnels.
Parmi ces modèles, les partenariats et les
alliances auront à jouer un rôle très important dans le développement de la
profession comptable. Par exemple, les nouvelles missions de conseil à forte
valeur ajoutée ne peuvent être assurées convenablement sans recourir, au sein
d'équipes multidisciplinaires, à des spécialistes ayant notamment les profils
d'ingénieurs et d'informaticiens. Par ailleurs, et à l'échelle de la
profession, une alliance stratégique avec l'université nous paraît d'une
importance capitale. Le soutien de l'université sera notamment nécessaire pour
redéfinir les orientations de la formation initiale et mettre en place la
formation continue.
Dans les développements suivants, nous
traiterons d'abord l'aspect individuel de la mise en œuvre de la stratégie à
travers l'infrastructure et l'organisation du cabinet (Section 1). Ensuite,
nous soulignerons l'importance et le rôle des nouveaux modèles d'affaires
(Section 2). Enfin, nous aborderons les rôles que les instances
professionnelles (Section 3) et l'université (Section 4) sont appelées à jouer
dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie d'intégration des nouvelles
technologies.
Il est évident que les efforts d'intégration des technologies doivent
commencer dans les cabinets. Avant d'appréhender le volet collectif d'une
stratégie, "chacun doit commencer par soi-même". Dans cette section,
nous développerons les aspects de la stratégie applicables au cabinet
d'expertise comptable en particulier. Il sera question des aspects humains,
organisationnels et technologiques. D'abord, nous essayerons de décrire le lien
entre l'architecture du système d'information et l'organisation du cabinet
(§1). Ensuite, nous aborderons le volet technique de la mise en œuvre : outils
de groupware et de workflow (§2), outils de communication de types Internet,
intranet et extranet (§3) et politique de sécurité (§4). Enfin, nous étudierons
l'effet de la mise en œuvre de la stratégie sur la culture du cabinet (§5) et
la façon de travailler des membres du cabinet (§6).
Pour accéder aux avantages potentiels des
nouveaux systèmes d'information (accès facile et en temps réel à l'information,
souplesse et convivialité, interopérabilité, partage, productivité, réactivité,
etc.), l'expert-comptable est obligé de revoir ses méthodes de management. Au
sein d'un cabinet organisé en réseau, le travail en équipe est le nouveau mot
d'ordre. Le management par objectif investit les équipes et les groupes
fonctionnels de responsabilités élargies. La hiérarchie contrôle la réalisation
des objectifs et non plus l'organisation du travail au sein du groupe.
L'unicité de l'objectif et la motivation des individus par rapport à cet
objectif fait émerger des règles du jeu souples basées sur le partage, la
coordination, la collaboration, etc. Au lieu des tâches de supervision à
connotation coercitive, le manager se charge de motiver, d'animer et de conseiller
les membres du groupe. Dans ce contexte, de nombreuses procédures de contrôle
interne deviennent inopérantes.
Responsabilisés, les
groupes et les individus qui les composent n'ont pas besoin d'être surveillés.
En revanche, ils ont besoin d'une autonomie et d'un pouvoir accrus car ils ont
besoin des moyens de leurs objectifs. Le groupe choisit quand et comment faire
le travail compte tenu de ses obligations envers l'organisation : délais, qualité,
productivité, etc. De leur coté, les individus s'organisent librement en
fonction des objectifs du groupe et des objectifs partiels qui leur sont
attribués : travail à domicile, horaires flexibles, etc. Ainsi, une partie non
négligeable du pouvoir de décision est transférée vers les gens qui exécutent
le travail. La supervision de l'activité des collaborateurs s'inscrit désormais
dans une logique de rapprochement des objectifs avec les réalisations.
L'avènement de l'informatique de réseau dans
le cabinet favorise la migration vers une organisation transversale plus
propice à la prise d'initiative et à la créativité. Le cabinet se découvre
alors une capacité d'innovation qui est « à la fois un critère de
différenciation fort et une formidable source de motivation pour les
collaborateurs. »[53] L'on découvre alors que l'intérêt des
dirigeants peut aller de pair avec l'épanouissement de leurs collaborateurs.
Aujourd'hui, en effet, gouverner n'est plus
seulement décider, c'est aussi communiquer, faire partager une vision par ses
associés, ses collaborateurs, ses clients[54]. Les dirigeants doivent maintenant
réorganiser leurs cabinets, découvrir la faculté d'auto-organisation de ces
cabinets en donnant à chacun la possibilité d'utiliser son imagination pour créer
de nouvelles activités, améliorer le climat relationnel, créer une culture
d'entreprise, etc. Le collaborateur reprend une véritable place et son
épanouissement personnel est autant recherché que son efficacité. Il devient
émetteur (d'information, d'opinion, d'idée) là où il n'était qu'un simple
destinataire d'ordres ou de messages.
Par ailleurs,
l'exploitation et la capitalisation des connaissances – devenues pléthoriques – du cabinet nécessite un partage poussé de
l'information. De plus en plus de cabinets ont tendance à développer des noyaux de
compétence, des forums où la connaissance s'échange et s'élargit pour former la
mémoire ou le patrimoine intellectuel du cabinet. Ces noyaux de compétence
contribuent largement au développement d'une intelligence collective et à
atténuer la vulnérabilité du cabinet au départ de collaborateurs expérimentés
ou spécialisés.
Enfin, cette nouvelle organisation souple et
transversale a quand même besoin de points de repère. C'est là qu'intervient la
notion d'organisation orientée client. Aujourd'hui, beaucoup de cabinets
organisent leurs bases de données autour des clients. Dans un environnement
hautement concurrentiel, la réactivité et la personnalisation sont des éléments
déterminants dans la décision du client. Au delà de cet aspect stratégique, la
notion de client interne permet de rationaliser le fonctionnement des processus
internes en le focalisant sur l'utilisateur immédiat de leur travail.
En définitive, l'enjeu réel des nouveaux
systèmes d'information est d'abord organisationnel puis informatique. Aussi,
l'implantation de ces systèmes ne donnera une amélioration de la productivité
et de la qualité du service rendu au client que si l'adaptation nécessaire au
niveau des mentalités et des comportements est bien intégrée par le personnel
du cabinet. « Tant sur le plan des processus de travail que sur un plan
individuel, la réussite passe par l'appropriation du système par les
utilisateurs. »[55]
Le travail en groupe nécessite de communiquer,
de coopérer, de partager l'information, de se concerter, de se réunir et de
coordonner les actions des individus. Or, les collaborateurs appartiennent
généralement à plus d'un groupe fonctionnel et chacun doit gérer plusieurs engagements
à la fois. Il devient de plus en plus délicat et coûteux de concilier les
emplois du temps des membres d'un groupe donné pour les réunir dans un même
endroit. C'est là que se situe l'apport du groupware qui affranchit le travail
en groupe des contraintes de temps et d'espace.
Si le concept d'informatique de groupe –
également désigné par les termes groupware, collecticiel ou travail collectif
assisté par ordinateur – reste assez flou et évolutif, il fait toujours
référence aux notions de communication, coordination, échange, coopération,
etc.
Le groupware est destiné à faciliter
Communication, Coordination et Coopération entre les membres d'une équipe en
particulier et de l'organisation en général. Pour ce faire, il met à la
disposition des utilisateurs les fonctionnalités suivantes :
-
le courrier électronique ;
-
les conférences électroniques, conférences audio et visioconférences ;
-
la gestion des agendas électroniques ;
-
la gestion et le partage de documents multimédia (GED : Gestion
Electronique de Documents) et de bases de données structurées.
C'est donc un outil dont la mise en place au
sein du cabinet d'expertise comptable peut s'avérer très judicieuse en vue
d'améliorer la productivité et la réactivité. Toutefois, étant donné le coût
élevé des solutions les plus connues sur le marché, il ne faut engager un tel
investissement qu'une fois tous les préalables réunis : taille critique du
cabinet, bon niveau d'informatisation, bon climat social, personnel motivé,
etc.
Par ailleurs, le groupware peut
avantageusement être complété par un outil organisant la circulation des
documents électroniques à l'image de l'organisation réelle du cabinet : l'outil
workflow (gestion automatisée des flux de travail). Par rapport au groupware,
le workflow joue un rôle de suivi et de contrôle. Il permet en effet de suivre
l'évolution de chaque document au sein de l'organisation en retraçant les
transmissions et les modifications dont il a fait l'objet. Au sein du cabinet
d'expertise comptable, l'outil workflow permet d'apporter davantage de valeur
ajoutée en réduisant les délais et minimisant les risques d'omissions et
d'erreurs.
Cette recherche de valeur ajoutée devrait
également être à la base des projets groupware au sein des cabinets. La valeur
ajoutée perçue par le client externe est le fruit des valeurs ajoutées
éprouvées par les collaborateurs du cabinet. Ces derniers bénéficient en effet
de la souplesse et la richesse nouvelles du système d'information et de plus de
responsabilité et d'autonomie ; ce qui accroît leur motivation et valorise
leurs carrières. Ceci rejaillit favorablement sur la qualité du travail
accompli et la valeur de la prestation du point de vue du client.
Internet désigne un réseau mondial de réseaux
utilisant de façon homogène le protocole de communication TCP/IP. Créé au début
des années 1970, le réseau Internet permet aujourd'hui d'interconnecter des
millions de serveurs Web et des dizaines de millions d'utilisateurs dans le
monde entier, grâce à l'utilisation d'un protocole unique et standardisé.
Un intranet résulte de l'utilisation de tout
ou partie des technologies et des infrastructures d'Internet pour transporter
et traiter les flux d'informations internes d'un groupe d'utilisateurs
identifiés.
Le système extranet se situe à mi-chemin entre
Internet et intranet. Si la population d'utilisateurs d'un intranet est
caractérisée par son appartenance à une même entité (organisme, société,
groupe, etc.), celle d'un extranet déborde le champ de cette entité pour
inclure certains de ses partenaires : clients, fournisseurs ou autres. Ces
partenaires sont nécessairement identifiés et habilités comme dans un intranet.
Les technologies utilisées sont celles d'Internet. Le réseau de
télécommunications peut être Internet ou un réseau privé.
En définitive, la différence entre Internet, intranet et extranet réside surtout dans la portée des services offerts, c'est-à-dire les différentes communautés d'utilisateurs concernés.
La mise en place de ces nouveaux outils de
communication procure au cabinet d'expertise comptable de multiples services à
valeur ajoutée : messagerie, partage, accès distant de données. En atténuant
les barrières spatio-temporelles à la communication, ces services augmentent
l'efficience et la productivité des collaborateurs et donc l'efficacité du
cabinet. Cependant, la mise en place de ces outils doit être prudente et
graduelle. L'implantation de la technologie ne doit pas être en avance sur les
besoins réels de l'organisation ; même si une petite avance contribue souvent à
accélérer des changements organisationnels bénéfiques.
Ainsi, on pourrait
commencer par la mise en place d'un intranet. Pour le faire, il suffirait d'un
réseau local, d'un logiciel de groupware et d'une bonne gestion de projet.
Mieux encore, certains sites Web proposent gratuitement[56]
des espaces de travail de type intranet. Si cette expérience s'avère concluante, il
pourra être envisagé d'ouvrir progressivement l'intranet à certains
utilisateurs externes à l'organisation. On est alors dans une configuration
extranet. A notre avis, ce n'est qu'après ces deux phases (inranet et extranet)
que l'on peut considérer l'ouverture du réseau interne du cabinet sur le réseau
mondial. Plusieurs questions, dont notamment la sécurité, doivent alors être
mûrement réfléchies.
Le cabinet qui ouvre son système d'information à ses collaborateurs, au
cabinet ou distants (intranet ou Internet), à ses clients ou à ses partenaires
(extranet ou Internet) augmente forcément sa vulnérabilité aux agressions
logiques et physiques. Les conséquences d'une protection défaillante peuvent
être désastreuses en termes de productivité, d'organisation, de réputation et
d'image, de responsabilité, etc.
Il convient donc d'analyser les risques qui pèsent sur son système et
de développer en conséquence une politique de sécurité visant à protéger ses
ressources informationnelles des intrusions, destructions ou détournements.
La mise en œuvre de cette politique requiert principalement :
-
L'installation
de certaines composantes logicielles nécessaires : murs coupe-feu, logiciels
anti-virus et systèmes de détection des intrusions.
-
La mise en place
d'un plan de secours prévoyant des scénarios d'attaques ou d'incidents, les
parades correspondantes ainsi que la couverture des risques spécifiques par des
contrats d'assurance, etc.
Au delà, le cabinet doit communiquer efficacement sur sa politique de
sécurité. Tous les collaborateurs doivent se sentir concernés. Ils doivent être
conscients qu'une protection défaillante du système d'information équivaut
souvent à un manquement à l'éthique professionnelle qui peut engager leur
responsabilité. La sensibilisation et la formation des divers intervenants aux
problèmes de confidentialité et de sécurité sont donc primordiales. Par
exemple, le choix et la gestion des mots de passe doivent être entourés de la
rigueur et de la vigilance nécessaires.
Si la sécurité doit être appréhendée comme un ensemble de règles
librement consenties, la politique de sécurité doit être stricte. En utilisant
le système, les collaborateurs doivent savoir que tout ce qui n'est pas
explicitement autorisé est interdit. Ils doivent s'engager, formellement s'il
le faut, à respecter la confidentialité des données qu'ils manipulent. La
disponibilité et le partage des données ne doivent pas être interprétés comme
une entorse aux règles déontologiques de secret professionnel et de discrétion.
Au contraire, le respect de ces règles doit commencer à l'intérieur du
cabinet. La communication entre les équipes doit être limitée au strict
nécessaire et les droits d'accès aux dossiers doivent être gérés de manière
rigoureuse. Un système dit "de muraille de Chine" limite l'accès d'un
collaborateur aux seuls documents concernant la mission ou la tâche qu'il
traite. Enfin, les utilisateurs doivent être informés des risques qu'ils font
encourir en cas de non-respect des consignes de sécurité.
Les produits de sécurité nécessitent un investissement de départ pour
l'installation, mais aussi un suivi constant : scruter les fichiers de comptes
rendus d'activité et de statistiques, procéder aux mises à jour des logiciels
anti-virus, veiller à l'application d'une politique de sauvegarde des données,
etc. Ces tâches peuvent faire partie de la fiche de fonctions de
l'administrateur réseau ou être attribuées à une personne dédiée au suivi de la
sécurité du système.
Sécuriser
son système d'information peut engendrer des investissements et des coûts de
fonctionnement excessifs. Il faut donc garder à l'esprit que la sécurité 100%
n'existe pas. Tout logiciel, qu'il soit de type "firewall" ou de
cryptage peut être "cassé". Aucun système de sécurité n'est
infaillible. Il devient alors primordial de préserver l'équilibre
avantages-coûts : la valeur des informations à protéger contre le coût de la
protection. Cela revient à mettre en œuvre des moyens raisonnables et
suffisamment dissuasifs. L'objectif
n'est pas de mettre en place un système infaillible mais bien un système fiable[57].
L'implémentation réussie d'outils nouveaux
tels que le groupware et le workflow passe par une forte implication du
personnel du cabinet. Or, une telle implication reste tributaire d'un changement
profond des attitudes et des mentalités. Face à des changements technologiques
rapides et radicaux, des résistances se font souvent noter. Pour les traiter,
il importe de se lancer le plus tôt possible dans une démarche de vulgarisation
des nouvelles technologies et de diffusion d'une culture NTIC.
Tout d'abord, l'expert-comptable doit être
convaincu de la nécessité de l'intégration des nouvelles technologies. Ensuite,
il doit se familiariser lui-même avec les technologies ; car un dirigeant se doit
toujours de donner l'exemple et de montrer la voie à ses collaborateurs. Chaque
expert-comptable doit se soumettre à une véritable mise à niveau en matière de
technologie : lecture, initiation, utilisation, formation, recherche, etc. Les
efforts doivent être continus et variés.
Une fois lancé résolument dans une telle
logique, l'expert-comptable doit s'efforcer de faire partager sa vision par ses
collaborateurs. Pour ce faire, il doit doter le cabinet des outils de travail
nécessaires : matériel, réseau, logiciels et applications, documentation, accès
Internet, etc. Ensuite, les collaborateurs devraient être sensibilisés aux
avantages et enjeux de la technologie, incités à utiliser au maximum les outils
à leur disposition et formés pour le faire convenablement. L'adhésion du
personnel aux projets systèmes d'information du cabinet contribue largement à
incorporer la composante technologie dans la culture d'entreprise.
L’appropriation par le personnel des nouveaux outils et systèmes devrait
nécessairement passer par une formation réussie.
Les coûts relatifs aux composantes matérielles
et logicielles du système d'information et à la formation du personnel
pourraient constituer un frein à la diffusion d'une culture NTIC au sein des
cabinets. Il faut ici insister sur la primauté du changement culturel et
comportemental sur l'investissement technologique qui doit rester prudent et
graduel. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l'utilisation des
technologies permet d'amortir rapidement les investissements et de rationaliser
entre autres les coûts des logiciels (recours aux logiciels gratuits ou
freeware) et de la formation (recours à la formation en ligne et aux ressources
documentaires gratuites du Web).
La mise en place
de systèmes d'information et de communication technologiquement évolués
favorise l'émergence de nouvelles façons de travailler. Par exemple, grâce à un
équipement de base constitué d'un ordinateur portable (équipé d'un modem) et
d'un téléphone portable, le collaborateur peut se connecter au serveur du
cabinet quasiment de partout. Devenu "nomade", il peut communiquer
avec le cabinet depuis le siège social du client ou, mieux encore, depuis son
domicile.
Le travail à
distance permet d'optimiser l'organisation et la gestion du travail en
minimisant les contraintes spatio-temporelles. S'il permet à l'expert-comptable
de comprimer les délais d'exécution de ses missions, ce mode d'organisation du
travail fait bénéficier les collaborateurs de plus de flexibilité et de
mobilité.
Les nouveaux outils de communication ont également permis l'émergence
du concept de télétravail, consistant à gérer une séparation physique
permanente ou prolongée entre l'employé et les locaux habituels de son
entreprise. Le télétravail permet au cabinet d'accroître sa couverture
géographique du territoire, donc d'offrir des services de proximité à ses
clients moyennant un investissement raisonnable. En effet, en se rendant plus
fréquemment chez les clients, le collaborateur nomade accroît l'esprit de
collaboration et la complicité qui l'unit à ces clients. Leurs relations vont
ainsi se conforter et évoluer vers un vrai partenariat.
La productivité
du télétravailleur devrait être supérieure à celle du travailleur classique.
Les temps de transport étant totalement ou partiellement supprimés, la plage
horaire du travail effectif est incontestablement plus large. C'est une façon
d'optimiser les heures de travail sans pour autant faire des heures de présence
obligatoires au cabinet. Responsabilisés uniquement en terme d'objectifs, les
télétravailleurs bénéficient d'une certaine liberté qui devrait favoriser leur
vie privée. Par ailleurs, le télétravailleur fait économiser au cabinet
l'espace et les coûts d'acquisition et d'entretien d'un bureau personnel. Il
faut toutefois noter que la "nomadisation" des collaborateurs
nécessite des outils de communication disponibles, performants et conviviaux.
Par ailleurs, le télétravail et le travail à distance ne sont possibles
que si le salarié développe ses capacités d'autonomie, d'initiative et de
créativité. En revanche, ces nouveaux modes de travail peu propices à une
surveillance étroite par les managers requièrent des collaborateurs un sens
aigu des responsabilités et un attachement particulier au respect de la
déontologie professionnelle : tact, discrétion, indépendance, etc. En même
temps, un suivi efficace de l'activité via des réunions régulières reste
nécessaire pour que le collaborateur ne se sente pas livré à soi-même et pour
qu'il ne perde pas le contact avec le cabinet et ses chefs hiérarchiques et/ ou
fonctionnels.
Devant les impératifs de productivité et de réactivité, l'imagination
des entrepreneurs est sans limite. Toutefois, l'épanouissement et le bien-être
des employés ne doivent pas être perdus de vue. A ce propos, nous pouvons citer
le cas d'un nouveau mode de travail, dit "en Loft", qui consiste à
placer des salariés dans un environnement à la fois professionnel et domestique
afin de pouvoir les responsabiliser par rapport à des objectifs de performance
de plus en plus exigeants. Ce mode de travail serait contraire aux dispositions
de la majorité des Codes du Travail du monde, y compris le Code tunisien.
Comme nous
l'avons souligné dans la section précédente, l'intégration des nouvelles
technologies passe nécessairement par un changement d'attitude et de mentalité
vers un modèle culturel gouverné par de nouveaux mécanismes : ceux de la
société de l'information et de la nouvelle économie du savoir. Ce nouveau
modèle culturel fait émerger de nouveaux modèles d'affaires (ou business
models) comme le travail autonome (§1), l'externalisation et la sous-traitance
(§2), la coopétition (§3) et les partenariats et les alliances (§4).
Profitant de l'efficacité et de la souplesse des nouveaux moyens de
communication, un nombre croissant de salariés franchissent le pas et "se
mettent à leur compte". Il deviennent des travailleurs autonomes. Le
travailleur autonome (self-employed worker) est son propre patron : il négocie
sa rémunération avec ses clients et assure la pleine gestion de son cadre de
travail.
Selon Louis-Jacques FILION[58], cinq dimensions reviennent régulièrement lorsqu'il s'agit de définir
le travailleur autonome :
-
Autonomie face
aux clients : Le travailleur autonome est une personne qui choisit librement
ses clients et qui en a généralement plus d'un.
-
Autonomie
d'organisation : Le travailleur autonome possède généralement ses propres
outils de travail, bien qu'il utilise de temps en temps les ressources des
clients pour lesquels il travaille.
-
Solitude dans la
pratique de son travail : Même s'il interagit avec plusieurs personnes dans
l'exercice de son activité, le travailleur autonome travaille essentiellement
seul. Certains professionnels free-lance[59]
confient en sous-traitance les surplus occasionnés lors des périodes de pointe.
D'autres embauchent du personnel à temps plein ou à temps partiel.
-
Lieu de travail
: Certains considèrent que, pour appartenir à la catégorie des travailleurs
autonomes, il faut travailler à domicile. D'autres n'accordent pas d'importance
à ce critère.
-
Statut juridique
: Certains travailleurs autonomes sont constitués en société, d'autres non. Les
rapports statistiques font également la différence entre les travailleurs
autonomes à temps plein et ceux à temps partiel.
On retrouve le
travail autonome dans divers domaines d'activité, y compris celui de la
comptabilité. Par exemple, le travail autonome peut être intéressant pour les
collaborateurs ayant passé cinq ou six ans au sein du même cabinet et qui
désirent démarrer leur propre carrière professionnelle. Grâce à cette formule,
l'ex-patron résorbera une partie de ses frais fixes et améliorera ainsi
l'efficience de sa gestion alors que le collaborateur aura minimisé le risque
inhérent au démarrage de son activité. Son activité sera en effet assurée par
un carnet de commandes garanties contractuellement par son ancien employeur.
Progressivement, ce dernier ne sera plus le seul à pourvoir le nouveau
travailleur autonome en commandes.
Le professionnel free-lance qui n'a qu'un seul client perd son
autonomie face aux clients et parfois même son autonomie d'organisation. Il ne
peut donc pas être traité de travailleur autonome. D'ailleurs, dans cette
configuration, le professionnel ne peut pas développer les compétences de son
choix puisque le client (généralement un ex-patron) lui impose les missions
qu'il a toujours exercées et dans lesquelles il est le plus efficient.
Toutefois, cette situation peut ne constituer qu'une étape vers une autonomie
que le professionnel free-lance aura gagnée par sa persévérance et son sens du
contact.
Aujourd'hui, la focalisation sur le (ou les) métier(s) de base est un
souci majeur de toutes les entreprises y compris les cabinets d'expertise
comptable. Selon l'évaluation de l'apport d'un processus à la stratégie de
l'entreprise, celui-ci sera ou non candidat à une externalisation, partielle ou
totale. Par exemple, tant qu'il jugera insuffisant le nombre ou l'importance
des missions de gestion de la paie qu'il assure, l'expert-comptable peut
externaliser la préparation des fiches et états de paie chez un comptable
indépendant ou une société de service informatique. Entre autres gains, cette
démarche lui permet de remplacer un coût fixe (amortissement du logiciel de
gestion de la paie) par un coût variable (honoraires du prestataire
externe).
D'ailleurs, le biais technologique et les moyens de communication
puissants donnent à l'externalisation une dimension internationale. Grâce à
Internet, certains cabinets tunisiens effectuent la saisie comptable pour le
compte de cabinets ou d'entreprises françaises.
Comparée à l'externalisation, la sous-traitance est un concept plus
ancien qui consiste à externaliser non pas des fonctions ou des processus
entiers mais simplement un surplus de travail que l'on sait conjoncturel et qui
ne peut être assuré par les moyens propres de l'entreprise. Au sein de la
profession comptable, la sous-traitance est déjà largement utilisée. Le
contexte actuel contribuera vraisemblablement à banaliser et rationaliser le
recours à ce mode de collaboration.
Le client a besoin de disposer d'une vision claire du professionnel
auquel il fait appel, de son métier de base, de ses points forts, etc. A
l'avenir, il ne faudra plus vendre à tout prix, mais se positionner
correctement et prendre le risque, mesuré certes, de rediriger certains clients
potentiels vers des confrères mieux armés pour les servir. Ce faisant, le
professionnel gagne tant la confiance du client que l'estime du confrère. Il
aura également maximisé les chances d'être contacté par le client en question à
la première occasion que celui-ci aura un besoin dans son domaine de
compétence.
Le néologisme "coopétition" désigne le mélange constant entre
coopération et compétition. Le concept est né de l'observation des pratiques
commerciales des principaux prestataires de services informatiques : Microsoft,
IBM, Apple, Oracle, Sony, etc. Ainsi par exemple, IBM affirme sur son site Web
qu’il est "le meilleur intégrateur de Windows NT", l'un des produits
phares de Microsoft. Il en va de même pour Oracle qui intègre des bases de
données sous Windows NT.
Mais la mise en œuvre d'un tel concept nécessite certains préalables et
conditions. D'abord, la coopétition présuppose un changement considérable des
mentalités. Chaque opérateur doit avoir l'honnêteté intellectuelle et la
lucidité nécessaires pour avoir conscience de ses atouts et de ses faiblesses.
Focalisant à souhait sur le client et sur sa perception de la valeur ajoutée
produite par une profession ou un secteur, le concept de coopétition fait fi
des barrières culturelles à la communication entre les concurrents. Ensuite, il
faut dégager un consensus autour du choix de la spécialisation, garant
incontournable d'un service de qualité. Enfin, il est nécessaire de créer et
d'entretenir des réseaux de prestataires complémentaires destinés à faire corps
unique face à une clientèle aux besoins de plus en plus complexes.
Toutes les professions libérales doivent aujourd’hui faire face aux
évolutions de la donne économique et technologique et des attentes de leurs
clients. Pour des raisons de disponibilité, de confidentialité, voire de
faculté contributive, ces derniers préféreraient nettement recourir à un
professionnel unique. Mais on s'est rendu compte qu'un homme seul ne peut pas sérieusement prétendre répondre à toutes leurs
attentes. La diversité des besoins et la complexité croissante de l'environnement impliquent nécessairement la
spécialisation et l'assistance d'autres professionnels.
Au niveau de la profession d'expert-comptable, le nombre de disciplines
mises en œuvre s'élargit à mesure de la complexification des problèmes à
traiter. Dans l'audit par exemple, la mise en œuvre simultanée de plusieurs
disciplines renforce la crédibilité de l'auditeur et le fondement de son
opinion. La pluridisciplinarité est en train de devenir une nécessité
incontournable.
Pendant plusieurs années, la pluridisciplinarité a été l'apanage des
grandes structures et plus particulièrement des grands cabinets internationaux.
Toutefois, l'impératif d'indépendance et la séparation audit/ conseil qui s'en
suit joue en défaveur du développement de la pluridisciplinarité. D'ailleurs,
le mouvement de scissions des branches audit et conseil des grands cabinets
internationaux illustre parfaitement la nécessaire évolution de la
pluridisciplinarité vers l’interprofessionnalité.
La Conférence des bâtonniers de France, au cours de son audition[61], a mis en exergue l'intérêt de la constitution de réseaux
interdisciplinaires (notamment avec les experts-comptables...) afin d'enrichir
l'activité de conseil aux entreprises et de rechercher une plus grande
compétitivité. Publié en 1998, le rapport Nallet[62] soulignait l'importance des réseaux interdisciplinaires. Ce rapport a
pointé les avantages de l'interdisciplinarité qui offre une mutualisation des compétences et des spécialités
susceptible d'améliorer la qualité de la prestation juridique et permet aux
cabinets (français) de
lutter à armes égales avec leurs véritables compétiteurs que sont les cabinets
anglo-saxons plus encore que les grands réseaux.
La profession
comptable devrait, elle aussi, adopter clairement l'interprofessionnalité.
Toujours afin de mieux servir leurs clients, les experts-comptables doivent
coopérer, non seulement entre eux (concept de coopétition exposé au paragraphe
précédent), mais également avec d'autres professions réglementées et non
réglementées (avocats, ingénieurs, etc.).
Tant au niveau
des cabinets qu'au niveau de toute la profession, il faut cultiver d'un coté
les dominantes de spécialité et d'un autre coté les réseaux de compétences. Pour
ce faire, il faut notamment :
-
Optimiser la
communication,
-
Développer les
compétences en rapport avec les besoins exprimés,
-
Renforcer
l'utilité des prestations rendues,
-
S'imposer en
premier ce qui paraît constituer la demande future des clients (exemples :
démarches qualité, gestion de projets, management de la compétence et du
savoir, investissement de formation).
Plus
généralement, les stratégies d'alliance débordent le cadre de
l'interprofessionnalité pour inclure tous genres de partenariats, associations
et coopérations. L'intérêt majeur de l'alliance est qu'elle permet de partager
sur deux ou plusieurs entités ou organismes (dans la durée), les coûts de
développement et les coûts liés au changement. Elle donne également accès aux
ressources des partenaires sur le court et le long terme, via des mécanismes de
coordination et d'échange convenus. Au niveau des professionnels, l'exemple
type de cette stratégie est le développement des réseaux de cabinets
internationaux qui mettent en commun la dénomination et les ressources et
profitent des synergies en vue de s'adresser à une clientèle mondiale.
L'affiliation à des réseaux internationaux est à la fois très recherchée et
très utilisée en Tunisie.
Au niveau de la
profession, la stratégie d'alliance figure parmi les éléments à prendre en
compte dans la mise en oeuvre des "axes stratégiques du développement de
notre profession"[63].
Evoquant d'abord les alliances avec les autres professions, cette étude ne
manque pas d'insister sur l'alliance avec l'université et d'autres organismes.
Selon les auteurs de ce document, « il nous faudrait renforcer les initiatives
de la profession dans des domaines nouveaux ou de pointe, grâce à des
entreprises conjointes menées avec d’autres organisations qui effectuent des travaux
similaires. »
En conclusion,
il faut souligner que malgré la bonne volonté des instances professionnelles,
le rapprochement entre les professions demeure entravé par les textes légaux et
réglementaires en vigueur. A ce jour, les MDP (MultiDisciplinary Practice),
entreprises regroupant plusieurs professions réglementées, ne sont pas
autorisées, même aux Etats-Unis.
A coté des démarches individuelles des membres, les instances
professionnelles et notamment l'Ordre des Experts-Comptables de Tunisie ont un
rôle très important à jouer dans la construction d'une approche collective du
problème de l'intégration des technologies de l'information et de la
communication dans l'exercice professionnel.
D'abord, en tant qu'organisme fédérateur, l'Ordre se doit d'aborder et
de discuter toutes les questions touchant au devenir et au développement de la
profession afin de faire converger les points de vue et dégager une vision
commune de ces questions. Ensuite, en appliquant les concepts organisationnels,
managériaux et de gestion des connaissances apportés par la nouvelle économie,
les experts-comptables peuvent dégager une intelligence collective autrement
plus pertinente et plus efficace que les intelligences individuelles des
membres. Parmi ces concepts, les plus importants seraient le fonctionnement en
réseau, les noyaux de compétence et les outils benchmarking, brainstorming,
bases de données partagées, forums de discussion, etc.
A
travers une étude publiée par le site de l'OECT[64],
la Commission de Développement de la Profession relevant du Conseil de l'Ordre
définit les axes stratégiques de développement de la profession pour les deux à
trois années à venir. Se référant au marché, aux métiers et aux membres,
l'étude développe les six axes stratégiques suivants :
-
Focalisation
sur la clientèle ;
-
Connaissances
et compétences ;
-
Leadership
sur le marché de la consultance ;
-
Grands
dossiers de la nation ;
-
Identité
et conception de la profession ;
-
Accessibilité
et pouvoir d'attraction de la profession.
Dans ce document, les technologies de l'information et de la
communication font partie (avec les alliances et la mondialisation) des
éléments à prendre en compte dans la mise en oeuvre de la stratégie.
L'importance de ces technologies y est toutefois bien soulignée.
Dans cette section, nous tenterons de développer les grandes lignes du
rôle que l'OECT est appelé à jouer dans le cadre des efforts visant à intégrer
les technologies dans l'exercice de la profession d'expert-comptable. A notre
avis, l'OECT doit engager et encadrer la réflexion sur la réaction de la
profession au développement des technologies de l'information et de la
communication (§1), offrir un support accru aux membres (§2), formaliser les
missions et les compétences (§3), mettre en place la formation continue et la
certification des compétences spécialisées (§4) et déterminer l'identité et la
perception de la profession (§5).
En abordant l'axe stratégique "Connaissances et Compétences",
la stratégie de développement de la profession énonce l'objectif d'être à
l'avant-garde dans la maîtrise de nouvelles connaissances et compétences dans
des domaines variés dont les nouvelles technologies de l'information et de la
communication. Parmi les éléments de la stratégie liés à cet axe, la "Réflexion sur l’impact des nouvelles technologies
sur les travaux des experts-comptables" occupe
une place de choix.
Dans ce cadre, le Congrès 2002 de l'OECT, tenu à Tunis du 18 au 19
octobre 2002, a traité entre autres thèmes des nouvelles technologies de
l'information et de la communication. Organisé sous le thème
"Mondialisation, nouvelle économie et stratégie d'entreprise", ce
congrès ne pouvait pas ne pas débattre des nouvelles technologies et de leur
impact sur la stratégie d'entreprise. Si ce débat a été intéressant en tant que
tel, il a également constitué pour les experts-comptables une occasion de
réfléchir sur une "stratégie de croissance durable et profitable"[65] de leur profession. Par ailleurs, l'ITEC (Institut Tunisien des
Experts-Comptables) a organisé le 22 et le 23 mai 2003 son 4ème
colloque international sous le thème "Information financière et
NTIC". Au cours de ce colloque, les discussions ont tourné autour de
l'impact actuel et attendu des technologies sur l'information financière et sur
les métiers de l'expert-comptable.
Au delà de ces manifestations ponctuelles, la réflexion sur l’impact
des nouvelles technologies sur les travaux des experts-comptables devrait être
permanente à travers des groupes de travail dédiés, des débats et forums de
discussion (à la fois réels et virtuels), des rencontres avec les acteurs du
marché du conseil et du service informatique, etc.
La mission de l'Ordre à l'égard de ses membres consiste avant tout à
informer et former. D'abord, l'Ordre a un rôle important à jouer dans la
sensibilisation des membres aux enjeux et défis posés par les technologies de
l'information et de la communication. Dans ce cadre, il serait judicieux
d'instaurer une veille technologique destinée à scruter et suivre les derniers
développements en matière de technologies à l'instar du programme Top Ten Techs
de l'AICPA. Ce programme annuel se propose d'identifier pour l'année à venir
les centres d'intérêt des professionnels en matière de technologies. Ces
centres d'intérêt sont classés en quatre catégories :
Les problèmes : Les situations (opportunités ou menaces) résultant de
l'intégration des nouvelles technologies.
Les applications : Les domaines dans lesquels l’utilisation d’une ou
plusieurs technologies entraîne ou
pourrait entraîner une application commerciale.
Les technologies : Les produits finis innovants (hardware, software, standard,
norme ou protocole, etc.) qui impactent le plus la profession comptable.
Les technologies émergentes : Les technologies ou produits en phase de développement qui
pourraient avoir le plus d'impact sur l'environnement de la profession
comptable.
En complément
des actions de sensibilisation, il pourrait s'avérer nécessaire d'organiser des
actions de formation qui pourraient porter sur des thèmes variés mais reliés :
les réseaux, l'informatique de groupe, la trilogie intranet, extranet et
Internet, les protocoles de communication, les nouvelles solutions en matière
de systèmes d'information, etc.
Le futur centre
de formation de l'Ordre sera appelé à soutenir tous ces efforts qu'ils soient
de sensibilisation, d'initiation ou de formation. En revanche, nous pensons que
les outils utilisant les nouvelles technologies seront les plus efficaces en
matière de support aux membres. En l'occurrence, il est très important que le
site Web de l'Ordre évolue vers le modèle d'un portail professionnel ou qu'il
soit doublé d'un site partenaire de ce type (comme cpa2biz pour l'AICPA). En effet, le
portail permet d'offrir à la communauté des professionnels une multitude de
services utiles : FAQ, glossaires, newsletters, forums de discussion,
workshops, etc. Par ailleurs, une assistance téléphonique de type hotline
couplée ou non d'un serveur vocal pourrait être d'un grand apport.
Dans cette
perspective, les responsables de la profession devraient penser à étoffer le
personnel permanent du Conseil de l'Ordre afin de procurer à l'action de ce
conseil le dynamisme et l'efficacité nécessaires[66].
Face à la nécessité d'investir, le problème du financement des activités du
Conseil de l'Ordre se posera de nouveau. Néanmoins, si les experts-comptables
sont réellement conscients de la nécessité d'un support accru, ils feront plus
d'effort pour financer les activités du Conseil. Par ailleurs, les services
payants supportés ou non par Internet, tels que la formation continue, devraient
permettre de financer les activités de support aux membres.
Les mutations
économiques entraînées en grande partie par la prééminence de l'information ont
mis la valeur ajoutée au client au centre du processus de prestation de service
et modifié en conséquence la nature des interventions des professionnels,
notamment des experts-comptables. Si la grande valeur ajoutée tirée par les
nouvelles missions (risk management, mise en place des systèmes d'information,
etc.) séduit les clients, elle suscite aussi leur suspicion parce que les
missions en question font appel à de nouvelles compétences de
l'expert-comptable.
Par ailleurs,
dans une logique de focalisation sur la clientèle, il paraît évident que les missions
doivent être adaptées aux clients et non pas l'inverse.
Partant de là,
les missions devraient être formalisées en fonction de la clientèle cible. Il
importe que les professionnels définissent clairement les différentes missions
qu'ils offrent, aussi bien au niveau des moyens mis en œuvre (logistiques et
humains) que de la méthodologie adoptée et de la plus-value apportée aux
clients.
Au niveau de la
profession, l'Ordre est appelé à jouer un rôle important dans la définition des
missions de l'expert-comptable d'une part et dans la segmentation du marché
notamment en fonction de la taille des entreprises et de leurs secteurs
d'activité d'autre part. Cette segmentation permet en effet de déterminer les
attentes de chaque catégorie de clients et de là les moyens et la méthodologie
à mettre en œuvre par l'expert-comptable pour répondre à ces attentes.
L'intervention
de l'Ordre revêt une importance toute particulière lorsqu'il s'agit de missions
nouvelles encore peu connues dans le marché et moyennement maîtrisées par les
professionnels. C'est le cas par exemple de la mission WebTrust. Le rôle de
l'Ordre ne saurait se limiter à souscrire au label de certification
international WebTrust, mais il devrait déborder ce cadre pour développer une
norme relative à l’intervention des experts-comptables tunisiens en matière de
certification WebTrust. C'est d'ailleurs ce qui est prévu par la stratégie de
développement de la profession. Cependant, l'Ordre devrait appliquer
prioritairement cette démarche aux missions de conseil à forte valeur ajoutée
et surtout la mise en place de systèmes d'information et le risk management.
Concernant les missions de certification, le service SysTrust qui porte sur
tous les types de systèmes d'information nous semble plus adapté au contexte
tunisien que le service WebTrust qui se limite au commerce électronique sur
Internet. Nous pensons que l'OECT devrait accorder la priorité à la
certification SysTrust.
Ce qu'il faut
retenir dans l'approche de l'OECT, c'est que la formalisation de ces nouvelles
missions devrait logiquement passer par la standardisation des compétences
auxquelles elles font appel. Il s'agit de formuler clairement et de détailler
autant que possible des champs de compétence à remplir. Dans le domaine des
technologies de l'information, l'Ordre devrait entamer le plus tôt possible
l'implémentation de l'IEG 11 de l'IFAC, projet sur lequel l'AICPA travaille
depuis 1996 avec, pour résultat, plusieurs papiers de discussion.
Il faut ici rappeler que l'objectif de l'IEG 11 est d'assister les organisations membres de l'IFAC dans la préparation des professionnels de la comptabilité à exercer dans un environnement informatisé. Dans ce cadre, les auteurs de la norme décrivent les connaissances et les compétences que les experts-comptables doivent maîtriser dans l'environnement informatisé qui est désormais le leur. La norme subdivise cet environnement en fonction du rôle que l'expert-comptable est appelé à y jouer (utilisateur, développeur, manager ou vérificateur) et propose une hiérarchisation des connaissances et compétences exigées des professionnels :
Compétences
de vérificateur |
|
Compétences de manager |
|
Compétences
de développeur |
|
Compétences d'utilisateur |
Connaissances
et Compétences en
Contrôles Informatiques |
Connaissances
générales en
technologies de l'information |
La mise en application des dispositions de l'IEG 11 nécessitera entre
autres une stratégie de communication efficace et une alliance stratégique avec
les organismes de formation académique et professionnelle.
La
désintermédiation favorisée par les technologies de l'information et de la
communication oblige chaque praticien à se différencier des autres en
choisissant un domaine de compétence pointu au moyen duquel il sera facilement
identifié par le marché. Dès lors, le développement de la certification des
spécialités devient un pari stratégique pour l'expert-comptable. Il y va non
seulement du développement de ses affaires, mais souvent simplement de sa
réussite professionnelle.
Dans un marché
où le client est de plus en plus exigeant, la qualité est un élément
incontournable des stratégies d'affaires. Mais, peut-on améliorer la qualité
sans recourir à la certification des spécialités ? La réponse à cette question
n'a fait que se confirmer au fil des siècles et des civilisations. Les
professionnels de tous les domaines d'expertise qui suivent des programmes
rigoureux de spécialisation formelle ne font que perpétuer un mouvement qui
relève presque des mécanismes de la nature. Les professionnels de la
comptabilité ne sont pas en reste par rapport à ce mouvement.
En matière de technologies
de l'information, l'AICPA et l'ICCA octroient à leurs membres respectivement
les titres CITP (Certified Information Technology Professional) et CA•TI
(Comptable Agréé spécialiste en Technologies de l'Information). Par ailleurs,
l'ICCA a entrepris une approche qui pourrait s'avérer très intéressante dans la
perspective d'une mise en place graduelle de la certification des compétences
spécialisées. L'ICCA a en effet signé avec l'ISACA (Information Systems Audit
and Control Association) un accord en vertu duquel cette association est
accréditée à titre de seul organisme dont le titre de CISA (Certified
Information Systems Auditor) mène à l'agrément de CA spécialistes en vérification, contrôle et sécurité des
systèmes d'information. Il importe ici de noter
que l'ISACA, qui a été fondée en 1969, compte plus de 20 000 membres dans le
monde entier ; et que son titre CISA a été décerné, depuis 1978, à 12 000
candidats.
Parmi les
principaux objectifs de l'accord ICCA-ISACA[67],
on relève le renforcement de la relation stratégique entre l'ICCA et l'ISACA
afin de favoriser d'autres activités de coopération en matière de formation, de
recherche et de normes professionnelles. Ceci illustre clairement le lien
étroit entre la certification des compétences spécialisées et la formation
continue. En effet, la mise en place d'un processus efficace de formation
continue est un préalable important à toute tentative d'octroi de titres de
spécialistes. Le projet de centre de formation de l'OECT pourrait ainsi
constituer la première étape vers la mise en place de la certification des
compétences spécialisées[68].
Ensuite, il faudra que la formation continue entre dans les mœurs,
qu'elle devienne partie intégrante des activités professionnelles. Actuellement,
une norme professionnelle fixe à 40 heures par an la durée minimale que chaque
expert-comptable doit consacrer à sa formation. Toutefois, le respect de cette
norme n'est vérifié que dans le cadre d'un contrôle de qualité ; ce qui minimise
son caractère obligatoire. A notre avis, il est temps que l'obligation de
formation continue soit clairement instituée et systématiquement vérifiée et
sanctionnée. Dans cette perspective, une obligation de formation à 2% du volume
horaire produit par le professionnel nous semble légère.
Malgré les scandales financiers récents, le marché s'attend toujours à
ce que la profession comptable reste fidèle à ses valeurs : intégrité,
objectivité, recherche de l'excellence, préservation de l'intérêt public, etc[69].
C'est donc naturellement par rapport à ces valeurs que notre profession devrait
s'identifier.
Pourtant, pour assurer son développement, la profession comptable s'est
éloignée des missions d'expertise et de vérification. La part relative des
missions classiques a décru dans tous les cabinets, notamment dans les cabinets
américains sous la pression du mouvement de consolidation[70].
Il s'en est suivi une perte d'image et d'identité de la profession. Cette
situation est soulignée par le Carnet de route du 57ème Congrès de
l'OEC de France[71]
comme première caractéristique commune de l'évolution de la profession
comptable aux Etats-Unis d'Amérique, au Canada, en Grande-Bretagne, en
Allemagne et en France.
Le
positionnement de la profession par rapport aux métiers de base que sont
l'expertise et la vérification et par rapport aux nouveaux métiers est l'un des
rôles les plus importants de l'Ordre. C'est en effet de ce positionnement que
dépendent dans une large mesure la conception commune de la profession, la
fierté et l'esprit d'appartenance des membres.
De ce
positionnement dépend également la manière dont la profession est perçue de
l'extérieur. La perception de la profession dépend aussi de son accessibilité
et de sa popularité auprès des étudiants et des stagiaires. Elle est également
tributaire de la politique de communication de l'Ordre, seul organisme habilité
à promouvoir l'image de marque de la
profession. Le conseil de l'Ordre prévoit de « donner une grande visibilité à
la profession à travers la participation à des dossiers de presse ou des
publications par les membres sur les sujets d’actualité. »[72] L'utilisation des technologies de l'information et de la
communication, et notamment des sites Web et des CD Rom pourrait être d'un
grand apport dans ce dessein.
De toute évidence,
l'université est appelée à jouer un rôle très important dans la stratégie
d'intégration des nouvelles technologies par la profession comptable, et
particulièrement lorsqu'il s'agit d'actualiser connaissances et compétences.
Ceci est d'autant plus vrai en Tunisie, où l'université est impliquée jusque
dans la dernière étape du processus d'accès à la profession d'expert-comptable.
Ainsi, l'alliance avec l'université figure parmi les éléments à prendre en
compte dans la mise en oeuvre de la stratégie de développement de la profession
élaborée par l'OECT. A ce titre, la profession attend de l'université des
formations en phase avec les besoins du marché et une contribution active au
projet de mise en place d'un processus de formation continue.
Concrètement, le rôle
de l'université dans la stratégie d'intégration des technologies doit
s'articuler autour de trois éléments : développer le e-Learning (§1), intégrer
les technologies de l'information et de la communication dans les examens (§2)
et multiplier les passerelles vers le diplôme d'expertise comptable (§3).
Une première
question s'impose : qu'est ce que le e-Learning ? Littéralement, ce serait
l'apprentissage électronique. Plus concrètement, le concept e-Learning se
réfère aux technologies de l'information et de la communication appliquées à la
formation.
Le système e-Learning est focalisé sur l'élève ou l'apprenant (le client, encore et toujours), qui peut être soit un étudiant soit un travailleur selon qu'il s'agisse d'une formation de base ou d'une formation continue. Il a pour objectif de permettre à chacun de prendre en charge sa propre formation en lui proposant des outils pédagogiques nouveaux destinés à accroître son autonomie. S'ils ne débordent pas le cadre des processus pédagogiques de base (conception, développement, diffusion), ces outils mettent à profit les technologies de l'information et de la communication pour permettre une formation plaisante, personnalisée et efficace. Le tout est alors de réussir l'arbitrage entre les modes spatio-temporels de diffusion de contenu : virtuel ou présentiel d'un coté, synchrone ou asynchrone de l'autre coté. Les configurations possibles sont multiples et variées :
D'après Louise MARCHAND. Faire du E-Learning sans le savoir.
Le développement du
e-Learning est appelé à jouer un rôle très important dans la promotion de
l’auto-formation, de la formation continue, de l’éducation tout au long de la
vie et de l’égalité des chances. Autant de vecteurs incontournables de toute
démarche axée sur les connaissances et les compétences. D'où la place centrale
du e-Learning dans les stratégies de développement de la profession comptable.
Ce qui se passe actuellement au Canada est extrêmement édifiant à cet égard.
L'annexe 5 de ce mémoire décrit les innovations introduites par certains Ordres
provinciaux canadiens dans le cadre de la réforme du processus d'agrément des
CA[73].
L'apport du e-Learning à la stratégie professionnelle d'intégration des
technologies peut être analysé aux niveaux de la formation initiale et de la
formation continue.
Concernant la
formation initiale, le e-Learning devrait permettre de réconcilier les
étudiants avec l'apprentissage en leur évitant d'endurer les salles
d'enseignement encombrées, les professeurs indisponibles, les traitements
inégaux, etc. Par ailleurs, grâce au suivi personnalisé et aux sentiments
d'autonomie et de confiance en soi procurés aux étudiants, les différences de
niveau s'amenuisent et l'excellence devient accessible à un nombre plus
important d'étudiants. De même, dans une logique d'apprentissage tout au long
de la vie, le e-Learning devrait encourager plusieurs étudiants à diversifier
leurs formations et à cultiver des dominantes de spécialités afin d'avoir le
profil qui leur convient le plus.
Au niveau de la
formation continue, le e-Learning fait bénéficier les professionnels d'une
grande flexibilité leur permettant de concilier les engagements professionnels
en cours et l'impératif de formation. Par ailleurs, en limitant les frais et
les pertes de temps liés notamment aux déplacements, la formation en mode
e-Learning permet des réductions de coût non négligeables par rapport au mode
présentiel. Enfin, grâce à la personnalisation et à la convivialité du mode
e-Learning, le professionnel ne perçoit plus la formation continue comme une
obligation ; mais bien comme un moyen d'affiner son profil et d'enrichir son
curriculum.
Il est vrai que le développement du
e-Learning nécessite la contribution de plusieurs intervenants : sociétés de
service informatique, opérateurs Internet et de télécommunications, maisons
d'édition, développeurs de contenus, etc. Toutefois, l'apport de l'Université
est indispensable pour combiner tous ces efforts et définir les orientations
stratégiques du projet national e-Learning. Par exemple, la « réorientation des
formations vers les "filières prometteuses" » dont notamment celles
liées aux nouvelles technologies de l'information et de la communication compte
parmi les options de "La stratégie de l'Enseignement Supérieur dans le
cadre du Xème Plan"[74]. Par
ailleurs, des projets ambitieux sont en cours dans les domaines de réseautage,
de groupware et de gestion des connaissances. Il s'agit notamment des projets :
-
R.N.U. (Réseau National Universitaire),
-
BIRUNI (Bibliothèques
Informatisées pour la Rénovation UNIversitaire),
-
U.V.T.
(Université Virtuelle de Tunis).
Toutefois, beaucoup de
chemin reste à faire avant la mise en place d'un système viable de e-Learning.
Par exemple, la gestion des bibliothèques est un domaine dont l'informatisation
est très perfectible. Plus des deux tiers de nos bibliothèques universitaires
utilisent exclusivement les fichiers en papier. Les axes d'amélioration sont
multiples et varient d'un établissement à l'autre : création de répertoires de
titres et de bases de données, indexation, installation de moteurs de
recherche, numérisation des ressources bibliographiques, gestion des prêts de
documents, possibilités d'accès distant, etc.
Le domaine des examens, de leur contenu et
de leurs modalités suscite aujourd'hui un large débat à l'échelle mondiale. Les
programmes de formation sur lesquels se basent les examens n'ont cessé de
s'élargir à mesure que les attentes du marché à l’égard des experts-comptables
gagnaient en ampleur et en complexité. Aujourd'hui, le contenu des programmes
est tel que les examens ne peuvent plus conserver leur configuration actuelle[75]. Aux
Etats-Unis d'Amérique, si la durée totale du CPA Exam (équivalent de la
Révision Comptable) atteint 14 heures, les modalités de l'examen connaîtront,
elles, des modifications significatives.
A partir de
novembre 2003, les centres d'examen seront dotés de moyens informatiques
importants. Chaque candidat aura à sa disposition un poste de travail muni d'un
accès Internet. Si les fameuses QCM (questions à choix multiples) seront
conservées, la partie essentielle de l'examen consistera dans des
"simulations" ; sorte d'études de cas élaborées et très proches de la
réalité. Enfin, les étudiants disposeront chaque année de quatre fois deux mois
pour passer les 4 modules de l'examen.
Au Canada, le
traditionnel EFU (Examen Final Uniforme) est sur le point de faire partie de
l’histoire. A partir de 2003, l'examen cédera la place à une évaluation fondée
sur les compétences. Les candidats ne seront plus évalués au moyen de questions
à choix multiples ou unidisciplinaires. Ils devront plutôt passer trois
épreuves, à raison d’une par jour, portant sur des "simulations" plus
générales. Ils pourront aussi consulter certains documents de référence tels
que le Manuel de l’ICCA et la Loi de l’impôt sur le revenu du Canada.
La réforme de l'EFU
s'inscrit dans le cadre d'une réforme plus globale visant tout le système de
formation des CA. D’après Nick KIRTON, Président du Comité sur la Formation et
l’Admission de l’ICCA[76], le
nouveau processus d’évaluation et le système de formation se rapprochent
beaucoup plus de l’exercice de la profession de CA dans la réalité : « La
compétence pour exercer la profession de comptable agréé ne consiste pas tant
dans la capacité de mémoriser une foule d’éléments énoncés dans le programme
d’examen et de les restituer dans le cadre d’un examen, que dans celle de
savoir comment et où trouver les sources de référence appropriées, et
d’intégrer et d’analyser l’information recueillie de manière à pouvoir fournir
une solution globale à un problème donné. » Dans cet ordre d'idées, le Comité
sur la Formation et l’Admission envisage de permettre l’utilisation
d’ordinateurs lors de l’EFU 2003 à l'instar de ce qui se passera aux
Etats-Unis.
Dans le cadre d'une
approche basée sur les compétences, la frontière entre la formation et l'examen
est virtuelle. Le processus d'évaluation, devenu continu et global, s'intègre
complètement dans le processus d'apprentissage. En Tunisie, les projets en
cours dans
les domaines du réseautage, de la gestion des connaissances et surtout du
e-Learning permettront naturellement
d'intégrer les nouvelles technologies dans le déroulement des examens.
La
profession comptable doit son excellence et son leadership à la diversité des
profils et des formations d'origine des experts-comptables. Soulignant
l'importance que revêt pour la profession comptable l'intégration des étudiants
issus d'autres filières, M. Abderraouf YAICH[77]
affirme que le professionnel qui s'imposera sur la scène internationale sera
quelqu'un qui a reçu une formation de base scientifique ou littéraire pour
développer de grandes aptitudes intellectuelles avant de s'engager ensuite dans
le cursus de l'expertise comptable pour acquérir des compétences et un diplôme
permettant d'exercer la profession d'expert-comptable qu'il aura choisie.
La profession comptable gagnerait à
intégrer des étudiants brillants issus de filières générales du type sciences
économiques ou droit, mais aussi venant d'écoles d'ingénieurs ou de commerce.
En l'occurrence, les ingénieurs informaticiens et les spécialistes des systèmes
d'information et de communication seraient d'un grand apport à la profession
dans sa quête de crédibilité et de compétence en matière de nouvelles
technologies. Dans ce cadre, et compte tenu
de "La nécessité de doter le système d'une grande flexibilité"[78],
le décret 2002-1976 du 30 août 2002 permet aux étudiants issus de trois
filières "non comptables" de s'inscrire au CES de Révision Comptable
moyennant une formation complémentaire :
-
en comptabilité et en
droit pour les titulaires de maîtrises en économie et gestion ;
-
en comptabilité et en
gestion pour les titulaires de maîtrises en droit ;
-
en comptabilité, en
gestion et en droit pour les titulaires du diplôme national d'ingénieur.
Toutefois, les
modalités et les procédés d'organisation de cette formation complémentaire
restent à préciser. En effet, l'arrêté du Ministre de l'Enseignement Supérieur,
de la Recherche Scientifique et de la Technologie du 12 décembre 2002 fixant
ces modalités et procédés a délégué aux Présidents des Universités la
responsabilité de fixer le contenu des unités de la formation complémentaire,
leurs coefficients ainsi que les examens y afférents. La coordination entre les
décisions des Présidents des Universités est en cours. Elle deviendra effective
avec l'évaluation de l'expérience de la première année d'application de ce
nouveau régime (année universitaire 2002-2003).
Plusieurs pays sont
en train d'œuvrer dans ce sens, à commencer par la France. Ainsi, le DESCF
(Diplôme d’Etudes Supérieures Comptables et Financières), équivalent français
de notre CES de Révision Comptable est désormais reconnu au grade de Mastère au
sens européen du terme[79], ce
qui lui confère le statut de diplôme de fin d’études de haut niveau. Grâce à la
standardisation de ce diplôme, et à la "transversalité des
passerelles"[80]
qu'elle permet, tout titulaire d’un Mastère pourra s’inscrire au DESCF.
Ce
débat nous amène à une question récurrente sur laquelle la profession devrait
se pencher sérieusement : le diplôme d'expertise comptable est-il un diplôme
universitaire ou professionnel ? « Si l'option universitaire a rendu un
service historique à la profession, il est peut-être temps de reconnaître que
le monde entier ou quasiment donne un caractère professionnel au diplôme
d'expertise comptable…»[81]
Les technologies de l'information et de la
communication font connaître à l'humanité l'une de ses plus merveilleuses
époques. Les outils de numérisation et de publication et les réseaux de
communication facilitent la production, l'accès et la diffusion de
l'information. Grâce aux protocoles de communication non propriétaires, aux
formats de publication standard et aux puissants outils d'indexation, les
recherches d'information sont de plus en plus efficaces. Internet fait
converger l'ensemble de ces technologies pour les rendre accessibles à tous…
Mais se rappeler que cette "époque" ne dure que depuis une dizaine
d'années nous fait prendre conscience que la notion du temps n'est plus et ne
sera plus la même : les changements sont de plus en plus rapides.
Evoluer dans un environnement en perpétuel
mouvement requiert une extrême vigilance car les écarts sont très vite creusés
entre les nations et les hommes selon la capacité des uns et des autres à
suivre la cadence et à se former. D'ailleurs, ce raisonnement se transpose sans
problème aux professions et aux compétences. En effet, la technologie tend à
défavoriser les métiers les moins qualifiés et à court-circuiter les tâches
dénuées de valeur ajoutée.
A travers ce travail, nous avons tenté de
persuader les parties prenantes à la profession comptable de l'urgence d'une
réaction individuelle et collective à la prépondérance des technologies et à
donner à la réflexion sur les modalités de cette réaction un point de départ.
Nous avons commencé par établir un
diagnostic de la situation actuelle en étudiant l'impact que les technologies
exercent sur les métiers de l'expert-comptable. Nous avons alors noté que la
profession ne se contente pas de consommer les innovations technologiques dans
le cadre de ses compétences traditionnelles mais qu'elle commence à produire en
développant des compétences nouvelles liées aux technologies.
La remarque qui
s'impose ici est que ces compétences nouvelles sont très peu développées en
Tunisie. A notre avis, cette situation est notamment due à la fragilité des
traditions de formation continue et de spécialisation. Il faut également dire
qu'avec ses 255 245 ordinateurs et ses 676 sociétés de service informatique
générant 206 Millions de Dinars de chiffre d'affaires[82],
le marché tunisien de l'informatique est encore exigu. A ce titre, nous avons
prévu pour ce mémoire une valeur prioritairement prospective.
Partant de ce diagnostic, nous avons tenté
de construire une approche logique du problème de l'intégration des
technologies par la profession comptable. Dans ce cadre, nous avons proposé
deux axes stratégiques de réaction :
§
Surveiller et anticiper la demande du
marché ;
§
Actualiser les connaissances et les compétences
des experts-comptables.
Ensuite, chacun de ces axes stratégiques a
été détaillé en une série d'objectifs qui ont fait l'objet d'analyses. Enfin,
nous avons tenté de définir les éléments de mise en œuvre d'une stratégie
d'intégration des technologies de l'information et de la communication.
Le cabinet doit être doté d'une culture à
forte dominante technologique, d'une organisation souple et réactive et de
collaborateurs autonomes, responsables et épanouis. Mais l'investissement
nécessaire à ces réalisations pourrait se révéler coûteux. En effet, les
technologies les plus innovantes sont onéreuses et leur mise en place implique
souvent des coûts cachés et des investissements additionnels. De plus, les
échecs, du reste assez fréquents, des projets de système d'information et de
communication ont souvent des coûts, notamment organisationnels, très
importants. Il faut donc garder à l'esprit que la technologie n'est qu'un outil permettant de concrétiser des
changements qui s'imposent ; tout au plus, un accélérateur des changements
esquissés.
Les professionnels doivent aborder le
marché avec une nouvelle mentalité basée sur la qualité, la réactivité et
l'efficience au service de la satisfaction des clients. Cette mentalité leur
permettra de recourir avec souplesse et fiabilité aux divers modèles et
combinaisons d'affaires rendus possibles par les technologies afin de faire
face à une demande de plus en plus complexe et volatile.
L'OECT devra notamment standardiser les
nouvelles missions et mettre en place la formation continue et la certification
des compétences spécialisées. Dans ce cadre, la mise en place du centre de
formation de la profession comptable sera certes un acquis important.
Néanmoins, seul le développement du e-Learning permettra à la profession de
disposer d'un processus de formation continue adapté, évolutif et efficace à
long terme.
L'apport de l'université est nécessaire à
la concrétisation des projets en cours de l'Ordre en matière de formation
continue. L'université est également appelée à jouer un rôle central dans le
développement du e-Learning. Plusieurs difficultés "techniques"
restent toutefois à résoudre. A l'échelle de l'université, beaucoup de chemin
reste à faire dans le réseautage, l'informatisation des bibliothèques, etc. Au
niveau national, la disponibilité des connexions Internet laisse à désirer et
l'Internet haut débit n'est pas encore lancé à grande échelle.
Les technologies de
l'information et de la communication constituent un domaine de compétence
nouveau pour les experts-comptables (du moins tunisiens) dont l'intégration
nécessite un recours massif à la formation et à la spécialisation. A ce titre,
l'émergence de nouvelles approches de formation basées sur les compétences
semble constituer une orientation judicieuse pour la réforme du système
éducatif de l'expertise comptable.
LISTE DES ABBREVIATIONS
FREQUEMMENT UTILISEES
AICPA |
American
Institute of Chartered Public Accountants |
CA |
Comptable
Agréé |
CNCC |
Conseil National des Commissaires aux
Comptes |
FASB |
Financial
Accounting Standards Board |
GAAP |
Generally
Accepted Accounting Principles |
IAS |
International
Accounting Standard |
IASC, puis
IASB |
International Accounting Standards Board (Committee) |
ICCA |
Institut Canadien des Comptables Agréés |
IEG |
International Education Guideline (IFAC) |
IFAC |
International
Federation of Accountants |
ISA |
International
Standard of Auditing |
NTIC |
Nouvelles Tecnologies de l'Information et
de la Communication |
OEC |
Ordre des Experts-Comptables |
PME |
Petite et Moyenne Entreprise |
SEC |
Securities
and Exchange Committee |
BIBLIOGRAPHIE
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SUR INTERNET
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§
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Langages. Octobre 2002.
§
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travail de l'ICCA sur les services de certification – Rapport définitif –
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for Financial Institutions. Draft 1.0.
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BAKLOUTI. E-learning : Présentation, aspects, enjeux et avenir. Mémoire
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l’ingénierie. ENIS. Février 2003.
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AICPA – ICCA.
Grille de compétences en technologies de l'information. (Mise à jour le 26
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supérieur. Editorial RCF 53. 3ème trimestre 2001.
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www.profiscal.com/Etudiants/conseils_pedagogiques.htm
§
A. YAICH.
Réussir ses études et bien se préparer à exercer la profession
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www.profiscal.com/Etudiants/conseils_pedagogiques.htm
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Glen L. GRAY et Roger DEBRECENY – Financial Reporting on the Internet –
Instant, Economical, Global Communication – www.ifac.org / articles and speech
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I-O Psychology. Society for Industrial and
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Faire du E-Learning sans le savoir. CEFRIO. Canada. Septembre et octobre 2002.
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C.CAZES.
Entretien accordé à l'occasion du Congrès 2002 de l'OECF.
www.laprofessioncomptable.com
1.3. Sites Web
de référence
www.aicpa.org www.toptentechs.com www.cica.ca www.camagazine.com www.iasc.org.uk
accounting.rutgers.edu/raw/fasb www.ifac.org |
www.cpajournal.com www.cpa2biz.com www.electronicaccountant.com www.pwcglobal.com www.ey.com www.kpmg.com www.journaldunet.com |
2. DISPONIBLE EN
IMPRIME
2.1. Mémoires
d'expertise comptable
§
Cédric
LAVEDRINE. Conditions de mise en œuvre et perspectives pour les nouveaux médias
dans un cabinet d'expertise comptable ; Plus qu'un choix technologique, un
choix de management. Novembre 1997.
§
Bruno MALATRAY.
La technologie Internet au service de l'information et de la communication dans
la profession comptable ; Analyse des capacités d'un extranet à vocation
comptable dans l'accès et la diffusion de l'information. Novembre 1998.
§
Patrick GENEIX.
Le cabinet d'expertise comptable de l'an 2000 ; Nouvelles technologies
d'information et de communication ; Enjeux et conséquences pour les
experts-comptables. Mai 1998.
§
Guy de CIBON.
Internet : outil de travail pour les experts-comptables ; D'une utilisation
courante d'Internet vers la mise en place d'un cabinet d'expertise comptable
virtuel. Mai 1999.
§
Iskander
MARRAKCHI. L'audit des comptes au vue de l'évolution des technologies de
l'informatique. Juin 1999.
§
Islem RIDANE.
Audit dans un environnement high-tech d'information continue. Octobre 2001.
2.2. Ouvrages
§
Conseil
Supérieur de l'OEC – CNCC (France). Portrait de la nouvelle économie. 4ème
Trimestre 2000.
§
OEC – CNCC (France). Carnet de route ; Congrès ambition 2010. Septembre
2000.
§
Frédéric ALIN,
Denis LAFONT, Jean François MACARY. Le projet intranet ; De l'analyse des
besoins de l'entreprise à la mise en œuvre des solutions. Eyrolles. 1998.
§
Trites, G. Enterprise Resource Planning ; Engine for e Business. Canadian Institute of Chartered Accountants. 2000.
2.3. Articles
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Technologies de l'information : positionnement de la profession comptable et
les NTIC. 4ème Colloque International de l'ITEC. Mai 2003.
§
A. YAICH. La
profession comptable et les NTIC. La journée de l'expert. Mai 2001.
§
G. Mc GREGOR. Le
professionnel comptable face à l'explosion des technologies de l'information.
Congrès Mondial de Comptabilité. 1997.
§
M. RICHER. En
quoi les nouvelles technologies changent-elles la fonction comptable ? Congrès
Mondial de Comptabilité. 1997.
§
S. YABLONSKY.
Non, la profession comptable n'est pas celle des fabricants de bougie du début
du siècle ! Congrès Mondial de Comptabilité. 1997.
§
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professionnel comptable : figure de proue de la gestion des systèmes
d'information. Congrès Mondial de Comptabilité. 1997.
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C.K. PRAHALAD, V. RAMASWANY. Mon client est
très compétent ! L'expansion Management Review. Septembre 2000.
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L'entreprise numérique. Revue Française de Gestion. Août 2000.
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Travail autonome : des volontaires et des involontaires ; Vers de nouvelles
formes de pratiques entrepreneuriales. Gestion. Volume 24. Numéro 4. Hiver
2000.
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P. GERMAK.
WebTrust : une marque de confiance pour le commerce électronique sur Internet.
Revue Française de Comptabilité. Mai 1999.
§
E. TORT.
Progiciels de gestion intégrés pour la PME-PMI ; Aspects comptables,
analytiques et budgétaires. Revue Française de Comptabilité. Janvier 2001.
3. Autres
§
CD ROM.
Interventions du XXème Congrès de l'O.E.C.T. Octobre 2002.
-
H. JOUABER. "Les nouveaux Business
Models", Congrès de l'O.E.C.T. Octobre 2002.
§
La stratégie de
l'Enseignement Supérieur dans le cadre du Xème Plan. Document interne du
Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la
Technologie. Octobre 2002.
GLOSSAIRE
ASP (Application
Service Provider)/ FAH (Fournisseur d'Application Hébérgée) |
Société fournissant des services ou des
applications par l'intermédiaire d'un site Internet. L'utilisateur n'a besoin
généralement que d'un client léger, comme un navigateur. Les hébergeurs qui
se lancent dans ce type de service doivent combiner des centres disposant
d'infrastructures de haute sécurité physique et logique, avec des services de
pointe en matière de disponibilité. |
B to B (business to business) |
Relation liant des partenaires
professionnels (clients/fournisseurs). |
B to C (business to consumer) |
Relation liant des professionnels à leurs
clients particuliers. |
BPR (Business Process Reengineering) |
Méthode de reconfiguration des procédures
d’affaires. Remise en cause fondamentale et redéfinition radicale des
processus opérationnels pour obtenir des gains spectaculaires au niveau des
facteurs clés de success. L’EDI ou le commerce électronique sont souvent
l’occasion d’une redéfinition des modalités d’échange d’information tant à
l’intérieur de l’entreprise qu’avec son environnement. |
Browser/ Navigateur |
Client web. Logiciel de navigation sur le
web. Exemples : Microsoft Internet Explorer, Netscape Navigator, Amaya,
Opera. |
CRM (Customer
Relationship Management)/ GRC (Gestion de la Relation Client) |
Processus visant à établir avec le client
une meilleure identification de ses besoins, une personnalisation des
réponses à ses attentes et la création de relations d'apprentissage,
débouchant sur sa fidélité. |
Data Mart |
Sous-ensemble d'un datawarehouse
regroupant les données communes à une entité et / ou à un sujet spécifique
d'une entreprise et / ou d'une organisation.Ce terme est utilisé pour
désigner un ensemble de données se rapportant à un métier de l'entreprise.
Les datamart d'une entreprise forme un datawarehouse. |
Data Mining |
Analyse statistique : Ensemble de
techniques et de méthodes permettant la découverte de schémas d'informations
(typologies, corrélations, tendances…) cachés dans de grandes bases de
données. Concrètement, c'est un procédé logiciel qui permet d'extraire des
informations commercialement pertinentes à partir d'une base de données
marketing. |
Data-warehouse |
Entrepôt de données : Base de données
logique unique regroupant l'ensemble des informations d'une entreprise. |
EbXML (Electronic business XML (eXtensible Markup Language)) |
Cadre pour l'usage de XML dans le
e-business, depuis l'enveloppe des messages jusqu'à la sémantique. |
EDI (Electronic Data
Interchange/ Echange de données informatisées) |
Mécanisme d'échange électronique
d'informations (commandes, ordres…) entre agents économiques basé sur la
norme internationale UN/ EDIFACT. |
e-Learning |
Le e-learning est un mode d'apprentissage
qui tire parti de l'usage des technologies de l'information et de la
communication (e- pour électronique) à tous les niveaux de l'activité de
formation. Il désigne plus particulièrement un dispositif de formation dont
les principaux objectifs peuvent être définis comme l'autonomie
d'apprentissage, la formation à distance, l'individualisation des parcours de
formation et le développement de relations pédagogiques en ligne. |
ERP (Enterprise
Ressource Planning)/ PGI (Progiciel de gestion intégré) |
Progiciels de gestion intégrés, c'est à
dire qui couvrent les principales fonctions de l'entreprise : administration
des ventes, approvisionnement, fabrication et stocks, comptabilité, paie et
gestion du personnel…Les principaux éditeurs mondiaux d'ERP sont SAP, Baan,
Oracle, PeopleSoft. |
FAQ (Frequently
Asked Questions/ Foire Aux Questions) |
Explication de points essentiels ou
délicats, réponses aux questions souvent posées. |
Firewall/ Mur
coupe-feu |
Un logiciel qui contrôle les accès au
réseau depuis l'extérieur. Il est le premier maillon, et en principe le plus
solide, de la chaîne de protection des systèmes informatiques. Système conçu
pour que les utilisateurs d'un réseau local d'entreprise aient accès aux
ressources d'Internet, mais qui empêche les internautes d'entrer dans le
réseau sans autorisation. |
Forums de discussion |
Espace virtuel de discussion où chaque
participant peut poster une contribution et lire toutes celles des autres. En
américain : les news, les newsgroups. Les forums peuvent être publics (les
newsgroups d'internet) ou privés (les forums d'une entreprise). |
Groupware |
Le "groupware" recouvre le
principe du travail en réseau (partage des informations) permis par un outil
informatique à la fois centralisé (base de données sur un serveur) et
décentralisé (postes de travail pour une alimentation/consultation par
chacun). |
HTTP (HyperText Transfer Protocol) |
Un protocole permettant le transfert
d'informations entre les serveurs web et les navigateurs. |
Infogérance |
Organisation visant à confier à un tiers
la gestion de tout ou partie du système d'information de l'entreprise. |
Knowledge Management |
Gestion consciente, coordonnée et
opérationnelle de l'information et du savoir-faire de l'entreprise. Sa
finalité est essentiellement "orientée clients" et nécessite des
outils de type "groupware" puis "intranet". |
LAN (Local Area Network) |
Décrit un réseau local de PC (dans un
bureau par exemple). |
Newsletter |
Message électronique envoyé régulièrement
par un site Web à ses abonnés. Outil interactif de fidélisation utilisant la
technique Push. |
Pull |
Par cette technique, l'internaute réclame
le contenu ou l'information qu'il veut visualiser. C'est le principe du web. |
Push |
L'abonné à un service de push reçoit
automatiquement toutes les informations. C'est l'inverse du principe du web. |
Serveur |
Programme délivrant des informations en
répondant à des demandes (requêtes), Ordinateur conçu pour accueillir des
programmes serveurs. Un serveur Web est un programme serveur permettant
d'envoyer des pages Web et d'autres documents par l'intermédiaire du
protocole HTTP. |
TCP (Transmission Control Protocol)/ IP (Internet Protocol) |
Principaux protocoles régissant la
transmission d'informations sur Internet. Protocoles non propriétaires. Principal protocole de contrôle de
transmission "par paquets" utilisé pour l'Internet. |
WAN (Wide Area Network) |
Réseau comprenant des liaisons distantes,
par exemple à l'échelle d'un pays ou
intercontinentales. |
Webcast |
C'est l'action d'émettre sur Internet de
l'information en continu. Cette information est interactive comme dans les
pages Web, mais s'anime comme à la télévision. Le Webcast est une technologie
Push. |
Workflow |
Méthode de travail privilégiant la
gestion des flux d'information : les applications de workflow permettent de
faire circuler de manière rationnelle les informations sur lesquelles
interviennent plusieurs personnes de l'entreprise. |
XBRL (Extensible Business Reporting Language) |
Version du langage XML (pour eXtensible
Markup Language) conçue expressément pour l’information financière et
d’entreprise. XBRL a été élaboré par l’ICCA, l’AICPA ainsi que d’autres
organismes professionnels et diverses entreprises afin de permettre
l’utilisation d’Internet dans l’information financière et d’entreprise. |
ANNEXE 1
Entretien
avec
Monsieur
Ahmed BELAIFA
Président
du Conseil de l'Ordre des Experts-Comptables de Tunisie
Sofiane GARGOURI : D'après vous, les (N)TIC sont-elles une opportunité ou une
menace pour notre profession ?
Ahmed BELAIFA : Les deux à la fois. D'une part, ces
technologies créent plusieurs opportunités nouvelles pour la profession,
surtout en matière d'audit et d'intégration des systèmes d'information. D'autre
part, elles permettent à des intervenants nouveaux sur le marché de nous
concurrencer sur notre champ de compétence initial, en l'occurrence l'expertise
(technique comptable). Dans ce contexte, nous n'avons plus le choix : nous
devons saisir les opportunités qui se présentent. Sinon, les nouveaux
concurrents les saisiront et finiront par entamer notre part de marché
actuelle.
SG : Ainsi, à votre avis, notre profession doit réagir
stratégiquement à l'irruption des nouvelles technologies. Quels sont les rôles
que l'Ordre assume ou pourra assumer dans le cadre d'une telle démarche
stratégique ?
AB : D'abord, la réflexion sur l'impact des nouvelles
technologies sur les travaux des experts-comptables doit perdurer et
s'amplifier. Nous prévoyons dans ce cadre de créer un comité ad-hoc dédié à ce
sujet. Ensuite, partant des conclusions de ce comité et des expériences des
pays nord-américains et de la France, il faudra élaborer un plan d'actions pour
l'intégration des nouvelles technologies par la profession.
SG : Quels seront les grands axes de ce plan d'actions ?
AB : A mon avis, ces axes tourneront autour de la formation,
initiale et continue, de la promotion des produits et de l'accompagnement des
membres.
SG : Quelles mesures concrètes d'accompagnement des
membres l'Ordre pourra-t-il prendre ?
AB : Les possibilités sont vraiment nombreuses. D'abord,
l'Ordre a déjà aidé plusieurs cabinets à mettre en place des programmes de mise
à niveau. Il est évident qu'une grande partie de ces programmes se rapporte aux
technologies de l'information et de la communication. Ensuite, nous pouvons
aider les membres à travers notre stratégie de communication : édition de
plaquettes et de dépliants, organisation de rencontres avec les parties
prenantes, dynamisation du site Web, etc. Nous pouvons également informer les
membres de l'existence d'outils (logiciels, méthodologies, etc) d'intégration
des technologies ou carrément leur procurer de tels outils. La coopération avec
des organismes étrangers et internationaux tels que le FMI ou la Banque
Mondiale peut nous être d'un grand apport dans le domaine de l'accompagnement
des membres.
SG : Vous avez placé les alliances au premier rang des
éléments à prendre en compte dans la mise en oeuvre de la stratégie de
développement de notre profession. Quelles sont les principales réalisations et
les projets futurs sur ce plan ?
AB : Nous avons conclu des conventions de jumelage avec les Ordres français régionaux de Paris et de Lyon. Une autre convention avec l'Ordre régional de Marseille est en cours de finalisation. Par ailleurs, nous tenons à capitaliser sur les accords conclus par l'Etat tunisien avec des organismes tels que le FMI ou la Banque Mondiale. Pour ce qui est de l'alliance avec l'université, nous sommes en train d'étudier la possibilité de conclure des conventions de partenariat et de parrainage avec certaines universités étatiques et privées.
SG : Pouvez-vous nous préciser la nature ou le
contenu de ces conventions ?
AB : Par exemple, nous envisageons d'accréditer l'ISCAE en
tant qu'institution agréée par l'Ordre aux fins de la préparation du diplôme
d'expertise comptable. Cette procédure devrait se faire conformément à l'IEP 1
(International Education Paper) : "Recognition of Pre-Certification
Education Providers By IFAC Member Bodies" qui vient d'être adoptée en
décembre 2002 par le Comité d'Education de l'IFAC. Sinon, les autres accords
porteront surtout sur la mise à la disposition du centre de formation de
l'Ordre de formateurs, de contenus, de supports pédagogiques et de moyens
logistiques. En tous cas, d'ici à l'entrée en activité de ce centre, la commission
de la formation et des stages multipliera les contacts ; d'un coté avec les
universités étatiques où les experts-comptables participent activement aux
conseils scientifiques, et d'un autre avec les universités privées qui
présentent par rapport à leurs homologues étatiques l'avantage d'un contact
plus facile et de procédures de travail plus souples.
SG : Envisagez-vous de
mettre en place un processus de formation continue obligatoire ? Si oui,
quelles sont les étapes accomplies pour atteindre cet objectif ?
AB : Actuellement, les professionnels sont soumis à
l'obligation de consacrer 40 heures par an à leur formation. Toutefois,
l'application rigoureuse de cette obligation nécessite au préalable la mise en
place au profit des membres d'un processus de formation continue. Dans ce
cadre, le centre de formation de l'Ordre, qui s'appellera l'IFPC (Institut de
Formation Professionnelle Comptable), devrait être opérationnel au mois
d'octobre prochain et le programme de formation est dans les dernières phases
de finalisation. Nous prévoyons également de développer une norme relative à la
formation en comptabilité inspirée des standards de l'IFAC.
SG : Quelle importance accordez-vous à la spécialisation
et à la certification des compétences spécialisées ?
AB : La certification des compétences spécialisées compte
parmi les éléments qui nous ont incité à créer l'IFPC. Dans un environnement où
les attentes des clients deviennent de plus en plus pointues, nous ne pouvons
plus tergiverser : nous devons nous spécialiser. En plus, si nous ne nous
décidons pas très vite à prendre les nouvelles parts de marché, les concurrents
nous les prendront et nous attaqueront là où nous les attendons le moins. Je
pense ici notamment à l'audit des sécurités informatiques, rendu obligatoire
pour les établissements publics. Pour nous préparer à saisir de telles
opportunités, nous proposerons dans le cadre de l'IFPC des diplômes ou des
certificats spécialisés, non seulement en audit des systèmes d’information,
mais également en fiscalité, en conseil en gestion, etc.
SG : Envisagez-vous d'intégrer les nouveaux services liés
aux technologies de l'information et de la communication et notamment ceux
développés par l'AICPA et l'ICCA ? Si oui, dans quels délais et avec quelles
mesures concrètes ?
AB : Bien sûr. D'ailleurs, notre volonté de souscrire au
label de certification international WebTrust nous a incité à accélérer la mise
en place du centre de formation. Partant de cette volonté, nous avons établi de
multiples contacts avec l'AICPA, l'ICCA et l'association Webtrust France
(regroupant l’OEC et la CNCC). Nous sommes également très intéressés par le
programme SysTrust, surtout dans la perspective imminente d'une croissance de
la demande des audits de la sécurité informatique.
SG : A votre avis, comment pourra-t-on améliorer
l'accessibilité de notre profession pour les étudiants brillants provenant
d'autres filières et notamment celles liées aux technologies ?
AB : C'est un objectif qui nous tient vraiment à cœur. Pour
y parvenir, je pense qu'il faudra s'inspirer des modules déjà en place
composant le CES de Révision Comptable pour concevoir des certificats distincts
et dissociés par lesquels chaque étudiant devra compléter sa formation selon la
filière dont il provient. Bien sûr, ces certificats devraient avoir une
orientation plus généraliste que les modules de la Révision Comptable. Ils
pourraient couvrir les trois domaines suivants : Comptabilité et reporting
financier, Fiscalité et droit des affaires, Economie et gestion. A mon avis,
l'obtention de tels certificats devrait précéder l'admission des étudiants de
filières "non comptables" à passer le CES de Révision Comptable afin
de leur assurer un maximum de chances de réussite. D'ailleurs, ces étudiants
pourraient préparer et passer lesdits certificats en parallèle avec le stage
réglementaire.
SG : Notre profession
vit actuellement une crise d'identité à son intérieur et de pouvoir
d'attraction envers l'extérieur (c'est du moins ce qui ressort de l'étude
stratégique de développement de la profession disponible sur le site de
l'OECT). Cette situation aura-t-elle un impact négatif sur sa capacité à
intégrer les nouvelles technologies ?
AB : Au contraire. A mon avis, cette situation délicate
devrait favoriser une remise en cause salutaire dans plusieurs domaines
stratégiques ; en quelque sorte, un sursaut face à un danger imminent. Entre
autres réactions, une intégration rapide et réussie des technologies de
l'information et de la communication par la profession contribuerait largement
à rassurer les professionnels et à reconquérir le public.
ANNEXE 2
Entretien
avec
Monsieur
Hassen MZALI
Conseiller
auprès du Ministre de l'Enseignement Supérieur,
de
la Recherche Scientifique et de la Technologie
Sofiane GARGOURI : Selon la stratégie de développement de
la profession d'expert-comptable (site Web de l'OECT), "un contact
permanent et rapproché avec l’université devrait nous donner la possibilité de
développer l’aspect formation des professionnels et des stagiaires". Quelles
relations l'Université entretient-elle actuellement avec les instances de la
profession ? Quel avenir pour ces relations ?
Hassen MZALI : A l'heure actuelle, les contacts se
limitent à la participation des experts-comptables aux Conseils scientifiques
des établissements universitaires enseignant la comptabilité. Il va de soi que
l'Université joue un rôle important à l'égard de votre profession en assurant
la formation initiale des étudiants destinés à la profession. Toutefois, la
relation de l'Université avec les instances professionnelles dont l'OECT
devrait évoluer vu l'importance stratégique que nous accordons à l'ouverture de
l'Université sur le marché du travail et à l'adéquation entre les formations
proposées par l'Université et la demande émanant de ce marché.
SG : Quid du rôle de l'Université dans la formation
continue ?
HM : Concernant votre profession, l'Université assure les
cours du soir qui feront prochainement l'objet d'une réforme vers le modèle
d'une formation professionnalisante vu la population des étudiants qui suivent
ces cours. Cette réforme est destinée à assurer aux maîtrisards du cours du
soir des chances de réussite au CES de Révision Comptable. Sinon, notre
intervention dans la formation continue doit tenir compte d'une certaine marge
de manœuvre à laisser aux organismes agréés de formation professionnelle.
Enfin, je tiens à préciser que notre stratégie attribue prioritairement aux
établissements universitaires privés la tâche du développement de la formation
continue.
SG : Existe-t-il des programmes particuliers de
partenariat entre l'Université et notre profession surtout que l'Ordre est en
train de mettre en place un programme et un centre de formation ?
HM : Ces partenariats font partie de notre vision
stratégique du développement de l'enseignement supérieur. Toutefois, dans le
cadre de notre politique de décentralisation, nous laissons aux établissements
universitaires la latitude de conclure ce genre de conventions avec les
professionnels. Pour ce qui est de la formation continue, il est clair que ces
conventions seront conclues surtout avec les universités privées. Au delà des
conventions formelles, les partenariats peuvent revêtir plusieurs aspects
informels. Concernant votre profession, ce type de partenariat est assez ancien.
Par exemple, moyennant des contrats "expert", les experts-comptables
sont parmi les rares professionnels à être admis à enseigner à l'Université
sans avoir de grade ou titre universitaire. Dans ce cadre, nous prévoyons d'ici
la fin du Xème plan que 50% des volumes horaires des mastères
spécialisés (DESS) sera assuré par des professionnels. Par ailleurs, le fait
d'exiger des stages de fin d'étude validés par des professionnels est également
une forme de partenariat.
SG : Etes-vous pour le maintien du diplôme
d'expertise comptable sous l'égide du Ministère de l'Enseignement Supérieur ou
pour sa transformation en diplôme purement professionnel ? Pourquoi ?
HM : Personnellement, je pense que l'implication de
l'Université procure au diplôme une meilleure crédibilité. Par exemple, la
participation des universitaires aux commissions et jurys est un gage
d'objectivité. Je ne veux pas par là mettre en doute le sérieux de vos
instances professionnelles, mais simplement souligner les avantages du modèle
actuel basé sur une séparation des tâches et une coordination entre les
instances professionnelles et celles académiques.
SG : Quels sont les
nouveaux diplômes que l'Université tunisienne délivre ou projette de délivrer
en liaison avec les technologies de l'information et de la communication ?
HM : L'université délivre depuis longtemps des formations
en informatique et en informatique de gestion. Depuis la création des pôles
technologiques, ces formations sont enrichies par des filières en
communications, en multimédias et en informatique appliquée. Au cours du Xème
Plan, la création de filières liées aux nouvelles technologies de l'information
et de la communication se poursuivra dans le cadre d'une politique de
réorientation des formations vers les filières prometteuses.
SG : Comment pourra-t-on dégager le passage vers le
diplôme d'expert-comptable au profit d'étudiants brillants d'autres filières
désireux de rejoindre notre profession ?
HM : La souplesse du système et la transversalité des
parcours universitaires comptent également parmi nos priorités. Le décret
2002-1976 a constitué un grand acquis dans ce domaine. L'année universitaire en
cours a vu pour la première fois l'inscription au CES de Révision Comptable de
maîtrisards en gestion et économie, en droit et de titulaires du diplôme
national d'ingénieur. L'évaluation de cette première expérience permettra de
préciser les modalités et les conditions de la formation complémentaire à
laquelle ces étudiants sont assujettis.
SG : Est-il envisageable d'intégrer les technologies de
l'information et de la communication dans le déroulement des examens et
notamment de l'épreuve de Révision Comptable à l'instar du CPE aux Etats Unis
(poste de travail et accès Internet pour chaque candidat) ?
HM : Nous n'en sommes pas encore là. Plusieurs phases
restent à accomplir pour arriver à une intégration aussi poussée des
technologies. Toutefois, je pense qu'il est du ressort des instances
professionnelles de prendre des initiatives et de formuler des propositions
afin de concrétiser des projets de ce type.
SG : Quels sont les réalisations et les projets à
venir dans le domaine e-Learning ?
HM : Créée début 2002, l'UVT vient le 17 février 2003 de
démarrer ses cours. Dans un premier temps, une expérience pilote est menée aux
ISET (Instituts Supérieurs des Etudes Technologiques) avec deux modules :
français et introduction à la gestion. A la fin du Xème Plan, les
objectifs assignés à l'UVT sont principalement les suivants : couverture de 20%
des contenus des filières prioritaires par l'enseignement non présentiel, 20
000 étudiants inscrits à l'UVT (10 000 en formation initiale et 10 000 en
formation continue) qui dispensera une vingtaine de cursus à travers 540
modules d'enseignement. Afin d'atteindre ces objectifs, il faudra surtout
promouvoir l'industrie des contenus pédagogiques grâce à des outils tels que
les pôles technologiques et des pépinières d'entreprises innovantes.
ANNEXE 3
Entretien
avec
Monsieur
Sami ZAOUI
Expert-Comptable.
Associé AMC Ernst & Young
Sofiane GARGOURI : A votre avis, notre profession
doit-elle réagir stratégiquement à l'irruption des nouvelles technologies ou
miser sur l'autorégulation du marché et de l'économie ? Pourquoi ?
Sami ZAOUI : Si notre profession ne réagit pas de
manière stratégique à l'irruption des nouvelles technologies, elle risque de
perdre beaucoup de temps, d'être vite dépassée par son environnement et ses
concurrents. Plus nous réagirons tardivement, plus l'adaptation se fera sous
l'effet de l'urgence ; ce qui diminuera notre marge de manœuvre et les moyens
que nous pourrons mettre en œuvre. Par ailleurs, une approche stratégique
présente le mérite de confirmer la conscience du problème, d'être une approche
positive et rationnelle nous permettant également de peser les coûts et les
avantages et de définir à l'avance les pré requis de l'adaptation à notre
environnement futur.
SG : Dans ce travail, nous proposons deux axes
stratégiques de réaction : Surveiller et anticiper la demande du marché et
Actualiser nos connaissances et nos compétences. Quels commentaires ou
suggestions donneriez-vous par rapport à ces deux axes ?
SZ : Concernant le premier axe, il faut insister sur le
fait que les solutions nouvelles en systèmes d'informations et de
communications ne doivent pas être imposées aux clients. Outre le fait que ces
solutions sont coûteuses, un échec dans leur mise en œuvre peut avoir des
conséquences désastreuses. L'adoption de telles solutions doit résulter
naturellement de changements organisationnels introduits par des dirigeants
convaincus de l'apport des technologies et de la pertinence des solutions
adoptées. A mon avis, la réussite des projets de systèmes d'information et de
communication passe nécessairement par des changements au niveau de
l'organisation, des méthodes de management et des mentalités. Concernant le
deuxième axe, il nécessite la mise en œuvre d’une approche structurée et
ciblée, afin que les efforts faits pour acquérir (ou actualiser) les
connaissances répondent effectivement aux besoins, et ne se dispersent pas.
SG : Quels sont selon vous les éléments de mise en
œuvre de ces axes stratégiques applicables individuellement à chaque
expert-comptable ou cabinet d'expertise comptable ?
SZ : A mon avis, la stratégie d'intégration (ou de non
intégration) des nouvelles technologies devrait varier sensiblement d'un
cabinet à l'autre. L’élément-clé de cette stratégie est, ou du moins devrait
être, la réponse à un besoin clairement identifié et bien compris. Il s’agit
bien entendu d’un besoin exprimé par le cabinet, pour améliorer la qualité du
service rendu à son client. Parmi les critères permettant d’identifier les
cabinets qui pourraient développer une stratégie d’intégration, il y a la
taille du cabinet et de ses clients et son domaine d'activité prépondérant. Par
exemple, l'effet du partage des connaissances permis par les nouvelles
technologies (productivité, réactivité auprès des clients, etc.) se voit
nettement plus dans un cabinet de 40 personnes que dans un cabinet de 4
personnes.
SG : Quelle est l'expérience de votre cabinet en matière
d'intégration des nouvelles technologies ?
SZ : Notre cabinet fait partie d'un réseau international.
L'intégration des nouvelles technologies est un élément important de notre
stratégie dans la mesure où ces technologies nous permettent d'être mieux
connectés au réseau. Plus qu'au niveau de la gestion interne du cabinet,
l'apport des nouvelles solutions technologiques se situe au niveau de la
qualité de la prestation. L'accès aux ressources du réseau international nous
permet en effet d'améliorer la valeur ajoutée de nos missions du point de vue
du client.
SG : Vous avez dit que les technologies vous permettent
d'être mieux connectés au réseau. Pouvez vous expliquer ceci plus concrètement
?
SZ : Nous sommes connectés via une liaison VPN (réseau privé
virtuel) à une base de connaissances regroupant les ressources du réseau
international EY : rapports, notes méthodologiques, propositions, etc. Outre
les ressources documentaires, cette base de connaissances nous donne accès à
des outils standard du réseau (téléchargement des dernières versions de
logiciels métiers utilisés par le réseau). Par ailleurs, nous avons mis en
place un site Web afin d'améliorer la communication avec nos clients. Ce site
(www.ey.com/tn) est accessible depuis le site de EY worldwide. Enfin, nous
sommes partie prenante de Tax Online, qui est un Intranet permettant de fournir
des services de consultation juridique et fiscale, entre membres du
réseau.
SG : Quelles sont les mesures de sécurité que vous avez
prises en raison de l'ouverture de votre réseau local aux collaborateurs
d'abord, à certains partenaires ensuite et au monde entier (Internet) enfin ?
SZ : D'abord, chaque collaborateur est tenu de signer un
engagement de confidentialité relativement aux ressources documentaires du
cabinet et du réseau EY. Ensuite, la connexion à Internet (traitement du
courrier et autres services Web) se fait via le serveur de Londres et bénéficie
des mesures de sécurité mises en œuvre par ce serveur. La liaison VPN que nous
utilisons permet de créer un tunnel virtuel à travers Internet et de connecter
deux segments externes du réseau. Les deux réseaux internes situés derrière les
segments externes sont protégés par des Firewalls. Les paquets de données
transportés dans le tunnel sont cryptés et les données sont authentifiées au
niveau des points terminaux du tunnel. Enfin, la sauvegarde des données
contenues dans les ordinateurs portables des collaborateurs obéit à des règles
strictes. Par exemple, seuls les dossiers en cours peuvent être gardés sur les
portables.
SG : Quels sont les services que vous offrez ou comptez
offrir prochainement en relation avec les nouvelles technologies ?
SZ : Ces services se concentrent plutôt dans le domaine du
conseil. Il s'agit du conseil en systèmes d'information et surtout des ERP :
définition des besoins, élaboration de cahiers des charges, choix des
solutions, accompagnement. En matière de Risk Management, nous proposons à nos
clients l'évaluation des risques liés au système d'information, l'élaboration
de plans de sécurité et de plans de continuité, etc.
SG : Quels sont à
votre avis les écueils que pourrait rencontrer une approche professionnelle
stratégique du problème de l'intégration des nouvelles technologies ?
SZ : Je pense que le marché tunisien ne justifie pas
actuellement une généralisation d’une approche professionnelle d’intégration
des nouvelles technologies, eu égard notamment au niveau d'informatisation des
entreprises. Ce problème se sent à tous les niveaux de notre environnement.
Notre pays a encore de gros progrès à faire dans le domaine des technologies de
l'information et de la communication. Enfin, le coût est un obstacle de taille
à l'intégration des technologies ; car les solutions innovantes sont toujours
chères et l'amortissement de leurs coûts de développement nécessite souvent
plusieurs années. La décision d'investir dans de telles solutions doit être
longuement réfléchie et les objectifs poursuivis bien définis.
ANNEXE 4
Contrôles-type permettant d'assurer le respect des
principes SysTrust
C P |
documentation et définition |
procédures |
surveillance |
disponibilité |
- Consignés par écrit, les objectifs,
politiques et normes de disponibilité du système, ont été communiqués aux
utilisateurs autorisés. - Les objectifs, politiques et normes de
disponibilité du système sont conformes aux exigences stipulées à cet égard
dans les contrats, accords juridiques et autres ententes sur le niveau de
service, de même qu’aux lois et règlements applicables. |
- L’acquisition, la mise en oeuvre, la
configuration et la gestion des composantes du système reliées à sa
disponibilité sont conformes aux objectifs, politiques et normes de
disponibilité consignés par écrit. - Les dispositions prises pour assurer la
continuité du service touchent les erreurs de traitement mineures, la
destruction partielle de fichiers et les interruptions majeures du traitement
susceptibles de compromettre la disponibilité du système. |
- La disponibilité du système fait
l’objet d’un examen périodique et est comparée avec les exigences des
utilisateurs autorisés stipulées à cet égard dans les contrats, accords
juridiques et autres ententes sur le niveau de service. - Une procédure est en place pour
identifier les défaillances potentielles du système pouvant empêcher de
satisfaire les objectifs, politiques et normes de disponibilité du système,
et pour prendre les mesures appropriées. - Les modifications environnementales et
technologiques font l’objet d’un suivi et leur impact sur la disponibilité du
système est évalué de façon périodique en temps opportun. |
sécurité |
- Consignés par écrit, les objectifs,
politiques et normes de sécurité du système ont été communiqués aux
utilisateurs autorisés. - Les objectifs, politiques et normes de
sécurité du système sont conformes aux exigences stipulées à cet égard dans
les contrats, accords juridiques et autres ententes sur le niveau de service,
de même qu’aux lois et règlements applicables. |
- L’acquisition, la mise en oeuvre, la
configuration et la gestion des composantes du système liées à sa sécurité
sont conformes aux objectifs, politiques et normes de sécurité du système
consignés par écrit. - Des procédures sont en place pour
identifier et authentifier tous les utilisateurs autorisés à accéder au
système. - Des procédures sont en place pour
restreindre l’accès aux fichiers sur support de stockage hors ligne aux
utilisateurs autorisés. - Des procédures sont en place pour
protéger les points d’accès externes contre les accès logiques non autorisés. - Des procédures sont en place pour
protéger le système contre les virus, les codes malveillants et les logiciels
non autorisés. - Des procédures sont en place pour assurer la séparation des fonctions incompatibles dans le système par
l’entremise d’autorisations de sécurité. - Des procédures sont en place pour
protéger le système contre tout accès physique non autorisé. |
- Les performances en matière de sécurité
du système font l’objet d’un examen périodique et sont comparées avec les
besoins des utilisateurs autorisés, qui sont consignés par écrit, et avec les
exigences stipulées dans les contrats, les accords juridiques et les autres
ententes sur le niveau de service. - Une procédure est en place pour
identifier les défaillances potentielles du système pouvant empêcher de
satisfaire les objectifs, politiques et normes de sécurité du système, et
pour prendre les mesures appropriées. - Les modifications environnementales et
technologiques font l’objet d’un suivi et leur impact sur la sécurité du
système est évalué en temps opportun. |
intégrité |
- Consignés par écrit, les objectifs,
politiques et normes d’intégrité du traitement système ont été communiqués
aux utilisateurs autorisés. - Les objectifs, politiques et normes
d’intégrité du traitement système sont conformes aux exigences stipulées à
cet égard dans les contrats, accords juridiques et autres ententes sur le
niveau de service, de même qu’aux lois et règlements applicables. |
- Des procédures sont en place pour
assurer que le traitement effectué par le système est complet, exact, rapide
et autorisé. - Les procédures relatives à l’intégrité
du traitement de l’information liées aux sorties de données sont conformes
aux exigences d’intégrité du traitement système consignées par écrit. - Des procédures sont en place pour
assurer le suivi des entrées de données, depuis leur source jusqu’à leur
traitement final, et inversement. |
- Les performances du système en matière
d’intégrité du traitement font l’objet d’un examen périodique et sont
comparées avec les exigences des utilisateurs autorisés en la matière
consignées par écrit, et avec celles stipulées dans les contrats, accords
juridiques et autres ententes sur le niveau de service. - Une procédure est en place pour
identifier les défaillances potentielles du système pouvant empêcher de
satisfaire les objectifs, politiques et normes d’intégrité du traitement
système, et pour prendre les mesures appropriées. - Les
modifications environnementales et technologiques font l’objet d’un suivi et
leur impact sur l’intégrité du traitement système est évalué en temps
opportun. |
maintenabilité |
- Consignés par écrit, les objectifs,
politiques et normes de maintenabilité du système ont été communiqués aux
utilisateurs autorisés. - Les objectifs, politiques et normes de
maintenabilité du système sont conformes aux exigences stipulées à cet égard
dans les contrats, accords juridiques et autres ententes sur le niveau de
service, de même qu’aux lois et règlements applicables. |
- Les ressources disponibles pour assurer
la maintenance du système correspondent aux besoins des utilisateurs
autorisés ainsi qu’aux objectifs, politiques et normes de maintenabilité. - Des procédures pour gérer, planifier et
consigner par écrit tous les changements prévus au système sont appliquées
aux modifications des composantes du système afin d’assurer que la
disponibilité, la sécurité et l’intégrité du système demeurent conformes aux
objectifs, politiques et normes consignés par écrit. - Des procédures sont en place pour
assurer que seules les modifications autorisées, testées et consignées par
écrit sont apportées au système et aux données connexes. - Des procédures sont en place pour
communiquer les modifications prévues et apportées au système aux
gestionnaires et aux utilisateurs autorisés. - Des procédures
sont en place pour permettre et contrôler la mise en œuvre de modifications
d’urgence. |
- Les performances en matière de
maintenabilité du système font l’objet d’un examen périodique et sont
comparées avec les besoins de maintenance des utilisateurs autorisés qui sont
consignés par écrit, et avec les exigences stipulées dans les contrats,
accords juridiques et autres ententes sur le niveau de service. - Une procédure est en place pour
identifier les défaillances potentielles du système pouvant empêcher de
satisfaire les objectifs, politiques et normes de maintenabilité du système,
et pour prendre les mesures appropriées. - Les modifications environnementales et
technologiques font l’objet d’un suivi et leur impact sur la maintenabilité
du système est évalué en temps opportun. |
ANNEXE 5
Illustration
des innovations introduites par les Ordres provinciaux canadiens
dans
le cadre de la réforme du processus d'agrément des CA
««Bienvenue chez Ashby Cohen», annonce Susan
Ashby, associée directrice, à des étudiants qui visitent le cabinet pour la
première fois. Ashby Cohen ressemble à n’importe quel autre cabinet
d’experts-comptables — il compte plusieurs associés, un responsable de mission,
du personnel administratif et toute une variété de clients. Mais ce cabinet n’a
pas pignon sur rue, car il s’agit d’un cabinet virtuel sur Internet, un
portail. Il vise à donner aux étudiants de l’Atlantic School of Chartered
Accountancy l’occasion d’appliquer leurs connaissances dans un milieu de travail
simulé. C’est une sorte de "terrain d’entraînement" pour les futurs
CA.
À l’autre bout du pays, dans l’Ouest,
des stagiaires comme Devawn Ramos, de Terrace (C.-B.), constatent que des
changements similaires sont apportés au programme d’agrément des CA dans leur
région. Devawn, mère de deux enfants et employée du cabinet local McAlpine
& Co., est inscrite à un programme de 24 mois où, dans le cadre de modules
de 10 semaines, le matériel didactique est distribué et évalué sur Internet et
appliqué ultérieurement dans des ateliers interactifs d’une durée de trois
jours.
Jusqu’ici,
dans le cadre de ses études à la CA School of Business (CASB), Devawn a agi à
titre de conseillère financière d’entreprises fictives en phase de démarrage,
comme Natalee’s Gourmet Foods, dont elle a suivi la transformation en société
par actions en deux années seulement. Elle a préparé des états financiers,
évalué des contrats de société et examiné les conséquences fiscales de la
constitution en société. Elle a aussi développé des compétences plus poussées
en élaborant un plan antisinistre pour une autre entreprise fictive, Restaurant
Supplies, et en a amené une autre, Western Canadian Environmental Systems Ltd.,
à faire un appel public à l’épargne. »
Ces passages sont
tirés de l'article de Fina SCROPPO intitulé "Evaluation globale" et
paru en octobre 2002 dans CA Magazine. Dans cet article, l'auteur rapporte
également les témoignages :
§ des
stagiaires, qui apprécient la souplesse et la flexibilité de
l'apprentissage interactif en ligne ainsi que les sentiments d'autonomie et de
confiance en soi procurés par les simulations ; sans oublier les gains en
pertinence, utilité et efficacité dus à une approche basée sur les compétences.
§ des
employeurs, qui dépassent peu à peu leur perplexité initiale. Ils
apprécient la plus grande disponibilité des collaborateurs ainsi que l'aspect
pratique et réel du programme.
§ des
concepteurs du nouveau processus de formation et d’évaluation, pour qui
ce processus d'agrément plus attrayant et plus pertinent devrait permettre
d'attirer les meilleurs éléments.
[1] Selon le site www.journaldunet.com
[2] A. YAICH. "La profession comptable et les NTIC". Communication prononcée à l'occasion de La journée de l'expert. 2 mai 2001.
[3] La France vient d'instituer un régime de Validation des Acquis d'Expérience au profit des personnes ayant des compétences sans avoir de diplôme.
[4] D'après A. YAICH. Intervention ITEC 2003.
[5] Enterprise Resource Planning. En français, Progiciels de Gestion Intégrés.
[6] Ou ASP : Application Service Provider.
[7] Les états financiers trimestriels de CISCO Systems sont arrêtés en une journée et publiés sur son site Internet six jours après la fin du trimestre.
[8] Notion plus large et plus souple que celle d’information financière incluant les informations fournies dans un rapport annuel.
[9] Editorialiste de VendrEDI, newsletter gratuite dont l'abonnement peut être souscrit à l'adresse www.xbrl.fr
[10] D'après Trites, G. Enterprise Resource
Planning ; Engine for e Business. Canadian Institute of Chartered Accountants.
2000.
[11] Chapitre 2, Section 3, Sous-section 1 ci-après.
[12] Le WorldWide Web utilise la technique "Pull", une page n'étant fournie que lorsqu'un browser la réclame.
[13] CSOECF – EDIFICAS. Enjeux, problématique et risques ASP. Version 1.0. Juillet 2001.
[14] Ce paragraphe et le paragraphe suivant s'inspirent en partie du mémoire de Iskander MARRAKCHI. L'audit des comptes au vue de l'évolution des technologies de l'informatique. Juin 1999.
[15] Paragraphe 2 ; Section 1 ci-dessus (page 10).
[16] Les développements ci-après s'inspirent de (H. JOUABER. "Les nouveaux Business Models", Congrès de l'O.E.C.T. Octobre 2002.) et de (Thomas A. JESWALD. Internet-Based Business Models and the Practice of I-O Psychology. Society for Industrial and Organizational Psychology. Octobre 2000.)
[17] D'après H. JOUABER. "Les nouveaux Business Models", Congrès de l'O.E.C.T. Octobre 2002.
[18] Adresse Web provisoire : www.cimpftest.nat.tn. Adresse prévue (non encore opérationnelle à fin avril 2003) : www.teledeclaration.finances.gov.tn.
[19] Institués par la loi des finances pour la gestion 2001.
[20] D'après le rapport annuel (2001) du Conseil Supérieur de l'OEC.
[21] cpri.matrixlinks.ca/CPRIoverview.html.
[22] Beverley BRENNAN, ex Présidente du Conseil de l'ICCA, dans une allocution prononcée au forum de l'OCDE sur la stratégie et la politique. Amsterdam. Juin 1999.
[23]
Les développements
ci-après s'appuient sur le document AICPA-ICCA. Principes et critères WebTrust pour le commerce électronique entre
entreprises et consommateurs. Version 2.0 (octobre 1999) / Version 1.1 (juillet 1999). Le nom WebTrust
fait l’objet d’une marque déposée par l’ICCA, et d’une marque de service
(service mark) par l’AICPA.
[24] Observation effectuée vers la mi-2001.
[25] Selon P. REMOND. "Les sites marchands français incapables de décrocher le label WebTrust". Article publié en avril 2001 sur le site www.journaldunet.com.
[26] Les développements ci-après
s'appuient sur le document AICPA-ICCA. Systrust. Principes et critères de
fiabilité des systèmes (Exposé-sondage). 2000. L'AICPA a fait enregistrer le
nom "SysTrust" comme marque déposée et marque de service (service
mark) aux États-Unis, et l'ICCA l'a fait enregistrer comme marque déposée au
Canada.
[27] AICPA-ICCA. SysTrustMD
— Principes et critères de fiabilité des systèmes. Version 2.0. La présente
section se réfère essentiellement à ce document.
[28] Même si l’intégrité du système et l’intégrité des données sont inter reliées, la mission SysTrust vise essentiellement l’intégrité du système qui n’implique pas automatiquement que les données stockées dans ce système sont complètes, exactes, actuelles et autorisées. La mission SysTrust étant axée sur les contrôles, le praticien ne recueille habituellement pas assez d’éléments probants pour pouvoir fournir le niveau d’assurance requis pour une vérification de l’intégrité des données.
[29] Le rapport peut ne pas porter sur tous les principes
SysTrust. Dans ce cas, il doit mentionner les principes qui n’ont pas été
couverts par la vérification.
[30] Les deux paragraphes composant cette sous-section s'inspirent en partie du mémoire de Islem RIDANE. Audit dans un environnement high-tech d'information continue. Octobre 2001.
[31] SysTrust et d'autres nouveaux services sont étudiés en détail dans le deuxième chapitre de cette première partie.
[32] Voir Partie 1/ Chapitre 1/ Section 1/ 1. La montée en puissance des ERP.
[33] La trilogie intranet, extranet et Internet sera définie avec plus de précision dans le deuxième chapitre de la deuxième partie (Section 1 : Infrastructure et organisation du cabinet).
[34] Elaborée conjointement par l'AICPA et l'ICCA dans le cadre de leurs programmes respectifs de certification des compétences spécialisées.
[35] Selon le rapport conjoint AICPA – ICCA :
Managing Risk in the New Economy.
[36] A l'époque Vice-Président du bureau de Paris de Mercer Management Consulting (cabinet international de conseil en stratégie).
[37] Conseil Supérieur de l'OEC – CNCC (France). Portrait de la nouvelle économie. 4ème Trimestre 2000.
[38] Selon la définition de "vision" avancée par le rapport définitif du Groupe de travail pancanadien sur la vision de la profession (1996).
[39] Cet objectif peut être détaillé comme suit : promouvoir la valeur ajoutée des missions actuelles, améliorer la manière dont cette valeur ajoutée est perçue par les clients actuels, développer une perception globale et extensive de la relation client et mettre la gestion de la relation client au centre des préoccupations de la profession et de ses composantes.
[40] Cet objectif peut être détaillé comme suit : suivre et analyser en permanence l'état de satisfaction de la demande client, garder une communication étroite et permanente avec toutes les composantes du marché, anticiper l'évolution des besoins de la clientèle et formuler en permanence de nouvelles offres de service.
[41] D'après C.K. PRAHALAD, V. RAMASWANY. Mon client est très compétent ! L'expansion Management Review. Septembre 2000.
[42] D'après C.K. PRAHALAD, V. RAMASWANY. Mon client est très compétent ! L'expansion Management Review. Septembre 2000.
[43] Bob ANGEL. Gérer la relation client. CA Magazine. Février 2002.
[44] Voir ci-après Chapitre 2, Section 1 : Infrastructure et organisation du cabinet.
[45] D'après camagazine.com. On ne naît pas bon vendeur. CA Magazine. Octobre 2002.
[46] Cet objectif peut être détaillé comme suit : intégrer de manière non équivoque les (N)TIC dans les compétences de base des professionnels de la comptabilité, mettre en application la norme IEG 11 de l'IFAC et communiquer efficacement sur les efforts entrepris en matière de (N)TIC.
[47] Cet objectif peut être détaillé comme suit : sensibiliser les membres à l'importance des connaissances et compétences à l'égard de toute stratégie professionnelle, les sensibiliser à la nette accélération du rythme de renouvellement du savoir, à ses motivations et ses conséquences et veiller à doter les membres et les instances de la profession des moyens, notamment pédagogiques et technologiques, nécessaires à mettre en œuvre l'auto-formation.
[48] Voir le chapitre 2 de cette partie/ section 3/
paragraphe 3 : "Standardiser les missions et les compétences".
[49] A. YAICH. L'éducation
supérieure en comptabilité. www.profiscal.com/Etudiants/conseils_pedagogiques.htm
[50] Le directeur de l'office
d'analyse et de prévision à l'UNESCO, cité par A. YAICH dans un article
intitulé "Réussir ses études et bien se préparer à exercer la profession
d'expert-comptable". www.profiscal.com/Etudiants/conseils_pedagogiques.htm
[51] Knowledge Management pour les anglo-saxons
[52] D'après OEC – CNCC (France). Carnet de route ; Congrès ambition 2010. Septembre 2000. Atelier : le système d'information permanent orienté client en cabinet d'expertise (Azur/ RC&A).
[53] Frédéric ALIN, Denis LAFONT, Jean François MACARY. Le projet intranet ; De l'analyse des besoins de l'entreprise à la mise en œuvre des solutions. Eyrolles. 1998.
[54] D'après Frédéric ALIN, Denis LAFONT, Jean François MACARY. Le projet intranet ; De l'analyse des besoins de l'entreprise à la mise en œuvre des solutions. Eyrolles. 1998.
[55] Cédric LAVEDRINE. Conditions de mise en œuvre et perspectives pour les nouveaux médias dans un cabinet d'expertise comptable ; Plus qu'un choix technologique, un choix de management. Novembre 1997.
[56] Utilisation en ligne : tenir compte des coûts de l'abonnement Internet et du temps de connexion.
[57] D'après Cédric LAVEDRINE. Conditions de mise en œuvre et perspectives pour les nouveaux médias dans un cabinet d'expertise comptable ; Plus qu'un choix technologique, un choix de management. Novembre 1997.
[58] Louis-Jacques FILION. Travail autonome : des volontaires et des involontaires. Vers de nouvelles formes de pratiques entrepreneuriales. Gestion. Volume 24. Numéro 4. Hiver 2000.
[59] A l'origine, ce terme désignait spécifiquement les travailleurs autonomes du secteur des communications.
[60] Nous avons relevé ce terme pour la première fois dans l'ouvrage de Frédéric ALIN, Denis LAFONT, Jean François MACARY. Le projet intranet ; De l'analyse des besoins de l'entreprise à la mise en œuvre des solutions. Eyrolles. 1998. Ce paragraphe s'inspire en partie de cet ouvrage.
[61] Quels métiers pour quelle justice ? Document disponible à l'adresse http://www.senat.fr
[62] Ministre de La Justice français à l'époque.
[63] Etude élaborée par la Commission de Développement de la Profession relevant du Conseil de l'OECT. Voir ci-après l'introduction de la section 3.
[64] www.oect.org.tn/oec_etudes.htm
[65] Allocution de M. Jamel SASSI, Secrétaire Général du Conseil de l'Ordre et Commissaire Général du Congrès 2002.
[66] En France, le Conseil Supérieur de l'OECF disposait en septembre 2001 de 82 collaborateurs permanents dont 9 diplômés d'expertise comptable.
[67] Selon le site de l'ICCA : http://www.icca.ca/index.cfm/ci_id/643/la_id/2.htm
[68] La stratégie de développement de la profession parle d'Etudier la possibilité de créer en partenariat avec l’université, dans le cadre du centre de formation de l’Ordre, des diplômes ou des certificats spécialisés.
[69] Selon des sondages récents réalisés après la vague de scandales financiers déclenchée par l’affaire ENRON. Par exemple, celui réalisé par The National Federation of Independent Business et Wells Fargo en août 2002.
[70] Contrôle des cabinets professionnels par des entités commerciales de service qui visent en premier lieu les missions de conseil à forte valeur ajoutée.
[71] Connecter les compétences – Hommes, Techniques, Langages. Montpellier. Octobre 2002.
[72] Etude "Axes stratégiques du développement de notre profession". www.oect.org.tn/oec_etudes.htm
[73] D'après Fina SCROPPO. Évaluation globale. CA Magazine. Octobre 2002.
[74] Document interne du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie (octobre 2002).
[75] D’après Nick KIRTON, Président du Comité sur la Formation et l’Admission de l’ICCA cité par
Fina SCROPPO. Évaluation globale. CA Magazine. Octobre 2002.
[76] Cité par Fina SCROPPO. Évaluation globale. CA Magazine. Octobre 2002.
[77] A. YAICH. Ouvrir les études d'expertise comptable aux autres diplômés de l'enseignement supérieur. Editorial RCF 53. 3ème trimestre 2001.
[78] "La stratégie de l'Enseignement Supérieur dans le cadre du Xème Plan". Document interne du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie (Octobre 2002).
[79] L'Europe a mis en place un standard de formation comparable à celui des Etats-Unis avec trois niveaux : Bac+3 (Bachelor), Bac+5 (Master) et Bac+8 (Doctorat).
[80] Expression utilisée par C.CAZES, Président du CSOECF, dans un entretien accordé à l'occasion du Congrès 2002 au site laprofessioncomptable.com
[81] A. YAICH. Ouvrir les études d'expertise comptable aux autres diplômés de l'enseignement supérieur. Editorial RCF 53. 3ème trimestre 2001.
[82] http://www.infocom.tn/statistiques/menu_stat.htm. Les données se rapportent à l'année 2001.